Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Le virus du sectarisme commence - à ronger la société civile

Observant le climat empoisonné qui a marqué les récentes élections de l’Ordre des médecins comme de la Confédération générale des travailleurs, des politiciens en vue s’inquiètent de voir le virus du sectarisme gagner la société civile. Et étendre le spectre d’un clivage confessionnel qui détruit les fondements mêmes de cette coexistence harmonieuse et de cette entente nationale qui conditionnent la survie de l’entité libanaise. Tirant les leçons politiques du «mal qui court», comme dit Audiberti, ces politiciens indiquent qu’il les raffermit dans leur détermination à faire échec au projet berriyiste de code électoral. Basé, comme on sait, sur la fusion en une seule circonscription, à l’échelon du pays, de tous les districts. En effet, selon ces personnalités, une telle formule «sonnerait le glas de la pluralité qui constitue la substance même du Liban. Car le Parlement qui en serait issu serait absolument monochrome par sa composition ethnopolitique. La majorité numérique, système que certains réclament depuis des années, signifie en clair la domination d’une ligne communautaire déterminée. Alors que la démocratie pluraliste assure la représentation, la participation au pouvoir décisionnel de l’ensemble des minorités dont se compose finalement la mosaïque libanaise. Ce n’est pas l’idéal certes, car en termes de civisme bien compris il faudrait que la démocratie soit l’expression d’une majorité d’ordre purement national et politique. Mais étant donné que ce pays ne s’est pas encore dégagé du carcan du confessionnalisme politique, tant s’en faut, il faut au moins tenter de ne pas aggraver les choses. L’une des causes principales du mal, enchaînent les sources citées, est la non-application de Taëf au niveau du système électoral. Pour assurer le brassage national et conforter la coexistence, cet accord conclu en 89 recommandait un découpage en base des mohafazats et une loi égale pour tous. Aucun des trois scrutins organisés depuis lors n’a respecté cette double règle. Aucun n’a été conçu pour permettre une vraie représentation des composantes du pays. Résultat des courses, on voit maintenant que même les élections au sein des corporations, jusque-là préservées, se trouvent contaminées. La démocratie recule nettement dans ce pays qui en était le porte-flambeau dans la région. Et elle serait définitivement gommée par le système du parti unique ou du courant monochrome, si l’on devait faire du pays une seule circonscription. Il faut revenir aux sources, au pacte d’entente, de participation et de vie en commun. En promulguant une loi électorale qui assure la représentation de tous, même si en apparence ce que l’on appelle le brassage national devait en souffrir. Un brassage qui du reste n’est qu’une simple illusion d’optique quand les députés ne représentent que leurs propres personnes ou leurs chefs de file et n’ont pas de liens avec les collectivités locales. Il est d’ailleurs préférable que les chrétiens et les musulmans élisent séparément leurs représentants. Pour qu’on cesse de voir des députés qui ne représentent pas leurs communautés mais sont pratiquement nommés par les chefs de file. Une tendance qui a commencé à poindre aussi dans les élections corporatives». Le juriste Edmond Naïm abonde dans ce sens. Il note que «l’article 24C (Constitution) édicte la parité entre chrétiens et musulmans à la Chambre, ainsi que la représentation proportionnelle des communautés et des régions. Ce texte entend traduire la réalité d’une société libanaise fondée sur deux volontés autonomes, l’islamique et la chrétienne. Il faut donc qu’il y ait à la Chambre un nombre égal de représentants de ces deux volontés. Si l’une des deux communautés doit avoir une influence dans l’élection de certains représentants de l’autre communauté, la réciproque proportionnelle doit être assurée au titre des équilibres, pour bien respecter cet article 24C». L’éminent constitutionnaliste recommande ensuite que les candidats à la candidature aux élections soient présélectionnés uniquement par les membres de leurs communautés respectives.
Observant le climat empoisonné qui a marqué les récentes élections de l’Ordre des médecins comme de la Confédération générale des travailleurs, des politiciens en vue s’inquiètent de voir le virus du sectarisme gagner la société civile. Et étendre le spectre d’un clivage confessionnel qui détruit les fondements mêmes de cette coexistence harmonieuse et de cette...