Raid - Le Liban informe l’Onu et met en garde contre une « confrontation régionale » - Réunion urgente du Conseil de la Ligue arabe samedi au Caire

La Ligue arabe va réunir samedi au Caire son Conseil ministériel à la demande du Liban et de la Syrie, après le raid israélien contre des objectifs militaires syriens en territoire libanais. Beyrouth a par ailleurs adressé un message au secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, le mettant en garde contre «l’escalade dangereuse» amorcée par Israël. Lundi, le chef de l’État Émile Lahoud avait évoqué le risque d’une «confrontation générale». Des sources de la Ligue arabe ont fait part hier de la décision de convoquer le Conseil de la Ligue arabe et affirmé que cette réunion «urgente» se tiendra au niveau des délégués permanents auprès de l’organisation interarabe, qui compte 22 membres. Le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud a indiqué que le Liban entendait «expliquer à (ses) frères arabes les détails de l’agression israélienne et réclamer l’application des résolutions prises il y a deux semaines lors du sommet d’Amman, qui stipule que toute agression ou menace israélienne contre le Liban et la Syrie est considérée comme une agression contre tous les pays arabes». M. Hammoud a par ailleurs indiqué avoir demandé à la communauté internationale, dans une lettre envoyée lundi au secrétaire général de l’Onu, de «dissuader» Israël de lancer de nouvelles attaques au Liban. «Nous sommes désormais habitués au langage menaçant d’Israël, mais nous ne ferons absolument aucun compromis sur nos droits (...) avec l’appui de la position arabe et de celles des pays amis», a-t-il assuré. «J’ai adressé un message écrit à M. Annan pour lui exposer les détails de l’attaque israélienne et pour lui rappeler le rôle que doit jouer l’Onu pour obliger Israël à mettre un terme à ses agressions répétées contre le Liban. En poursuivant ses attaques, Israël amorce une escalade dangereuse pour la région, c’est ce message que le Liban veut faire passer aux pays amis et à l’ensemble de la communauté internationale», a déclaré le chef de la diplomatie, à l’issue d’une série de réunions qu’il a tenues hier avec les ambassadeurs de Russie, de France et de Grande-Bretagne, ainsi qu’avec des représentants des pays arabes, des membres de l’Organisation de la conférence islamique, de l’Union des pays asiatiques ainsi que de l’Union européenne. L’ambassadeur russe, Boris Bolotine, a expliqué à sa sortie du palais Bustros qu’il avait déjà transmis à son administration la position officielle du Liban. «La Russie considère que les derniers développements dans la région sont très inquiétants, elle appelle toutes les parties à la plus grande retenue et leur demande de mettre un terme à de telles opérations qu’elles jugent inacceptables et particulièrement inquiétantes», a déclaré M. Bolotine, renvoyant ainsi dos à dos le Hezbollah et Israël. Philippe Lecourtier, ambassadeur de France, a pour sa part qualifié ce qui s’est passé dans la nuit de dimanche à lundi de «très grave». «Nous sommes inquiets et nous observons avec la plus grande attention ce qui se passe au Liban et qui s’inscrit dans un cadre particulièrement compliqué», a ajouté M. Lecourtier. Il a précisé que son pays était certainement concerné par la recherche de toute solution qui réduirait la tension dans la région, que ce soit à travers les canaux diplomatiques ou que ce soit à travers les actions menées conjointement avec les autres pays européens ou avec les États-Unis. De son côté, l’ambassadeur britannique Richard Kinchen a indiqué avoir communiqué à M. Hammoud «l’inquiétude» de son pays à la suite des derniers développements. «Il est clair que le gouvernement britannique est particulièrement inquiet, non seulement après ce qui s’est passé à Dahr el-Beïdar, mais aussi suite à l’attaque menée contre les fermes de Chebaa et pour tout ce qui se déroule dans les territoires palestiniens». L’ambassadeur du Qatar, Mohammad ben Ali al-Noaimi, doyen des ambassadeurs arabes, tous présents hier au palais Bustros, a «condamné» quant à lui l’attaque israélienne et lancé un appel à la communauté internationale «afin qu’elle intervienne pour obliger Israël à mettre un terme à la guerre qu’elle mène contre le peuple palestinien». Enfin, M. Hammoud s’est entretenu au téléphone avec l’ambassadeur des États-Unis David Satterfield qui avait rencontré lundi le chef de l’État et le Premier ministre Rafic Hariri.