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Actualités - CHRONOLOGIES

À Fanar, la marche s’est arrêtée à 350 mètres du premier poste syrien

Combien étaient-ils à participer à la marche pacifique de Fanar, une localité qui regroupe plusieurs campus universitaires et écoles et qui compte divers postes syriens ? Malgré les barrages de l’armée, dans tout Beyrouth et à proximité des universités et des écoles, et le déploiement massif des FSI, des brigades antiémeutes, de la défense civile, des services de renseignements, ils étaient environ 1 500 étudiants et étudiantes appartenant à toutes les universités du pays à faire plus de deux kilomètres à pied. De la faculté des sciences de l’Université libanaise (UL), menés par les élèves du Collège Mont La Salle, ils ont avancé en scandant et en brandissant des slogans antisyriens. Encadrés par tous les «services» de l’État, ils ont été stoppés a quelque 350 mètres du premier poste syrien de Fanar, un peu plus bas que la faculté des lettres de l’UL. C’est à ce niveau que l’armée libanaise, les forces de l’ordre, et les brigades antiémeutes leur ont bloqué la route. Des dizaines de camions et plusieurs centaines d’hommes en vert ont formé un barrage à une cinquantaine de mètres du premier poste syrien de Fanar afin d’empêcher les jeunes de poursuivre leur chemin. Tout en continuant de lancer des slogans antisyriens, d’appeler à «la liberté, la souveraineté, et l’indépendance», de brandir les drapeaux du Liban et les banderoles «contre l’oppression», il se sont assis par terre pour une petite pause à quelque 300 mètres des militaires libanais. «Malgré toutes les pressions que nous avons subies aujourd’hui, nous avons prouvé que nous sommes des étudiants et des citoyens civilisés. Et c’est par les moyens pacifiques que nous parviendrons à nos fins», a indiqué un étudiant aouniste qui a pris place sur les épaules d’un ami. Des fins qui visent à «permettre à l’armée libanaise de contrôler tout le territoire du pays», de bénéficier «d’un Parlement libre et d’un véritable président libanais» ont-t-il expliqué. Ils n’avaient pas peur d’être emprisonnés ou de mettre leur vie en danger «Nous sommes déjà en prison», et «tout le pays est en danger», ont-ils dit. «Les plus vieux ont vécu la guerre, ils n’ont plus envie de lutter, nous ferons le travail pour eux, car depuis 25 ans, tous les Libanais ont combattu pour la même cause : la fin de l’occupation syrienne», indique un étudiant venu de la NDU. Encouragés par les automobilistes et les habitants Durant leur marche sur les routes sinueuses de Fanar, les étudiants, encadrés par tous «les services» de l’État, ont distribué des drapeaux libanais aux automobilistes pris dans les embouteillages de la manifestation pacifique. Ces derniers peut-être étaient les seuls hier à sourire sur les routes du Liban. Certains d’entre eux n’ont pas manqué de klaxonner ou de scander, eux aussi, les mêmes slogans : «La vérité, disons-la, de la Syrie on n’en veut pas». Les habitants de Fanar sont sortis aux balcons pour saluer – certains avec des sourires, d’autres avec des applaudissements – les jeunes manifestants. Il ne manquait plus que la bonne humeur des forces de l’ordre et de la Défense civile. À en juger de l’attitude de la plupart d’entre eux à la fin de la manifestation, on aurait pu croire que l’objectif a été atteint. Étudiants et étudiantes conversaient avec les hommes en uniformes, que «Dieu vous garde, vous êtes les seuls à nous protéger», disait une étudiante alors qu’un membre de la brigade antiémeutes répondait, «vous n’avez pas encore déjeuné, vous devez êtres crevés, que Dieu vous donne la santé». Un étudiant un peu malin a lancé à un officier des FSI «avec la présence syrienne, l’étoile que tu portes à l’épaule perdra son identité libanaise», le responsable militaire lui a souri en hochant gentiment la tête. Pourtant, l’atmosphère était bien tendue en début de matinée à la faculté des sciences de l’UL à Fanar. Les FSI interdisaient aux étudiants de sortir de leur campus, et la Défense civile braquait ses lances à eau en direction de l’université. Les forces de l’ordre ont également interdit aux journalistes de prendre des photos. Plusieurs dizaines de films ont été confisqués et des caméras cassées. La faculté des sciences de Fanar a été hier le point de rassemblement des étudiants venus de plusieurs universités. Mais les mesures de sécurités prises dans tous les campus du Liban ont empêché beaucoup de jeunes d’arriver à destination. Dans la cour de l’université, plusieurs centaines d’étudiants, appartenant à divers courants et partis, s’étaient rassemblés pour brandir très haut le drapeau du Liban, celui du PNL, les banderoles antisyriennes, les photos de Michel Aoun et de Dany Chamoun. «On n’oubliera jamais que l’ancien chef du PNL a été assassiné dix jours après l’entrée des soldats syriens à Baabda», a déclaré un étudiant du parti. Clamer haut et fort ce qu’on pense tout bas Sur une tribune improvisée, beaucoup de jeunes ont pris la parole : «Au lieu d’aller au Sud, l’armée encercle des étudiants pacifiques non armés. L’armée libanaise protège actuellement les postes des soldats syriens au lieu de se déployer sur toute la frontière», ont-il déclaré. Les jeunes venus d’autres universités présentaient la situation dans leur propre campus. «À l’AUB, certains nous ont traités d’agents sionistes parce que nous voulons manifester contre la Syrie durant la journée de solidarité avec le Liban-Sud. Les Syriens tout comme les Israéliens sont des occupants», a expliqué un étudiant en génie Une étudiante du campus de la rue Huvelin a pris la parole pour «remercier l’armée libanaise. C’est grâce au défi qu’elle nous a lancé ce matin et à sa présence massive que notre courage a augmenté». Un étudiant de la faculté de journalisme de l’UL a proposé : «Au lieu de payer les services de renseignements pour nous épier, que l’État verse la somme dépensée à l’Université libanaise qui forme des générations entières». Un étudiant de l’Esib a rapporté les événements de son campus à un groupe d’amis. «Depuis le matin, les étudiants et les étudiantes qui arrivent à Mar Roukoz sont minutieusement fouillés. Leurs livres, leurs classeurs sont page par page examinés», a-t-il indiqué. Un étudiant en première année de l’École supérieure des ingénieurs de Beyrouth a été arrêté pendant quelques heures. Pourquoi ? «Il avait glissé entre ses cours une image de Béchir Gemayel», a-t-on expliqué. Est-il possible qu’un État avec tous ses services craigne des étudiants pacifiques, des exilés, des prisonniers... et même des morts ?
Combien étaient-ils à participer à la marche pacifique de Fanar, une localité qui regroupe plusieurs campus universitaires et écoles et qui compte divers postes syriens ? Malgré les barrages de l’armée, dans tout Beyrouth et à proximité des universités et des écoles, et le déploiement massif des FSI, des brigades antiémeutes, de la défense civile, des services de...