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Actualités - ANALYSES

Interrogations curieuses sur l’étendue du tour de piste haririen

Après avoir fait relâche hier pour aller voir à Damas son homologue syrien M. Mohammed Moustapha Miro, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, reprend aujourd’hui ses concertations avec les blocs parlementaires au sujet de son plan de redressement économique. Dans les cercles concernés, on se pose, avec une curiosité pointilleuse, des questions sur la portée politique de ce tour de table. M. Hariri, se demande-t-on, irait-il consulter les forces de l’Est ?, Normalement, il devrait les inclure dans son carnet de bal, puisque le but déclaré de sa tournée est de réaliser un consensus national autour de son projet. Mais le pays, on ne le sait que trop, n’est pas dans une situation politique normale. Et il est peu probable, même si l’on met de côté la nécessité de ménager les décideurs, que le chef du gouvernement rompe la belle harmonie du pouvoir en allant faire risette à des groupes que d’autres dirigeants combattent. Du reste, la logique même de l’entente ne saurait s’accommoder d’un désaccord entre les responsables. Cependant, comme on est au royaume même du compromis, certains observateurs n’excluent pas que le président Hariri étende le dialogue à des formations de l’Est qui, tout en étant opposantes, ne sont pas tout à fait inscrites sur la liste noire des intouchables. Mais des loyalistes répondent à ces spéculations en relevant que le chef du gouvernement déploie une démarche purement institutionnelle. C’est-à-dire qu’il lui importe de faire passer ses projets à la Chambre et qu’à cette fin, il n’a besoin de préparer le terrain qu’auprès des blocs parlementaires. Selon ces sources, il est hors de propos d’évoquer un tour de table élargi car le but de M. Hariri n’est pas, en cette occurrence, d’enclencher un dialogue politique général. Cependant, même dans ce cadre dit technique, l’Est s’étonne qu’on puisse continuer à le marginaliser et à l’ignorer, du moment qu’il est aussi concerné par le plan de redressement. Selon des cadres de ce camp, en méprisant de la sorte une frange de la population très importante sur le plan économique (et fiscal), le pouvoir prend le risque de faire capoter son plan. Non pas, précise-t-on, qu’il y aurait une quelconque désobéissance civile à l’Est, mais simplement parce que le programme nécessite pour réussir une certaine dose de confiance, de l’aveu même des dirigeants. Confiance qui ne peut pas prendre corps dans le pays social et politique si l’on continue à en traiter la moitié en paria absolu. Assez perfidement, ces sources prennent la propagande officielle au mot, en soulignant qu’à l’en croire même les parties extérieures ne cessent de conseiller aux Libanais de réaliser leur entente intérieure. La concertation monochrome en circuit fermé, en vase clos, est donc vivement critiquée par les indépendantistes, taëfistes ou pas. Ils répètent qu’il leur paraît inadmissible qu’on ne demande pas leur avis sur les solutions envisagées aux contribuables qui alimentent le plus les caisses du Trésor. En faisant valoir en outre qu’objectivement le gouvernement a intérêt à récupérer l’opposition et à la désarmer, en l’amenant par le contact direct à se rallier à son plan de sauvetage. Mais à l’impossible nul n’est tenu et face à cette vague réprobatrice de l’Est, le pouvoir reste impassible. Ses proches évitent toutefois d’évoquer des raisons qui ne seraient pas purement locales. Ils indiquent, pour justifier l’attitude du chef du gouvernement, qu’il ne voit pas pourquoi il irait parler avec le président Gemayel qui ne s’est pas manifesté auprès de lui depuis son retour. Ajoutant qu’il ne voit pas non plus pourquoi il irait agacer son bon ami le président Nabih Berry en rencontrant le président Kamel el-Assaad. Et quant au président Hraoui, concluent ces sources loyalistes, M. Hariri ne peut aller auprès de lui sans se sentir protocolairement obligé de voir également le président Gemayel. Une manière comme une autre de boucler la boucle. Il reste cependant à signaler que, pour désamorcer un peu l’opposition, les haririens lui font savoir qu’après les remarques critiques émanant notamment de Bkerké sur le projet de loi électorale, il a été décidé de le retirer du marché. Ce qui en réalité ne coûte pas grand-chose au pouvoir, du moment que les berryistes soutiennent eux-mêmes aujourd’hui que ce projet n’était qu’une idée en l’air.
Après avoir fait relâche hier pour aller voir à Damas son homologue syrien M. Mohammed Moustapha Miro, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, reprend aujourd’hui ses concertations avec les blocs parlementaires au sujet de son plan de redressement économique. Dans les cercles concernés, on se pose, avec une curiosité pointilleuse, des questions sur la portée politique de ce...