Correspondance - Georges Fouad Boutros - Un crack mondial des transactions technologiques

WASHINTON-Irène MOSALLI Il fait trembler le marché financier mondial de l’industrie technologique et sa cote est toujours au zénith. Avec lui, il n’est jamais question de fluctuations mais de «deals» purs et durs comme du ciment. Et c’est Wired, la plus notoire revue en matière de technologies nouvelles qui le dit. Il s’agit de Georges Fouad Boutros, actuellement responsable mondial des M&A de l’industrie technologique du Crédit Suisse First Boston et dont la personnalité et les exploits sont présentés dans un article de cinq pages intitulé «Shut up and deal !» (taisez-vous et négotiez !). C’est dire que ce Libanais de 4O ans, (marié, trois enfants et installé à San Francisco) n’y va pas par quatre chemins. En affaire, il n’a pas de temps à perdre. Ni hors des affaires non plus, car même quand il ne fait pas ses 18 heures de travail, il est toujours au bout du fil suivant ses contrats aux quatre coins du monde. Voici des extraits de l’article de Wired, qui révèle un banquier de calibre, opérant pour l’un des plus grands établissements monétaires du monde, le Crédit Suisse, dont la plus importante branche de M&A («Mergers and Acquisitions») pour l’industrie technologique se trouve en Californie, quartier général de Georges Boutros. «Boutros est célèbre dans la Vallée (à comprendre Silicone Valley), peut-on lire, surtout par sa volonté de finaliser un accord, coûte que coûte. Durant les cinq dernières années, il est devenu célèbre pour imposer des offres stupéfiantes, telle la vente de Xeros à Nortel Network pour 3, 3 milliards…Ceux qui ont été à la table des négociations avec lui évoquent son style très spécial. Il attaque ses adversaires de front en haussant le ton et en les critiquant. “Georges est des plus émotionnels dans un univers cartésien”, dit de lui un ponte des affaires. Un autre le décrit ainsi : “Il est au M & A ce que Tiger Woods est au golf”. Un instigateur et non un « broker » Lui et son équipe (70 spécialistes chevronnés âgés de 22 à 43 ans) disposent encore de beaucoup de ressources au moment où l’univers technologique se débat pour se consolider, ajoute l’auteur de l’article. Le secret de sa réussite ? Il est un instigateur et non un «broker». Intransigeant, féroce lorsqu’il mène un marché, Georges Boutros dira, «Je ne suis pas là pour être votre ami. Je suis là pour boucler une transaction pour mon client. Continuons ! » Quant au background de ce financier «intraitable», il est ainsi évoqué : «Né dans une grande famille libanaise, il pense qu’il a appris l’art du négoce dans les bazars qu’il a connus en grandissant… Son père, Fouad a été longtemps membre du Parlement, puis ministre des Affaires étrangères dans les années 80. Il a étudié dans une école française jusqu’en 1975». Puis ce fut un MBA à Berkeley University et plusieurs postes dans des plus prestigieuses firmes financières américaines, dont Morgan Stanley et Quattrone. Relevé encore dans cet article : «Contrairement à ses collègues de la Côte Est, il porte rarement une cravate et une veste, cependant il ressemble davantage à un banquier new- yorkais qu’à un ingénieur de la Silicone Valley. De toute façon il a tout de la “Old Money” et rien du nouveau riche… Entre autres, il est pour les pantalons sombres, les chemises Façonnable et la montre Audemars Piguet». Un de ses clients dit de lui : «C’est un véritable casse-pied, mais je suis ravi qu’il soit “mon casse-pied”»… L’un de ses adversaires compare leurs discussions à un match de Sumo… Et puis, «lorsqu’il est avec ses enfants, il est toute tendresse et toute gentillesse. On a peine à croire que c’est le même financier qui fait trembler son monde».