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Actualités - CHRONOLOGIES

AL-BUSTAN - Sumi Jo, soprano colorature découverte par Karajan, ce soir à 20h30 - Les ordres de la voix

C’est en 1986 qu’Herbert von Karajan propose à Sumi Jo, alors âgée de 24 ans, d’auditionner à Vienne pour le rôle d’Oscar dans Le bal masqué de Verdi. Elle avait été remarquée par le «maître» trois ans auparavant, en Italie, lors de sa première apparition sur scène dans le rôle de Gilda, la sœur de Rigoletto. Tout s’enchaîne très rapidement pour cette impressionnante chanteuse coréenne, arrivée en Italie à l’âge de 18 ans : «Jusqu’à mon départ pour l’Europe, j’ai reçu une éducation sévère et soutenue, autrement dit celle dispensée particulièrement en Chine, au Japon et en Corée, raconte-t-elle. Pendant 11 ans, je me suis levée à sept heures pour chanter avec ma mère qui m’accompagnait au piano, puis j’allais à l’école jusqu’à 22 heures. De retour chez moi, je travaillais mon solfège». Un rythme effréné, suivi par tous les Coréens, renforcé pour Sumi Jo par sa mère, qui destinait sa fille au chant, ambition qu’elle n’avait pas pu elle-même mener à bien à cause de la guerre. À sa majorité, la jeune femme décide, contre l’avis de ses parents qui voulaient l’envoyer achever ses études musicales aux États-Unis, de se rendre à Rome. «M’installer en Italie a été pour moi comme une véritable libération», assure-t-elle. Changement de registre Élève à Santa Cecilia, elle découvre qu’elle a travaillé jusque-là un registre de mezzo-soprano, alors que ses professeurs lui assurent qu’elle est tout à fait capable d’atteindre le registre des sopranos. Après trois mois de travail fastidieux et l’aide de cinq professeurs, Sumi Jo change de registre. Une transformation qu’elle tient à garder secrète, tout en confiant que «chaque voix se crée selon la personnalité propre du chanteur». Elle qui détestait dans sa jeunesse les voix aiguës, «parce que ma mère les écoutait sans cesse», la voilà parmi les rares sopranos coloratures d’aujourd’hui. Quelque temps après son interprétation de Gilda, Georg Solti la choisit pour interpréter, à Vienne, La Reine de la Nuit. Sensualité et romantisme Depuis 16 ans, avec le concours de son imprésario d’origine libanaise Antoine Sadaka, Sumi Jo se produit dans les plus grandes salles et son nom paraît aux côtés des plus grands : Solti et Karajan, mais aussi Zubin Mehta, Riccardo Chailly et Seiji Ozawa. «Une chanteuse selon moi vit comme une religieuse, explique-t-elle. La musique, la meilleure possible, est son unique mission». Un soprano léger assumant à la perfection le registre de colorature dramatique qui voue une affection particulière pour Gilda, «qui me ressemble un peu : une femme qui a vécu très protégée, naïve et innocente». En attendant de chanter, dans quelques années, le rôle de sa vie, «celui qui rassemble toutes les qualités qui me ressemblent et que j’aime» : celui de Violetta, l’héroïne «sensible, sensuelle, fragile et généreuse» de La Traviata. Pour l’orientation nettement française du programme de ce soir, Sumi Jo répond en assurant que «la langue française est synonyme de sensualité et de romantisme». Une «prima donna» à la voix de rêve, certainement la clé de voûte du festival. Son pianiste, Vincenzo Scalera, a aussi un parcours impressionnant : accompagnateur de Carlo Bergonzi, Montserrat Caballé, José Carreras, Renata Scotto, cet Italien né aux États-Unis a découvert son amour pour l’opéra à 10 ans. «Je suis tombé amoureux de Violetta après avoir été un fan des comédies de Broadway», raconte-t-il. Il explique son talent par «l’envie de travailler en équipe et de comprendre rapidement, lors d’une première rencontre avec un chanteur, ce qui le met à l’aise». Bref, deux grandes pointures pour une soirée qui s’annonce inoubliable. D.G. l Le programme (1h10 environ) se présentera comme suit : – Gioacchino Rossini (1792-1868), La Promessa, Mi lagnero tacendo, L’invito et La fioraia fiorentina ; – Claude Achille Debussy (1862-1918), Pantomime ; – Henri Duparc (1848-1933), Chanson triste ; – Charles Gounod (1818-1893), Sérénade ; – Leo Delibes (1836-1891), Chanson espagnole ; – Gioacchino Rossini (1792-1868), Le Barbier de Séville, Una voce poco fa : – Sir Henry Rowley Bishop (1786-1855), Lo ! Here the Gentle Lark ; – Felix Bartholdy Mendelssohn (1809-1847), Auf Flügeln des Gesanges ; – Eva Dell’Acqua (1866-1930), Villanelle ; – Giacomo Meyerbeer (1791-1864), Le Pardon de Ploërmel, Air de Dinorah, Ombre légère ; – Jacques Offenbach (1819-1880), Les Contes d’Hoffmann, Les oiseaux dans la charmille.
C’est en 1986 qu’Herbert von Karajan propose à Sumi Jo, alors âgée de 24 ans, d’auditionner à Vienne pour le rôle d’Oscar dans Le bal masqué de Verdi. Elle avait été remarquée par le «maître» trois ans auparavant, en Italie, lors de sa première apparition sur scène dans le rôle de Gilda, la sœur de Rigoletto. Tout s’enchaîne très rapidement pour cette...