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Actualités - ANALYSES

L’histoire se répète avec le litige sur la présence syrienne

Il ne faut pas s’étonner des positions antinomiques du patriarche maronite Nasrallah Sfeir et du président de la République, le général Émile Lahoud, concernant la présence syrienne au Liban. De fait, les litiges sur des questions de fond entre dirigeants et pôles influents du pays politiques ou religieux remontent au temps de l’indépendance. À l’époque, en 1943, les Libanais s’étaient divisés sur la nature des relations à entretenir avec la France après l’indépendance. Le pouvoir exigeait un retrait inconditionnel des troupes françaises, rejetant ainsi a priori la conclusion d’un traité de défense entre Paris et Beyrouth. En revanche, tout en soutenant l’indépendance du pays, nombre de responsables politiques ou religieux étaient à la fois en faveur d’un traité franco-libanais susceptible de protéger une souveraineté encore fragile. Dans ces milieux, on craignait en effet que l’adhésion du Liban à la Ligue arabe n’aboutisse à terme à sa fusion pure et simple dans le monde arabe. Mais les divisions dans les rangs internes ont persisté même après l’indépendance. Le mouvement nassérien en Égypte a suscité au Liban une tendance nationaliste arabe qui, en 1958, a entraîné la population au bord de la guerre civile. Puis, dès 1969, la présence palestinienne armée a commencé à poser de sérieux problèmes jusqu’à l’éclatement du conflit en 1975. De nouvelles divisions sont apparues ensuite à l’occasion de l’entrée des forces syriennes au Liban, divisions qui ne se sont pas encore dissipées. Si le pouvoir estime en effet que cette présence est nécessaire pour des raisons stratégiques, une partie non négligeable des Libanais réclame par contre une application scrupuleuse de l’accord de Taëf en vertu duquel l’armée syrienne aurait dû se redéployer dans le pays dès 1992. À l’occasion de son périple aux États-Unis, le cardinal Sfeir fait sans cesse état de l’hégémonie syrienne sur la vie politique au Liban, tandis que, lors de sa visite au Vatican, le président Lahoud a une fois de plus justifié auprès du pape Jean-Paul II la nécessité du maintien des troupes syriennes dans le pays. Il s’est basé pour ce faire sur l’Exhortation apostolique qui invite les Libanais à s’intégrer à leur environnement arabe. À cet argument, une source religieuse répond en affirmant qu’intégration ne signifie pas fusion.L’histoire ne faisant que se répéter, les divisions persistent donc et rien n’indique qu’elles s’achèveront bientôt.
Il ne faut pas s’étonner des positions antinomiques du patriarche maronite Nasrallah Sfeir et du président de la République, le général Émile Lahoud, concernant la présence syrienne au Liban. De fait, les litiges sur des questions de fond entre dirigeants et pôles influents du pays politiques ou religieux remontent au temps de l’indépendance. À l’époque, en 1943, les...