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Actualités - CHRONOLOGIES

Najwa Aboulhosn a présenté pendant 12 ans le JT en français - Une femme sous influence

Une rencontre, parfois, peut vous laisser pantois. Particulièrement lorsque la générosité et l’élégance de l’autre, celui(celle) assis(e) face à vous, sont exceptionnelles. Quelque chose de rare, quelque chose qui ressemblerait à un sourire vrai. Najwa Aboulhosn – c’est d’elle qu’il s’agit – est une femme sous une quadruple influence. Professionnalisme, générosité, sincérité, simplicité. Celle qui pendant douze ans, souvent contre vents et marées, a essayé de faire en sorte que le mot francophonie garde toute son essence, toute son urgence, a aujourd’hui des bleus à l’âme. Aujourd’hui, Najwa Aboulhosn essaie de faire rimer optimiste avec désabusée. Dans tous les cas, inutile d’essayer de se le cacher : un journaliste empêché, un journaliste qui a mal, c’est… «nul ». Effectivement : c’est nul. En vous écoutant, on imagine votre relation avec Télé-Liban ambiguë, passionnelle, comme un aller-retour constant entre amour et haine. «Ambiguë n’est pas le mot, même si, certainement, c’est une relation très forte, passionnelle quelque part». Vous la définiriez comment alors, cette relation ? «Ça a fait… enfin, ça fait partie de ma vie. Et en même temps, il y a aussi un sentiment de rejet, à l’encontre de beaucoup de choses, le laisser-aller par exemple». Lorsque l’on a partagé douze ans de sa vie avec quelqu’un, quelque chose, on est en mesure, on se doit, naturellement, d’aligner les critiques, négatives comme positives. Commençons par les négatives. «Le laisser-aller donc, une certaine forme de lourdeur administrative, Télé-Liban avait cette image costaude et imposante, tout semblait à la fois facile et difficile, tiens elle est là l’ambiguïté. Sinon, ce que j’appréciais, ce que j’apprécie toujours, c’est qu’il y ait des gens issus de toutes les tendances politiques, et par les temps qui courent, c’est quelque chose d’irremplaçable. C’est peut-être pour ça que j’ai tenu autant, en dépit de beaucoup de difficultés. C’est une histoire d’amour, au cours de laquelle on a été déçus, trahis, mais aussi aimés comme il n’est plus possible de l’être». Vous y croyez aux seuls trois mois de fermeture ? «Je veux y croire». Et dans trois mois, vous repartiriez sur de nouvelles bases ? «Si on fait appel à moi, si je trouve que le projet est consistant – et j’espère qu’il le sera, toutes les déclarations vont dans un sens à mon avis positif – oui, bien sûr. » Et les rumeurs qui font de Télé-Liban une télévision morte, et enterrée ? «Peut-être que ce sera la mort d’une certaine forme de Télé-Liban, la mort de tout ce qui était négatif». Et si rien ne change dans trois mois, vous rejoindriez quand même le bateau – la galère devrait-on dire ? «J’aime beaucoup le mot galère… Je ne sais pas encore. Oui j’ai envie de continuer, et en même temps de faire autre chose, d’être impliquée d’une manière plus générale, plus globale, dans la chaîne. Il fut un temps vous savez où les gens communiquaient entre eux au sein de Télé-Liban. Dans tous les cas, depuis deux ans, c’est la chronique de la mort annoncée de cette télévision». Votre souvenir le plus marquant ? «Beaucoup, beaucoup, beaucoup… En gros, c’était l’époque où ce journal était diffusé sur Télé-Liban, à la mi-journée, où le journal avait le vent en poupe, où il avait à peu près les moyens de son ambition». C’est primordial, on est en pleine année de la francophonie, un JT en français ? «Francophonie ou pas, ce journal est primordial. C’est un journal qui peut dire des choses, parce que, sans doute, marginal». Et attachant, particulièrement attachant. Si vous aviez Ghazi Aridi en face de vous, vous lui diriez quoi ? Merci, bravo, peut mieux faire… «Je lui dirais qu’il faut qu’il tienne ses promesses. Qu’il a eu beaucoup de courage, mais qu’il s’agit de ne pas répéter les mêmes erreurs fatales – l’incompétence, l’administration bloquée, etc. Il était temps de mettre un terme à tout cela. Et cette fermeture a provoqué un effet-choc qui peut être salutaire, oui». Vous êtes à presque huit heures de votre dernier journal… «Oui, j’y pense déjà, je ne sais pas comment ça sera, je sais ce que je dirai à peu près, de la fin d’un parcours. Je ferai en sorte de ne pas être trop impudique… Je vous avouerais qu’hier j’ai noirci plusieurs pages blanches, que j’ai jetées les unes après les autres. Ce métier comporte une part d’instinct, vous savez, quoique tu aies préparé, c’est le rendu qui compte, et là, peut-être que tu ne maîtriseras pas. Ca ne veut pas dire que j’éclaterai en sanglots, attention ! D’ailleurs, ce n’est ni le genre de la maison ni le mien… S’il m’est arrivé de pleurer à cause – ou pour – Télé-Liban, je l’ai fait avant. Ce n’est pas le moment de pleurer maintenant». Najwa Aboulhosn a reçu des dizaines et des dizaines de messages d’encouragement. Le JT de Najwa Aboulhosn, hier à 20h30, n’aura duré que deux minutes, la pression des employés a été énorme. Najwa Aboulhosn a utilisé le mot deuil, et celui de Télé-Liban, elle ne l’a pas encore fait. Elle le fera vite. Najwa Aboulhosn est une femme sous influence. De la très belle influence.
Une rencontre, parfois, peut vous laisser pantois. Particulièrement lorsque la générosité et l’élégance de l’autre, celui(celle) assis(e) face à vous, sont exceptionnelles. Quelque chose de rare, quelque chose qui ressemblerait à un sourire vrai. Najwa Aboulhosn – c’est d’elle qu’il s’agit – est une femme sous une quadruple influence. Professionnalisme,...