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Actualités - INTERVIEWS

JEUNE TALENT - Bernard Ghanem expose à la galerie Agial - Vie intérieure en métal noir

En fer et en noir : les 17 sculptures exposées par Bernard Ghanem jusqu’au 22 mars prochain sont l’œuvre d’un autodidacte. Ingénieur électricien depuis l’âge de 19 ans, Bernard Ghanem, 35 ans aujourd’hui, ne fait absolument pas partie du milieu artistique libanais et confie ne s’être intéressé à l’art en général que très récemment : «Lorsque j’ai commencé à sculpter le fer, je n’avais jamais vu une œuvre d’art et je ne connaissais pas même le nom des grands artistes, explique-t-il. En 1990, j’ai commencé à dessiner les croquis que j’avais en tête. Je n’ai rien exécuté avant 1992, parce que je voulais être sûr de ce vers quoi je me dirigeais et d’être capable de travailler le fer». Sa première sculpture, exécutée entièrement à la main avec les outils qu’il avait, a été une danseuse aux cheveux lâchés. La femme, un des thèmes de prédilection de l’artiste : «Elle représente pour moi la force motrice, l’élégance et le rêve éveillé, confie-t-il. Elle est tout à la fois sensible et résistante». Métal intelligent Sensible et résistant : deux qualités qui s’adaptent au fer, le matériau choisi par l’artiste. «C’est un métal intelligent, explique-t-il. Mis à part le fait qu’il est peu utilisé, j’aime sa résistance, son envie d’être dompté. Et, d’un autre côté, il ne s’effrite pas et reste à sa place quand on le travaille». À partir de plaques de deux mètres par un mètre, d’une épaisseur variant entre 2 et 5 millimètres, il exécute l’idée exprimée dans le croquis. « Mon idée est toujours très simple et je la place dans le métal que je sculpte de façon élaborée», affirme-t-il. Le mot est lâché : simplicité. C’est en quelque sorte la composition ultime de Bernard Ghanem, ce qui l’a dirigé vers la sculpture. Et c’est ce qui attire celui qui regarde ces pièces, où seuls importent le noir, le métal et ses courbes. «Plus la vie est compliquée, plus je recherche la simplicité, poursuit-il. Ce mouvement est incessant et c’est lui qui me met au travail : ce que j’observe de la vie moderne me fait souffrir et cette souffrance est inscrite dans l’extrême simplicité de mes sculptures». Dialogue avec la souffrance Les apparences et la vie intérieure, le très grand et le très petit, la souffrance et la création : Bernard Ghanem exprime avec ses magnifiques sculptures le repos et le vide, proche du zen extrême-oriental. «Lorsque je réalise mes pièces, je perds la notion de la dimension : je les imagine gigantesques, 30 fois plus grandes que moi, ajoute-t-il, sans doute pour constamment me dépasser dans mes œuvres». Depuis qu’il est sculpteur, Bernard Ghanem a évidemment changé : «Je sens davantage les choses et les gens qui m’entourent, ce qui me fait plus souffrir, dit-il. Mais je suis aussi plus conscient de moi-même». Les sculptures et l’artiste entretiennent un dialogue autour de la souffrance qui les a fait naître. Elles sont aujourd’hui au nombre de 170, sans compter certains travaux en fer barbelé. Elles sont époustouflantes de simplicité et de virtuosité et sont l’expression d’une vie intérieure à la fois tourmentée et pleine d’espoir, se battant au coude-à-coude avec une vie moderne obsédée par l’argent et la complication inutile. Les sculptures de Bernard Ghanem, qu’il devrait prochainement exposer en Europe, sont remplies d’une sérénité essentielle.
En fer et en noir : les 17 sculptures exposées par Bernard Ghanem jusqu’au 22 mars prochain sont l’œuvre d’un autodidacte. Ingénieur électricien depuis l’âge de 19 ans, Bernard Ghanem, 35 ans aujourd’hui, ne fait absolument pas partie du milieu artistique libanais et confie ne s’être intéressé à l’art en général que très récemment : «Lorsque j’ai commencé...