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Actualités - CHRONOLOGIES

MUSIQUE - Un jeune groupe de jazz oriental grimpe les échelons - Les « Chromatic » : télépathie et harmonie

Dans le cadre du festival Shams qui se déroule actuellement au Théâtre de Beyrouth (Aïn Mreïssé), la troupe de jazz oriental Chromatic a séduit l’auditoire avec ses mélodies choisies sur le thème «Télépathie». Le noyau dur de «Chromatic» est constitué de quatre musiciens Ziad Ahmadiyé (oud), Fouad Abou Kamel (batterie), Ramzi Abou Kamel (guitare), Rami Abou Kamel (basse). «Mais nous sommes parfois plus nombreux car nous invitons des musiciens à se joindre à nous pour certains concerts», explique Ziad Ahmadiyé. Ainsi, au Théâtre de Beyrouth, ils étaient six sur scène. Ziad Ahmadiyé (oud), Ramzi Abou Kamel (guitare), Fouad Abou Kamel (batterie), Rami Abou Kamel (basse), Raëd Abou Kamel (nay) et Nassib Ahmadiyé (violoncelle) ont interprété avec brio une dizaine de compositions, plus ou moins rythmées, de Ziad Ahmadiyé et Ramzi Abou Kamel qui sont les compositeurs du groupe. Ils ne suivent pas la mode, ils ne cherchent à imiter personne. Leur musique leur ressemble. Lorsque les Chromatic sont sur scène, il règne toujours entre eux une bonne ambiance et une grande complicité. «Nous sommes sur la même longueur d’onde, nous réfléchissons de la même manière d’où le titre “Télépathie”», indique Ziad Ahmadiyé. La mélodie est orientale, mais l’accompagnement, le rythme et l’improvisation se rapprochent du jazz. «Il est vrai que “oriental jazz” désigne aujourd’hui des musiques très différentes, mais ce terme reste quand même celui qui est le plus proche de notre musique», précise-t-il. De la chanson politique à la musique Les membres du groupe se sont connus au cours d’un festival organisé à Baakline (Chouf) à l’occasion de la fête du Travail, le premier mai 1993. «À cette époque – et jusque il y a deux ans – nous faisions de la musique politique et engagée. Je chantais des chansons de Sayyed Darwiche, des frères Rahbani, de Ziad Rahbani, de Marcel Khalifé, de Ahmad Kaabour, etc., bref, tous ces artistes qui ont défendu une cause dans leurs chansons. Je chantais, et les frères Abou Kamel m’accompagnaient. C’était purement oriental», raconte Ziad Ahmadiyé. Avec le temps, les musiciens réalisent qu’il est peut-être temps de passer à autre chose. «Chanter “du politique” devenait un peu comme aller en pèlerinage alors que tous les pèlerins reviennent, ajoute Ahmadiyé. Nous avons alors traversé un temps d’hésitation, d’essai, pour essayer de trouver notre voie». Un premier obstacle qu’ils rencontrent concerne le texte, les paroles. «Nous ne nous retrouvions dans aucun texte, et nous n’avons eu que de rares expériences positives. Aujourd’hui encore, nous continuons de chercher des titres pour pouvoir sortir un album homogène et harmonieux». Chromatic se tourne alors vers la musique, «qui va plus loin que les mots sans être tributaire d’une forme ou d’un thème précis». Ils s’y investissent à fond et travaillent dur. L’été 1999, le groupe remporte le prix du concours de musique organisé par Abdallah Chahine : un voyage en Italie pour participer à un festival de musique à Palerme en Sicile. Problèmes de production Ziad Ahmadiyé – qui a fait des études de théâtre au BUC (ex-LAU) – a signé la musique de plusieurs pièces, notamment al-Mastaba de Jawad el-Assadi, ainsi que Yerma et Escadron marche à la mort du Marocain Hassan Ben Jeddi. Par ailleurs, il crée également les musiques des pièces montées par son ancien professeur Ziad Abou Absi (LAU) qui met en scène depuis cinq ans des œuvres de Shakespeare. Ahmadiyé a aussi travaillé pour la télévision. Un projet récent auquel il a été heureux de participer : un spectacle que prépare la troupe de danse «Rajana vida», dirigée par Mounir Molaeb. Il a composé une musique de danse, expressive, d’une heure, où l’oriental l’emporte sur l’occidental, «mais je ne peux pas en dire plus pour le moment», dit-il. Professeur de théâtre et de musique au Lycée national, il est responsable de ces disciplines dans les quatre branches de ce collège. C’est lui qui établit les programmes, qui prépare les formations pour les professeurs. Ramzi Abou Kamel enseigne la guitare classique dans ce même établissement scolaire, ainsi qu’au Conservatoire national. Chromatic est à la recherche d’un producteur. «Nous avons beaucoup de difficultés, au quotidien, pour nous occuper de tout : la publicité, les contacts, où et comment répéter, comment gérer notre temps, où trouver des fonds, etc. L’absence de véritable production au Liban est un problème que tous les artistes rencontrent», souligne Ziad Ahmadiyé. «La situation du pays doit changer. Si nous ne parvenons pas à vivre de notre musique, et donc à nous y consacrer entièrement, nous serons obligés de partir». Mais le groupe refuse de désespérer. «Râler pour râler ne sert à rien, mais il faut quand même dénoncer la situation. Nous essayons toujours de faire le maximum avec ce que nous avons, de rester perfectionnistes. De faire une musique nouvelle et belle, sans synthétiseurs, avec de vrais instruments. Nous ne voulons pas répéter les erreurs d’autres musiciens dont nous critiquons la musique». Depuis déjà deux mois, les Chromatic se produisent tous les vendredis soir au «Jazz Club», fin rue Hamra, où ils sont attendus de pied ferme par des fans toujours plus nombreux, dont la majorité sont des jeunes. Une exception pour ce vendredi 16 mars : c’est au Blue Note, rue Makhoul, qu’ils déménageront leur orchestre.
Dans le cadre du festival Shams qui se déroule actuellement au Théâtre de Beyrouth (Aïn Mreïssé), la troupe de jazz oriental Chromatic a séduit l’auditoire avec ses mélodies choisies sur le thème «Télépathie». Le noyau dur de «Chromatic» est constitué de quatre musiciens Ziad Ahmadiyé (oud), Fouad Abou Kamel (batterie), Ramzi Abou Kamel (guitare), Rami Abou Kamel...