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Actualités - CHRONOLOGIES

Ressources hydrauliques - Baisse dramatique des quantités disponibles au Proche-Orient - Plus de 70 % des sources libanaises sont polluées

Quelle eau buvons-nous ? C’est à la qualité de l’eau plutôt qu’à sa quantité, c’est au danger de l’eau contaminée sur la santé plutôt qu’au risque de ne bientôt plus pouvoir désaltérer la planète, c’est à tout cela que les Nations unies ont consacré cette Journée mondiale de l’eau 2001. Et quel pays mieux que le Liban pour débattre d’un tel sujet, un pays où l’eau polluée est devenue plus courante que l’eau propre ? Le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) a organisé hier une conférence de presse au cours de laquelle différents responsables ont abordé le sujet de «l’eau pour la santé», distribuant les prix aux élèves vainqueurs du concours lancé cette année par le Comité hydrologique national. La conférence de presse a été donnée par Mohammed Abdel Hamid Beydoun, ministre de l’Eau et de l’Électricité, représentant le Premier ministre Rafic Hariri qui patronne l’événement, Habib Latiri, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Liban, Georges Tohmé, président du conseil d’administration du CNRS, et Sélim Maksoud, président du Comité hydrologique national. Les allocutions prononcées contenaient un grand nombre d’informations sur l’état des ressources hydrauliques au Liban, les orateurs dénonçant le laxisme qui caractérise la façon de résoudre ce problème pourtant vital. Profitant de la présence du ministre, M. Maksoud a souligné l’importance d’un «recensement des ressources hydrauliques au Liban, l’un de nos principaux objectifs». «C’est le troisième ministre dont nous faisons la connaissance ; nous espérons qu’il nous donnera enfin les moyens de réaliser ce projet», a-t-il dit, non sans humour. À quoi M. Beydoun a ultérieurement assuré qu’il était «prêt à coopérer avec le comité». Ce relevé, selon M. Maksoud, n’aurait qu’un coût modeste s’il pouvait s’établir une collaboration avec les universités, les chercheurs, les étudiants qui se spécialisent et le comité. «Il est très important de savoir avec précision de quelle eau nous disposons et, surtout, d’être capables d’abolir les sources de pollution avant qu’elles n’affectent les cours d’eau ou les nappes, ce qui demeure bien plus simple que de stériliser une eau sale par la suite !», a-t-il fait remarquer. Sur le comité qu’il préside, M. Maksoud a avoué que son échec était de «n’avoir pas su pousser les différents ministres à tenir compte de nos conclusions». «Mais d’un autre côté, nous avons mené une campagne de sensibilisation auprès des jeunes générations, celles qui sont les plus perméables, pour changer leur conception des ressources hydrauliques, et les pousser à les ménager, parce que le Liban n’a pas de raisons de manquer d’eau avec une bonne gestion», a-t-il dit. L’une de ces activités était un concours scolaire sur le thème de l’eau, dont les formulaires ont été distribués à 230 écoles. Trente seulement ont répondu à l’appel. Pollution par les égouts Prenant la parole par la suite, M. Tohmé a dénoncé l’état désastreux des ressources hydrauliques au Liban, dont «plus de 70% sont polluées». Cela est dû, selon lui, à deux causes principales. La première se rapporte aux eaux usées qui, partout dans le pays, se déversent directement dans les nappes phréatiques. «Les habitations, anciennes et nouvelles, ne sont pas pourvues de fosses septiques selon les normes, a expliqué M. Tohmé. Et comme les nappes phréatiques communiquent entre elles, une fois que l’une d’elles est polluée, les autres le deviennent aussi». «Je ne vais pas aborder ici le sujet du chaos des puits artésiens dans le pays», a poursuivi M. Tohmé. «Nous demandons simplement