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Actualités - REPORTAGES

CONSOMMATION - Pas de danger pour la santé humaine, mais un risque réel pour l’économie - Fièvre aphteuse au Liban : - des millions de dollars de pertes par an

Où en est-on de la protection contre le virus de la fièvre aphteuse qui a déjà causé la destruction de cheptels entiers en Angleterre et qui risque de se propager à toute l’Europe ? Des experts que nous avons interrogés sont formels : le virus existe déjà au Liban, comme dans beaucoup de pays en développement, de manière sporadique. Il n’est d’ailleurs pas dangereux pour l’homme, même s’il peut être transmis par la viande crue ou le lait frais qui n’a pas été bouilli. «Nous avons des cas de fièvre aphteuse sporadiques au Liban, et c’est d’ailleurs ce qui nous empêche d’exporter notre viande», nous révèle Mansour Kassab, directeur du département des ressources animales au ministère de l’Agriculture. «Ce virus n’est pas dangereux pour l’homme mais extrêmement nuisible à l’économie. Soixante suicides ont été enregistrés en Angleterre suite aux crises successives de la vache folle et de la fièvre aphteuse». Mais qu’est-ce que la fièvre aphteuse ? Il s’agit d’un virus qui frappe plusieurs espèces animales, notamment les bovins, les ovins, les porcs et les chèvres. «La fièvre tue les jeunes animaux car elle les atteint au cœur, nous explique le Dr Élie Barbour, vétérinaire et professeur à l’AUB. Chez les mères, il provoque une nette baisse de la productivité, celle-ci pouvant chuter de 35 à 15 kilos de lait par jour». Il considère que les mesures drastiques prises actuellement en Europe visent principalement à limiter l’extension du fléau, très contagieux. Cependant, l’impact de cette fièvre sur l’homme reste plutôt bénin. Des vésicules apparaissent sur les lèvres de l’individu atteint, et il ressent de la fatigue et de la fièvre durant une semaine environ, dit le Dr Barbour. Le virus se transmet principalement par la consommation de viande crue contaminée ou de lait. La pasteurisation du lait n’est pas une protection suffisante, et il est préférable de le faire bouillir à haute température avant consommation. Par ailleurs, il considère que le lait en poudre ne représente pas de danger dans ces cas en particulier. «Mais je peux vous assurer que le peuple libanais est immunisé contre la fièvre aphteuse depuis longtemps, vu ses habitudes alimentaires, et qu’il ne court aucun risque». Le risque sur la santé humaine n’est d’ailleurs pas ce qui préoccupe le plus dans le cas de contamination par la fièvre aphteuse, mais ce sont bien les pertes économiques des éleveurs qui demeurent les plus importantes. «La perte annuelle due aux cas de fièvre aphteuse au Liban est de l’ordre de 15 millions de dollars», souligne M. Kassab. Certes, malgré les cas déclarés au Liban (une variété qui existe également dans d’autres pays de la région), les mesures prises contre l’épizootie ne sont pas aussi drastiques que celles adoptées par l’Europe. «Si tel devait être le cas, il n’y aurait plus d’animaux non seulement au Liban mais dans beaucoup de pays en développement», déclare-t-il. Précisant qu’il existe des vaccins pour les animaux mais qu’ils ne sont qu’occasionnellement administrés aux cheptels libanais, par manque de budget, M. Kassab ajoute : «C’est parce que nous avons des cas de fièvre aphteuse au Liban que nous ne pouvons exporter notre viande. Pour éradiquer la maladie, il faudrait appliquer un programme complet sur une période de sept ans, dont la généralisation des vaccins ne serait qu’une partie». M. Kassab rappelle qu’un congrès régional a eu lieu récemment au Liban, au cours duquel la question de la lutte contre des maladies communes aux différents pays de la région a été discutée. La fièvre aphteuse faisait partie des principaux sujets soulevés lors de ce séminaire, organisé par l’Ordre des vétérinaires, présidé par M. Kassab. «La prochaine réunion régionale devrait se tenir en Égypte, en mai prochain, poursuit M. Kassab. Une commission régionale vétérinaire devrait être nommée durant cette réunion. Elle devrait travailler sous l’égide de la Ligue arabe et être chargée particulièrement de toutes les mesures relatives à la santé animale». Commentant les pertes économiques dues à la fièvre aphteuse, le Dr Barbour les ramène à la faible productivité des vaches quand elles sont atteintes. «L’agriculteur reste pauvre au Liban parce qu’il doit vivre avec de tels problèmes, alors que l’État ferme les yeux», dit-il. Par ailleurs, M. Kassab rappelle que la viande anglaise, vivante et abattue, n’est plus importée au Liban depuis plusieurs années et que, par mesure de précaution, il en sera de même pour les pays qui feront état d’une recrudescence du fléau dans leurs fermes.
Où en est-on de la protection contre le virus de la fièvre aphteuse qui a déjà causé la destruction de cheptels entiers en Angleterre et qui risque de se propager à toute l’Europe ? Des experts que nous avons interrogés sont formels : le virus existe déjà au Liban, comme dans beaucoup de pays en développement, de manière sporadique. Il n’est d’ailleurs pas dangereux...