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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-USA - « Une visite à Damas ? Oui, si... » - Sfeir : Ce n’est pas l’Église seulement - qui réclame le retrait syrien

Le patriarche Nasrallah Sfeir a affirmé lundi soir à New York qu’il hésite à se rendre en Syrie, à l’occasion de la visite pastorale du Jean-Paul II en mai dans ce pays, afin que son geste ne soit pas interprété comme un renoncement à sa résistance à la présence syrienne au Liban. Il a ajouté que ce ne sont pas les seuls chrétiens qui réclament le départ des Syriens du Liban, et que beaucoup de musulmans lui en font la confidence, sans pour autant élever la voix pour le réclamer ouvertement. «Je ne sais toujours pas si ma présence en Syrie sera utile à mon peuple ou pas» a déclaré lundi soir le cardinal Sfeir, au cours d’une visite au siège de la Mission pontificale, à New York, à la veille de la clôture de sa tournée pastorale aux États-Unis. «Au Liban, a ajouté le chef de l’Église maronite, beaucoup sont au bord du désespoir. Si cette visite doit être interprétée comme un geste de renoncement à ma résistance à la présence syrienne au Liban, je n’irai certainement pas» Et d’enchaîner : «Si, par contre, elle est interprétée autrement, alors je me rendrai certainement en Syrie». Le pape à la mosquée des Omeyyades Répondant aux questions des personnes présentes, le patriarche maronite a indiqué qu’il ignore si le pape évoquera le Liban avec les responsables syriens. «Je pense, toutefois, qu’il parlera de toute la situation au Proche-Orient, du processus de paix, du droit des peuples, de la justice et des droits de l’homme», a-t-il dit. «La mission du Pape est la même, partout où il se rend, a précisé le patriarche Sfeir. C’est une mission de liberté, de coopération, de réconciliation, de respect des droits de l’homme». Le patriarche a par ailleurs jugé «très importante» la visite de Jean-Paul II à la mosquée des Omeyyades (6 mai), où il se recueillera sur la tombe de Saint- Jean-Baptiste, et le fait que le souverain pontife deviendra alors le premier pape à entrer dans une mosquée. Ce geste aura certainement une signification particulière sur le plan de la coexistence islamo-chrétienne, a commenté le patriarche, qui a précisé : «Le pape est parfaitement au courant de la situation au Liban et au Proche-Orient en général. Il a d’ailleurs adressé de nombreux appels en faveur du Liban, quand le pays était en guerre, et il continue de suivre de près la situation chez nous». Ce sera la première fois que des chrétiens et des musulmans prieront ensemble de manière organisée, ont indiqué voici quelques jours, au sujet de cet événement, les milieux ecclésiastiques en Syrie. Le pape dirigera la prière côté chrétien et le mufti de la République syrienne, cheikh Ahmed Kaftaro, côté musulman. Interrogé au sujet des incidents qui se produisent au Liban opposant chrétiens et musulmans, et en particulier au sujet du meurtre demeuré inexpliqué, d’une religieuse, sœur Antoinette Azar, le patriarche a indiqué : «Nous jouissons au Liban de la liberté religieuse. Nous ne pouvons dire le contraire, mais de temps en temps, des incidents surviennent, aussi bien dans la société chrétienne que dans la société musulmane». « Une situation de ni guerre, ni paix » Mais le patriarche a ajouté : «Nous ne pouvons pas dire que nous vivons, au Liban, dans une situation de paix. Le canon s’est tu, les barrages ont disparu, mais il n’y a pas de paix. Nous sommes dans une situation très malaisée de ni guerre, ni paix». Mention spéciale a été faite, par le patriarche, aux familles du Liban-Sud dont les chefs sont soit emprisonnés, soit en fuite en raison des liens qu’ils ont pu nouer avec les Israéliens. «Mais si certains d’entre eux sont des agents, ce n’est pas le cas de tous», a expliqué le patriarche Sfeir. «Pourquoi est-ce l’Église seule qui réclame le retrait des troupes syriennes du Liban ?» a-t-on demandé au patriarche maronite, qui a répondu : «Cela est inexact. Ce n’est pas seulement l’Église qui réclame ce retrait. Tous les Libanais le réclament. Mais certains le font ouvertement, alors que d’autres ne peuvent le faire». «De par ma position, je suis en contact direct avec les gens, a ajouté le patriarche Sfeir. On vient se plaindre à moi. Je suis la voix de ces gens-là, même si je ne suis pas un homme politique. Il est de mon devoir de me faire le porte-parole du peuple, auprès des responsables.C’est ce que je fais depuis longtemps». «La situation s’est-elle améliorée depuis l’arrivée au pouvoir de M. Hariri ?», a-t-on également demandé au patriarche, qui a répondu : «On ne peut dire qu’il y a progrès ou régression. La situation est difficile, très difficile». Le patriarche a clôturé sa tournée américaine, hier, par une visite émouvante à Easton, (Pennsylvanie), où une communauté particulièrement fière de ses traditions, et ayant préservé la mémoire des célébrations liturgiques en arabe et en syriaque, lui a fait un accueil particulièrement touchant. La majorité des familles d’Easton vient de Kfarzghab (Liban-Nord). à partir d’aujourd’hui, et jusqu’au 25 mars, le patriarche Sfeir effectuera une visite pastorale aux maronites du Canada.
Le patriarche Nasrallah Sfeir a affirmé lundi soir à New York qu’il hésite à se rendre en Syrie, à l’occasion de la visite pastorale du Jean-Paul II en mai dans ce pays, afin que son geste ne soit pas interprété comme un renoncement à sa résistance à la présence syrienne au Liban. Il a ajouté que ce ne sont pas les seuls chrétiens qui réclament le départ des Syriens...