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Actualités - CHRONOLOGIES

Administration - Aridi aura tenu bon face aux pressions - Ministère de l’Information : les listes sont prêtes

C’est pratiquement décidé. La liste définitive des fonctionnaires surnuméraires au ministère de l’Information a été arrêtée hier après-midi. Malgré les multiples problèmes et objections soulevés par les responsables de ce département, près de 600 personnes devront quitter ce département. Au lendemain de la décision de fermeture de la télévision nationale, le ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi, se devait de remplir une seconde promesse : celle de mener à bout la difficile tâche de réduire les effectifs de son ministère, une opération chirurgicale tout aussi pénible, qu’il s’était engagée à remplir loin des pressions politiques et des considérations confessionnelles. Le visage sombre, la voix brisée, le directeur de la radio, M. Fouad Hamdane, a affirmé, au terme de tractations fébriles entreprises durant toute la journée d’hier : «Le ministre a tranché. Sa vision des choses est celle qui va prévaloir». Ce qu’il entendait par là, c’est que rien, absolument rien, n’aura fait flancher cet homme tenace, qui depuis des semaines déjà presse directeurs et chefs de service de lui remettre les noms de tous ceux qui devront quitter. «Je ne suis pas d’accord avec les critères qui ont dicté les choix. On aurait pu sélectionner les gens autrement, sur la base d’un concours, par exemple», estime M. Hamdane. Jusqu’à hier soir, Fouad Hamdane – comme d’ailleurs la plupart des responsables des services – aura tenté de maintenir encore quelques personnes de plus dans son département, comme nous le confirme une source proche du ministère. Les efforts en ce sens n’ayant pu aboutir, M. Aridi aurait fait pression sur M. Hamdane pour que celui-ci lui présente quelques noms de plus à rayer du cadre de la radio officielle. Résultat du compromis : 75 personnes devront quitter aujourd’hui Radio-Liban, qui compte à l’origine 350 personnes. Des chiffres et des rumeurs À l’Ani, les rumeurs font état de 460 personnes qui seraient mises à la disposition du Conseil de la Fonction publique, soit près de la moitié des effectifs, alors qu’à la section de la documentation et de la publication, 110 personnes sur un total de 172 devraient s’en aller. Il s’agit là toutefois de chiffres qui ne seront confirmés qu’aujourd’hui. Compte tenu de l’ampleur de l’assainissement, les fonctionnaires, regroupés devant l’entrée de leurs bureaux, laissent transparaître une inquiétude profonde. Dans les coulisses, les rumeurs qui circulent entretiennent une psychose que le mutisme presque total des responsables ne contribuent pas – loin de là — à dissiper. Les scénarios changent d’un instant à l’autre, des chiffres sont avancés, modifiés à chaque instant. Même la terminologie s’adapte en fonction : on parle «de la bourse de noms» qui monte et descend selon les marchandages en cours. Les plus inquiets craignent, malgré les assurances données par le ministre, les ingérences des politiciens en faveur de leurs «clients». «Tout le monde attend que le ministre fasse ses preuves sur la question confessionnelle, à commencer par le président de la Chambre Nabih Berry», affirme le responsable d’un département du ministère, qui estime par ailleurs que la réussite de M. Aridi dans sa lutte contre le clientélisme et son effort d’assainissement de l’administration – un discours cher à Walid Joumblatt – n’est rien d’autre qu’une victoire indirecte pour le leader du PSP, et de sa politique de réforme et de dialogue national. Si, dans l’absolu, ce responsable est d’accord avec le principe de réforme, il conteste par contre les critères utilisés pour la sélection des fonctionnaires surnuméraires. Il estime qu’ils sont arbitraires dans la mesure où ils n’émanent pas d’une vision claire. De même, ajoute-t-il, aucun organigramme n’a été établi, préalablement à la réforme. «Nous avons contesté par exemple le critère de la productivité, car un fonctionnaire peut avoir énormément de potentiel, mais n’avoir pas eu l’occasion de développer ce potentiel dans le cadre restreint qui lui est offert», affirme cette source. Ce directeur reconnaît toutefois que les responsables sont parvenus en fin de compte à un compromis. «Nous avons décidé de favoriser, dans l’ensemble, la compétence sur l’ancienneté». Interrogé sur les modes de sélection, un autre directeur de département déclare : «Bien sûr qu’il y a eu une part d’arbitraire. Mais cela n’a absolument rien à voir avec la hiérarchie. Le problème est dans le nombre effarant de fonctionnaires excédentaires, dont il fallait à tout prix se débarrasser. L’important, c’est qu’il s’agit cette fois-ci d’une décision globale, qui devrait s’étendre à toute l’administration libanaise». Cette source précise toutefois que le problème réside au niveau de l’absence de confiance, l’État ayant déjà échoué plusieurs fois lors des précédentes épurations administratives. «Il n’y a jamais rien eu de sérieux. Alors, les gens n’y croient plus», dit-il. Pas d’ingérence politique Certains des fonctionnaires laissent entendre que le ministre n’a pas tenu compte uniquement des seuls chiffres. Il s’est basé, dans ses décisions, sur des rapports du Conseil de la Fonction publique, établis l’un en 1994, l’autre en 1998, puis sur les appréciations des responsables de départements. Une source bien informée ajoute d’ailleurs que «le ministère possède des dossiers très précis sur les fonctionnaires et que plus rien n’échappe à personne». À ce sujet, un directeur de département rapporte la discussion qu’il avait eue avec ce journaliste «célèbre», occupant une fonction au ministère. «Ce dernier avait fini par reconnaître que toutes ces années durant il n’avait effectivement été d’aucune utilité au ministère alors qu’il continuait à percevoir son salaire. Il avait alors exprimé ses regrets en promettant de changer d’attitude». «Trop tard», lui a répondu ce responsable, qui explique que de toutes manières, ces gens-là continueront malheureusement à percevoir leurs salaires du fait qu’ils seront placés à la disposition du Conseil de la Fonction publique (CFP), avant leur transfert vers d’autres administrations. Aujourd’hui, les listes des fonctionnaires radiés seront soumises au CFP qui les transmettra à son tour aux directeurs des départements. À ceux-là reviendra la pénible tâche de remercier, en leur versant leur dernier salaire, tous ceux qui ne seront plus là. Aujourd’hui, affirme une source proche du ministère, M. Ghazi Aridi «donnera la preuve concrète qu’il aura réussi à relever plusieurs défis, dont celui des ingérences politiques». «Personne, parmi les responsables politiques, n’est intervenu dans la composition des listes», conclut cette source.
C’est pratiquement décidé. La liste définitive des fonctionnaires surnuméraires au ministère de l’Information a été arrêtée hier après-midi. Malgré les multiples problèmes et objections soulevés par les responsables de ce département, près de 600 personnes devront quitter ce département. Au lendemain de la décision de fermeture de la télévision nationale, le...