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Actualités - ANALYSES

Redressement économique - Le plan se heurte à un problème de crédibilité - Cette fois les promesses seront tenues, promettent les officiels

Commentant le manque évident d’enthousiasme populaire à l’égard du plan de redressement gouvernemental, un ministre juge ce genre de réaction passive «parfaitement normal, dans la mesure où l’opinion locale a si souvent été déçue dans ses espérances qu’elle ne croit plus aux promesses. Mais cette fois, c’est du sérieux, et nos concitoyens, s’ils veulent bien patienter, pourront le vérifier à de premiers résultats tangibles dans quelques semaines. Ce test, on s’en doute, est extrêmement important, car il met en jeu un concept indispensable pour la réussite du pari, à savoir la confiance. Un exemple entre mille : dans le domaine monétaire, le simple fait que les Libanais s’en remettent à la livre la met à l’abri de toute secousse». Ce ministre veut ensuite espérer que «les Libanais commencent à adopter, par rapport à nos vues, une attitude positive par suite des premières mesures de sauvetage qui ont été décidées. Comme par suite du soutien extérieur qui s’est cristallisé à travers la conférence de Paris. Cet appui peut en effet constituer un coup d’envoi utile pour la reprise de la croissance comme pour attirer les capitaux d’investissement». La personnalité citée énumère ensuite rapidement les projets visant à réduire le service de la dette publique ainsi que le déficit budgétaire : la privatisation de l’énergie électrique, des offices de l’eau, des télécommunications ; la cession des actions que l’État détient dans la MEA ; la restructuration des services publics après largage de l’excédent de fonctionnaires ; la compression des traitements ou des indemnités du personnel administratif ; la suppression des subventions d’encouragement à certains secteurs de production ; la révision du système fiscal ; l’amélioration de la perception des taxes ou quittances ; le remplacement d’une partie de la dette publique intérieure par des emprunts extérieurs privilégiés, à longs délais de remboursement et courts taux d’intérêt, etc. «À cela, enchaîne le ministre, il faut ajouter des atouts qui comptent beaucoup aux yeux du monde évolué censé nous aider. Le moindre de ces avantages n’est pas que le Liban bénéficie d’une réputation de pays démocratique qui protège les droits de l’homme et les libertés». S’apercevant sans doute que la brûlante actualité du moment pourrait permettre à des observateurs objectifs de contester une telle affirmation, le responsable se hâte d’ajouter qu’en tout cas, «le gouvernement entend, dans l’environnement arabe du Liban, se rapprocher des valeurs économiques, politiques et sociales cultivées en Europe». Une approche mentale, ou socioculturelle, qui pourrait elle aussi susciter des controverses. Aussi cette personnalité précise-t-elle tout de suite que l’objectif se situe hors du champ du débat d’idées théorique «pour tirer essentiellement profit d’une souplesse fiscale s’adaptant aux besoins des entreprises, en allégeant les charges qui frappent les revenus, parallèlement à un dégrèvement des cotisations à la Sécurité sociale. Nous devrions également savoir exploiter à bon escient l’existence chez nous d’une main-d’œuvre aussi bon marché que techniquement fiable. Enfin, il nous faut revaloriser en termes économiques notre location géographique de plaque tournante entre l’hinterland arabe et l’Occident». Et d’affirmer ensuite que le gouvernement va s’efforcer d’attirer les investisseurs étrangers «dans tous les domaines, dont la santé, le tourisme, le commerce ou la technologie de pointe par une politique libérale». Ce ministre souligne ensuite qu’à partir du moment où le plan gouvernemental bénéficie d’un soutien étranger «il est tout à fait normal qu’il dispose de solides assises intérieures car, comme le dit l’adage double, aide-toi le ciel t’aidera et nul ne peut être plus royaliste que le roi. C’est donc convaincu de la nécessité de recueillir pour son programme une approbation vraiment nationale que le président Hariri procède à un large tour de table des forces ou instances locales. Il se trouve puissamment aidé dans cet objectif par la solidarité que manifestent à l’égard de son plan les deux autres présidents, résolus de laisser de côté toute autre considération que l’intérêt bien compris du pays. Sans un traitement intérieur, les aides étrangères ne peuvent constituer qu’un pâle palliatif. C’est fort de mesures effectives de compression de dépenses comme d’augmentation des recettes, assorties d’un débat de réforme administrative, que le Liban doit se présenter à la conférence européenne qui va être organisée en sa faveur prochainement, dans la foulée de la conférence de Paris. Le président Hariri, conclut ce ministre, pense que les décisions à venir vont changer la physionomie même du pays. Il est dès lors nécessaire que chacun assume à sa place, et sans vaines querelles, sa responsabilité à l’égard de cette mutation».
Commentant le manque évident d’enthousiasme populaire à l’égard du plan de redressement gouvernemental, un ministre juge ce genre de réaction passive «parfaitement normal, dans la mesure où l’opinion locale a si souvent été déçue dans ses espérances qu’elle ne croit plus aux promesses. Mais cette fois, c’est du sérieux, et nos concitoyens, s’ils veulent bien...