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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Réunion internationale à Byblos à l’initiative de l’Usek et de l’OSI - Au cœur de l’inconscient collectif, un débat sur l’image de l’autre

Le thème de «L’image de l’autre» a été abordé sous ses multiples facettes lors de la première journée du colloque organisé par la faculté de philosophie et des sciences humaines de l’Université Saint-Esprit de Kaslik et l’Institut autrichien des études est-sud-est européennes de Vienne (OSI), sous le patronage du président Émile Lahoud, représenté par le ministre des Télécommunications, M. Jean-Louis Cardahi. Le président Amine Gemayel a présidé la première table ronde au cours de laquelle la question de l’altérité a été traitée dans une optique sociologique, culturelle, pédagogique et psychologique. Durant la deuxième table ronde, présidée par l’ambassadeur de l’Autriche au Liban, M. Helmut Freudenschuss, cette question a fait l’objet d’une approche politique, économique et administrative. Aujourd’hui, et à partir de 9h 30 à l’amphithéâtre Abbé Emmanuel Khoury de la Maison paroissiale Saint-Jean-Marc de Byblos, c’est dans la religion, la philosophie et la littérature que les intervenants tenteront de trouver des réponses à la question de la perception et du rapport avec l’autre, qui se pose avec d’autant plus d’acuité à l’ère des transnationalismes et des replis identitaires. Lors de la séance d’ouverture, le doyen de la faculté de philosophie et des sciences humaines de l’Usek, le P. Georges Hobeika a explicité la raison d’être du colloque en mettant l’accent sur l’urgence de la problématique identitaire : «La question la plus cruciale sur laquelle butera immanquablement l’humanité ne sera prioritairement pas l’existence mais décidément la coexistence ; dans ce village planétaire, l’exacerbation des identités meurtrières sera une échéance incontournable», et sur celle de l’altérité : «Sans l’autre, dans ce qu’il est et par ce qu’il est, aurais-je pu exister ? Sans l’autre, sans le non-moi, aurais-je pu prendre conscience de ma propre identité ?». Le vice-président de l’OSI, M. Manfred Pittioni, a par la suite défini le rôle et l’objectif de l’Institut autrichien des études est-sud-est européennes de Vienne. Le P. Joseph Mouannès, recteur de l’Usek, a repris l’expression de Sartre «l’enfer c’est les autres» pour stigmatiser la dialectique du rapport avec autrui, qui serait vecteur de doutes et de questionnements mais surtout d’enrichissement. Le ministre des Télécommunications, M. Jean-Louis Cardahi, est revenu sur le choix de Byblos pour l’organisation de ce colloque. Cette ville, symbole de paix et de coexistence, constitue pour M. Cardahi un choix idéal pour un colloque qui vise, par-delà un thème-synthèse des droits de l’homme, le dépassement des conflits et l’instauration de la convivialité et de la paix. L’autre à travers l’espace et le temps Dans son intervention intitulée «Le Liban comme microcosme culturel : les multiples images de l’autre», le président Gemayel a abordé le thème de l’image de l’autre dans une perspective socio-historique du cas libanais qui, après avoir été un «laboratoire de procédés pour provoquer des conflits, peut redevenir un laboratoire de procédés pour rechercher des solutions à ces conflits». M. Antoine Messarra, professeur à l’Université libanaise, a considéré que «glorifier les 6 000 ans d’histoire ou les 10 452 km2 ou développer une idéologie transfrontalière et, en même temps, contester la viabilité de la coexistence ou susciter des appréhensions communautaires ne témoignent pas d’une connaissance profonde de la patrie libanaise». En d’autres termes, il s’agit de véhiculer la reconnaissance et le respect de l’autre au détriment de la culture de la négation et de l’élimination de l’autre. Et d’ajouter : «Pour inculquer la culture de la tolérance à la jeune génération, il ne suffit pas de réécrire l’histoire. Il faut aussi être crédible car, à notre époque, on ne peut plus endoctriner. La crédibilité est donc notre seule garantie». Dans le même créneau, celui de l’éducation, M. Melhem Khalaf, professeur à l’Université Saint-Joseph, a partagé avec l’assistance son expérience de la rencontre avec l’autre et celle des enfants qui participaient aux colonies de vacances qu’il organisait. Au terme de son intervention intitulée «L’image de l’autre dans la culture arabe», Tahar Labib, professeur à Paris et à Tunis, a conclu que dans la culture arabe, l’autre-ennemi est une notion qui remonte à une époque précise qui est celle de la décadence, et que quand une société a confiance en elle-même, elle n’a pas peur de l’autre et en conséquence, elle peut donc lui trouver des qualités. Ce fut ensuite au tour de Karin Kneissl, enseignante à l’Université de Vienne, correspondante au journal autrichien Di Welt, et coordinatrice du colloque, de comparer les notions de temps, d’espace et d’individu en Orient et en Occident. Mme Valéria Heuberger, chercheur à l’OSI, était la première à intervenir lors de la deuxième table ronde présidée par l’ambassadeur d’Autriche au Liban, M. Helmut Freudenschuss. Elle a étudié la question de l’image de l’autre dans le cas de l’ex-Yougoslavie, où la construction identitaire s’est faite à partir d’un jumelage du régional et du religieux. À son tour, M. Manfred Pittioni, vice-président de l’OSI, a analysé les «stéréotypes comme moteurs et obstacles des opérations économiques», dans le cas de l’empire ottoman et de l’empire austro-hongrois, au sein desquels le conservatisme, le repli identitaire et la peur de l’autre ont freiné les échanges économiques et parfois même les réformes et le développement. En dernier lieu, Fadia Kiwan, professeur à l’Université libanaise, s’est penchée sur la problématique de l’image de l’autre dans la vie publique. Elle a affirmé que «l’espace public est une invention de la modernité». Or la modernité se révèle dans l’État de droit où il y a respect de l’autre. Pour ce qui est du Liban, dont l’entrée en modernité a été ambiguë, il y a eu, selon Kiwan, reconnaissance de l’autre par la reconnaissance de la diversité communautaire, sans qu’il y ait détermination du champ au sein duquel le rapport citoyen-État s’exerce sans la médiation de la communauté. Ce flou dans le partage des compétences et des domaines a conduit à la «retribalisation» de la société. Il y a donc eu un «malentendu national», et au lieu qu’il y ait reconnaissance autour de l’espace public, ou lieu du pouvoir, il y a eu lutte pour son appropriation.
Le thème de «L’image de l’autre» a été abordé sous ses multiples facettes lors de la première journée du colloque organisé par la faculté de philosophie et des sciences humaines de l’Université Saint-Esprit de Kaslik et l’Institut autrichien des études est-sud-est européennes de Vienne (OSI), sous le patronage du président Émile Lahoud, représenté par le...