Audeh : Le chef de l’État doit s’occuper des chrétiens

Le métropolite de Beyrouth Élias Audeh a exhorté dimanche le président Émile Lahoud, «qui exerce sa fonction parce qu’il est chrétien maronite, à s’occuper des chrétiens comme d’autres s’occupent de leur propre communauté». Dans son homélie prononcée à l’occasion de la messe de Pâques, célébrée dans l’église de Mar Mitr à Achrafieh, Mgr Audeh a notamment déclaré, en allusion aux dernières manifestations prosyriennes : «Je ne comprends pas qu’on emprisonne des gens sans défense alors qu’on ferme les yeux sur l’action d’autres gens qui profèrent des menaces, ne jurent que par notre président bien-aimé, tout en brandissant des haches». «Je ne peux pas croire que notre président (de la République) donne son aval à de tels actes», a-t-il dit avant de poursuivre : «Où sont donc les valeurs ? Quant aux tracts lancés ici et là et dont le but est de semer la discorde entre les chrétiens, ils sont l’œuvre de personnes à qui l’unité du pays importe peu (…)». Et le métropolite d’ajouter : «Comment permet-on à des gens masqués de manifester devant le siège de l’Unesco ? (…) N’est-ce pas une honte pour le pays ? Celui qui veut distribuer un communiqué n’a pas peur. Nous connaissons des personnes, dont nous ne partageons peut-être pas l’avis, mais qui ne se cachent pas quand elles décident de publier un tract». «D’aucuns parlent de confessionnalisme et constatent que les partisans de ceux qui tiennent des discours ostentatoires sur le confessionnalisme occupent tous les départements de l’administration», a déclaré Mgr Audeh, ajoutant : «Ils affirment ainsi être responsables de leurs communautés. Pour cette raison, je demande au président de la République, qui exerce sa fonction en tant que chrétien maronite, de s’occuper des chrétiens comme d’autres s’occupent de leur propre communauté». Le prélat grec-orthodoxe a déploré le «galvaudage» de la coexistence. «Je ne vais pas entrer dans les détails de ce qui se passe dans certaines administrations. Je constate simplement que ce pays ne veut pas d’honnêtes gens dans l’administration (…). Au contraire, on traite de tous les noms le fonctionnaire honnête qui ne répond pas aux demandes qui lui sont adressées quand elles s’opposent à sa conscience. Est-ce ainsi qu’on procède à la réforme ?», s’est demandé Mgr Audeh.