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Actualités - ANALYSES

La compression des dépenses officielles à l’ordre du jour

Présentée depuis belle lurette, la proposition de loi Abbas Hachem-Farid Makari (du nom des deux députés qui mènent campagne pour l’assainissement des mœurs politiques), qui dormait du sommeil du juste dans les douillets tiroirs de la présidence de la Chambre, est à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Ce texte prévoit, comme on sait, la suppression des indemnités des anciens présidents ou parlementaires, ainsi que la révision à la baisse des émoluments des dirigeants, comme modeste contribution de leur part à la compression des dépenses publiques. Cet effort est destiné, sinon à sauver un Trésor en perdition, du moins à le soulager de charges somptuaires qui représentent 1,4 % du budget. L’équivalent de crédits alloués à des ministères considérés comme mineurs. Étant donné que certains anciens députés connaissent des temps difficiles et représentent à tout prendre des cas sociaux, M. Makari suggère, en marge de sa proposition de loi, qu’ils soient pris en charge par les nantis de la corporation députative. Pour que personne ne se sente humilié, le représentant du Nord suggère que ces favorisés de la fortune renoncent à leurs traitements au profit nominal du Trésor qui les verserait alors aux nécessiteux concernés. Il souligne qu’en tout état de cause, quand on en vient à réduire le gaspillage, les représentants du peuple sont censés donner l’exemple. Pour que l’amère pilule des privations à venir soit mieux gobée par les fonctionnaires, appelés à leur tour à sacrifier une partie de leurs royalties. De son côté, le commandement de l’armée a fait un geste, les primes dites de guerre (chaque année d’active comptant pour trois) n’entrant plus dans le compte des indemnités de fin de service ou de retraite. Le commandant en chef de l’armée, le général Sleiman, a d’ailleurs reçu à ce propos les chaleureux remerciements du président du Conseil, M. Rafic Hariri. Parallèlement, et toujours dans le cadre des efforts déployés pour endiguer une hémorragie financière qui se fait mortelle, le PDG de la MEA, M. Mohammed Hout, a annoncé qu’il sacrifie 30 % de ses traitements, pour les rabaisser au modeste montant de 10 000 dollars par mois. Un exemple que nul autre cadre de cette flamboyante compagnie, et encore moins des autres services dits publics, ne s’est empressé de suivre. Pour tout dire, un certain effort est déployé pour empêcher que la réforme ne s’arrête au coup de balai donné dans le domaine de l’information officielle par le ministre compétent, M. Ghazi Aridi. Or, ce risque, malgré les signaux positifs, reste réel. Rien n’empêche l’histoire de se répéter, tout comme cela s’est produit sous le précédent gouvernement. Dont le chef, M. Sélim Hoss, écrit en toutes lettres dans son récent ouvrage Vérité et histoire que «les opérations de limogeage et de mise à disposition des fonctionnaires se sont arrêtées sur intervention de piliers du système influents, appuyés régionalement». On peut difficilement laisser entendre plus clairement que ce sont certains pôles du pouvoir eux-mêmes, soutenus par les décideurs, qui ont fait capoter la tentative d’épuration hossienne. L’ancien président du Conseil n’hésite d’ailleurs pas à mettre les points sur les i, en ajoutant : «L’éviction de certains hauts fonctionnaires qui sont des hommes liges de ces pôles d’influence s’est révélée impossible. On peut de la sorte signaler que nous ne sommes pas parvenus à effectuer un changement à la tête d’une grande institution, car le président en place bénéficiait de la protection d’une partie syrienne. De même nous n’avons pas pu désigner un nouveau conseil d’administration pour une autre institution importante dans laquelle l’État est partie prenante, car un de ces pôles d’influence a opposé son veto à la nomination de deux personnalités dont nous avions posé la candidature pour la présidence de ce conseil». Allant encore plus loin, M. Hoss écrit que «des fuites ont eu lieu au sujet des nominations. L’on a ménagé dans les choix la part du président de la Chambre. Ce n’est pas moi qui l’avais consulté ou tenté d’obtenir son avis ; mais le président de la République». Or, si le gouvernement a changé de président, les «entraveurs» pour leur part restent solidement en place. M. Hariri peut-il réussir là où son prédécesseur a échoué ? Le président du Conseil affirme devant ses visiteurs que la machine de la réforme est lancée et ne s’arrêtera pas. Le régime appuie fermement cette option. Cependant, dans les salons politiques, les paris sont ouverts.
Présentée depuis belle lurette, la proposition de loi Abbas Hachem-Farid Makari (du nom des deux députés qui mènent campagne pour l’assainissement des mœurs politiques), qui dormait du sommeil du juste dans les douillets tiroirs de la présidence de la Chambre, est à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Ce texte prévoit, comme on sait, la suppression des indemnités...