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Actualités - REPORTAGES

PATRIMOINE - La rencontre de deux mondes : Orient et Occident - À travers les civilisations orientales, l’Occident renoue avec son passé - Par Hareth Boustany

Certains historiens occidentaux des siècles passés considéraient, qu’après la chute de l’empire romain au Ve siècle, l’Europe s’est dissociée entièrement de l’Orient. L’empire byzantin, qui était, quand même, l’empire romain d’Orient, ne fut plus considéré comme une continuité de l’époque classique. Donc la superbe tranche de l’histoire de l’humanité que l’Europe appelle Renaissance ne représente pour les Occidentaux que le renouveau culturel, littéraire, artistique et social de l’Occident, émergeant de cette période de stagnation, de léthargie et de lente maturation que fut le Moyen Âge. Ces longs siècles d’obscurantisme culturel, de luttes intestines et de guerres fratricides qui président à la naissance, dans la douleur, des royaumes de l’Europe déboucheront sur une heureuse issue qui ouvrira la voie aux premiers pas timides de la prérenaissance. Mais pour accéder à cette période de grâce, il aura fallu donc passer à travers des siècles et des siècles d’interaction et d’interpénétration culturelles, sociales, politiques et militaires entre les civilisations anciennes de l’Orient qui continuaient à se développer et à se bonifier lentement et l’impétuosité bouillonnante de l’Occident qui tentait d’émerger du chaos comme en une brutale et spectaculaire orogenèse. L’empire byzantin avait donc pris la relève de l’empire romain et contrôlait toutes ses possessions et ses acquis; mais il en avait aussi hérité de la lourdeur, du monolithisme et de la centralisation poussée à l’extrême, alors qu’en Occident, de jeunes entités politiques poussaient çà et là sur les ruines fumantes de la Rome de Marc Aurèle. La richesse intellectuelle de l’empire d’orient se renouvelait et s’amplifiait en puisant dans l’héritage culturel et scientifique des siècles de Périclès, de Phidias, de Polyclète, de Socrate, de Platon et d’Aristote mais aussi de Pythagore, d’Euclide de Mochos, de Plotin, de Virgile, de Vitruve et de saint Augustin. Cet héritage s’est trouvé donc concentré à Byzance, qui était le légataire universel des sciences de l’homme d’avant et d’après Jésus-Christ, de l’ancienne Jérusalem et de la Jérusalem céleste. Le Proche-Orient vint ajouter à ses richesses intellectuelles la philosophie et la théologie chrétienne magnifiées par des poètes et des exégètes tels que saint Paul, saint Ephrem, saint Jean Chrysostome, saint Jean Damascène et Aphrahate de Perse. Mais, comme dans toute religion naissante, la méfiance envers les anciens textes était de rigueur. Dans l’Église des premiers siècles, les impératifs de l’orthodoxie exigeaient la prudence la plus stricte dans l’interprétation des traités philosophiques de l’époque classique. Une élite extrêmement rare pouvait, à la rigueur, consulter ces textes. Ce n’est que grâce aux chrétiens d’Orient et surtout aux Araméens, que le monde oriental put lire et exploiter ces textes dans des traductions entreprises aux VIIe, VIIIe et IXe siècles. Les traducteurs étant chrétiens d’abord et araméens ensuite, les textes qu’ils livrèrent au public furent des textes édulcorés, pour ne pas dire censurés. Des passages entiers qui allaient à l’encontre de l’orthodoxie chalcédonienne ou nestorienne furent éliminés. Malgré ces coupures sombres dans les traités philosophiques et métaphysiques, ce qui en resta généra un tel élan culturel au sein du christianisme oriental, un tel essor intellectuel et social qu’il donna envie aux adeptes de la nouvelle religion émergente, l’islam, d’en profiter. Cette religion qui fut, au premier siècle de son apparition, perçue comme apparentée au christianisme avait été vivement et rapidement acceptée dans toute la région, à commencer par Damas. Les dynasties omeyyade et abbasside du VIIe au Xe siècles ouvertes aux choses nouvelles et tolérantes envers elles, exigèrent, par la bouche et les écrits des lettrés et des esprits éclairés, d’être elles aussi au fait de ces philosophies des anciennes civilisations. Elles eurent recours aux mêmes traducteurs qui, cette fois, rendirent les textes en arabe. Mais, là aussi, les censeurs eurent à élaguer ce qui pouvait choquer la nouvelle religion. Ce savoir partiellement dévoilé, ainsi que les différentes interprétrations religieuses chrétiennes et musulmanes faisaient régulièrement l’objet de discussions animées dans les grandes capitales de l’islam naissant, Damas et Bagdad, alors que l’Occident était encore enveloppé d’une chape d’ignorance et d’obscurantisme. On y pouvait compter sur le bout des doigts le nombre de monastères soigneusement clos et dont les scribes copiaient laborieusement les textes religieux. Le peuple, lui, ne pouvait s’éduquer qu’en regardant les sculptures et les peintures naïves sur les façades et à l’intérieur des églises. Le temps des cathédrales n’était pas encore arrivé. L’expansion arabo-musulmane des VIIe et VIIIe siècles allait bouleverser profondément cette léthargie morbide dans laquelle baignait l’Occident. Avec les rudiments, de ce savoir puisés dans les grandes cultures classiques et celles de l’Orient ancien, les arabo-musulmans ouvrirent en Europe une nouvelle ère de civilisation.
Certains historiens occidentaux des siècles passés considéraient, qu’après la chute de l’empire romain au Ve siècle, l’Europe s’est dissociée entièrement de l’Orient. L’empire byzantin, qui était, quand même, l’empire romain d’Orient, ne fut plus considéré comme une continuité de l’époque classique. Donc la superbe tranche de l’histoire de l’humanité...