que la loi soit appliquée». Il a également poussé, dans le cadre de son intervention, les chercheurs à œuvrer pour déterminer la quantité exacte d’eau souterraine au Liban. Il a considéré que par des campagnes de sensibilisation, on pourrait réduire l’utilisation domestique de l’eau. «L’eau est indispensable à la vie. Il faut donc protéger les ressources hydrauliques. C’est logique, non ?». Telle est l’idée par laquelle M. Latiri a débuté son allocution sur l’eau et la santé. Pour que l’eau potable soit une source de vie et non un vecteur de maladie, il faut, selon lui, qu’elle ne soit contaminée ni par des polluants microbiologiques, ni par des microbes, ni par des particules microscopiques transparentes, sans odeur, ni couleur, ni goût. Comment désinfecter l’eau ? Il existe des méthodes simples, a précisé M. Latiri. On peut désinfecter l’eau soit en la faisant bouillir durant trois minutes, soit en lui ajoutant de l’iode (trois ou quatre gouttes par litre d’eau, en attendant trente minutes avant d’en boire) ou de la simple chaux (une ou deux gouttes par litre d’eau)». Il a ajouté que l’eau polluée engendrait plusieurs maladies de par le monde : la diarrhée dont 90% des cas sont causés par l’eau ou la nourriture contaminées et la mauvaise hygiène, les hépatites A et E, les vers parasites qui infectent en gros 3,5 millions de personnes dans le monde. Sans compter les contaminations chimiques. M. Latiri a révélé certains faits intéressants pour la région du Proche-Orient : une étude de 1997 a montré que 28 % de la population régionale de 124 millions continue de n’avoir pas accès à une eau potable propre. Cette difficulté est aggravée par le manque de ressources financières consacrées à l’approvisionnement en eau. De 1960 à 1995, la quantité disponible d’eau pour chaque individu est tombée de 60 %, jusqu’à 1 250 mètres cubes par an, une baisse due à l’importante croissance démographique. Dans plusieurs pays, la moyenne est même inférieure à cela. Pour deux d’entre eux, elle est de 180 mètres cubes par an. D’ici à 2025, la situation devrait encore empirer. M. Beydoun a, quant à lui, surtout abordé la menace israélienne. «Durant toutes les années de guerre, Israël a profité de 150 millions de mètres cubes d’eau du Hasbani et du Wazzani, alors que le Liban en était privé, a-t-il dit. Le Liban demande une compensation pour l’eau qu’il a perdue et veut désormais sa part de ces cours d’eau». Il a poursuivi : «Israël dit qu’il n’a pas assez d’eau. C’est une vision erronée de la situation. En fait, Israël utilise beaucoup trop d’eau pour l’irrigation et s’attend à ce que ses voisins sacrifient leurs ressources pour lui. Le PNB en Israël est de 20 000 dollars, alors qu’il ne s’élève pas à plus de 3 000 pour le Liban, et encore moins pour la Syrie, la Jordanie et les Palestiniens. Sans compter le soutien américain. Que les Israéliens procèdent alors à dessaler l’eau de mer !». M. Beydoun a néanmoins considéré que «le Libanais paie trop cher son eau» et qu’il importe de réduire ce coût en vue d’assurer de l’eau propre à toute la population. Il a évoqué la nécessité d’adopter une stratégie et une politique claire de gestion de l’eau, affirmant que le tableau n’était pas si noir et que des projets sont en cours de réalisation. Enfin, les prix ont été distribués aux élèves gagnants par M. Bassam Jaber, ancien directeur général du ministère de l’Énergie et membre du Comité hydrologique national.
Quelle eau buvons-nous ? C’est à la qualité de l’eau plutôt qu’à sa quantité, c’est au danger de l’eau contaminée sur la santé plutôt qu’au risque de ne bientôt plus pouvoir désaltérer la planète, c’est à tout cela que les Nations unies ont consacré cette Journée mondiale de l’eau 2001. Et quel pays mieux que le Liban pour débattre d’un tel sujet, un...