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Actualités - CHRONOLOGIES

MUSIQUE - Melissa Walker au « Blue Note » jusqu’au 13 avril - Voix de tête

Le Blue Note est le seul bastion du jazz à Beyrouth et personne n’a pu encore le détrôner. Tout simplement parce qu’il a su garder, au fil des années, son cachet de «club» à l’image de ceux qu’on peut trouver aux États-Unis et en Europe : un petit espace aux murs couverts d’affiches, aux lumières tamisées, au confort relatif – mais qui s’en préoccupe ? Ici, pas question de décoration alambiquée et monstrueuse, de musique d’ascenseur assourdissante et d’ambiance ultramondaine insipide. Comme les grandes, mais pas tout à fait Il s’agit simplement d’écouter du jazz, du vrai, de voir d’excellents musiciens jouer, heureux, les yeux fermés, et d’entendre une salle réagir et applaudir, sans timidité et sans complexes. À part des programmations locales de très bonne qualité, le Blue Note puise à la source du jazz, c’est-à-dire aux États-Unis. Il «repêche» des musiciens découverts dans leur élément, les «clubs» de New York et d’ailleurs. Ceux qui se produisent jusqu’au 13 avril ne sont pas à manquer : Tex Allen, compositeur et trompettiste, revient pour la deuxième fois, accompagné, sur ses recommandations, d’une jeune chanteuse à la voix chaude, Melissa Walker. Une tête bien pleine, qui est passée par des études de droit à l’Université de Brown : «Nous nous sommes rencontrés en 1993, raconte-t-elle. Je chantais à l’“Irradium” et Tex Allen m’a entendue. Et il m’a écrit une chanson». Une collaboration qui n’a pas cessé, et un respect mutuel évident. Si le public du Blue Note connaît déjà le talent du trompettiste, il découvre avec stupéfaction une voix féminine qui lui rappelle facilement celles des grandes : Sarah Vaughan, Dinah Washington, Billie Holiday. Une belle voix grave que ses parents ont découverte très tôt et ont laissée s’épanouir. «J’ai commencé à prendre les choses au sérieux au collège, dit-elle. J’ai pris, et je prends toujours, des cours de solfège et de pose de voix classique, le reste s’est fait tout seul». Melissa Walker apprend en chantant «comme les grandes», tout en apprenant à forger sa propre personnalité musicale. Moment important dans sa carrière : la découverte d’Eartha Kitt, artiste impressionnante de Broadway, qui l’a inspirée dans son travail de la voix. «En fait, j’ai développé mon style en réalisant mes limites, voire mes faiblesses». « Chansons consistantes » Melissa Walker a récemment commencé à écrire pour les compositions qu’elle interprète, comme par exemple pour Portrait of Equinox de John Coltrane ou Love Is de Tex Allen : «“Love Is” raconte tout ce que je n’ai pas pu dire aux enfants du collège où j’enseignais, poursuit-elle. Ce sont des paroles plutôt spirituelles, comme une profession de foi». Le jazz, ici ou dans sa terre d’origine, est en voie de disparition. Les «chansons consistantes», pour reprendre les mots de Tex Allen et de Melissa Walker, sont rares. Selon eux, «moins de 3% des programmes et des festivals américains concernent le jazz». Et d’ajouter : «C’est un milieu où il faut tout faire par soi-même et surtout être passionné». Deux puristes au Blue Note, c’est à ne pas manquer. On regrette simplement que la sonorisation du club ne soit pas à la hauteur de la voix magnifique de Melissa Walker. Il vaut donc mieux être le plus près possible de la scène.
Le Blue Note est le seul bastion du jazz à Beyrouth et personne n’a pu encore le détrôner. Tout simplement parce qu’il a su garder, au fil des années, son cachet de «club» à l’image de ceux qu’on peut trouver aux États-Unis et en Europe : un petit espace aux murs couverts d’affiches, aux lumières tamisées, au confort relatif – mais qui s’en préoccupe ? Ici, pas...