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Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - Une mise en scène de Berge Fazlian, sur les planches du Monnot - « Le Crapaud », une première pièce d’Alexandre Najjar

C’est presque inéluctable, à chaque fois qu’un auteur libanais s’attaque à l’écriture dramaturgique, il en confie la mise en scène à Berge Fazlian. Il y avait ainsi eu Zanzalakht de Kaysam Mahfouz en 1968, al-Maoussam (La Saison) de Houda Zakka en 1970 ; Une fille nommée Liberté de Vénus Khoury-Ghata en 1973, etc. Alexandre Najjar n’a pas failli à cette «tradition». Le Crapaud, sa première pièce (qui doit paraître incessamment sous forme de livret aux éditions FMA, et sous la forme d’une biographie d’Ernest Pinard, en mars 2001, chez Balland), sera montée sur la scène du théâtre Monnot (rue de l’Université Saint-Joseph ) par Berge Fazlian. Alexandre Najjar, avocat et écrivain (qui n’est plus à présenter), réunit dans cette œuvre les deux pôles majeurs de sa vie active : la justice et la littérature. Au gré de ses lectures et de ses recherches juridiques, il a constaté que Flaubert et Baudelaire, les deux grands écrivains du XIXe siècle qui ont le plus souffert de la censure, ont été poursuivis par le même, procureur, un certain Ernest Pinard. Symbole de l’obscurantisme, obsédé par l’ordre et la morale, ce M. Pinard va demander la condamnation de Gustave Flaubert pour son roman Madame Bovary et va entamer des poursuites contre Baudelaire pour son recueil Les fleurs du Mal, qu’il juge «contraire aux bonnes mœurs». À travers cette pièce, Alexandre Najjar retrace l’itinéraire de ce Monsieur Pinard, «personnage pittoresque» qui, grâce à son zèle, finira ministre de l’Intérieur sous Napoléon III. L’auteur plonge également dans l’atmosphère des salons littéraires du XIXe siècle, dont un des plus courus fut celui de Madame Sabatier. Cette dame, célèbre pour avoir été l’égérie de Baudelaire, était une femme éprise de liberté. Elle tenta, tant bien que mal, de protéger les écrivains (Baudelaire, Flaubert, Théophile Gautier) que le magistrat persécutait. Il y a là donc proposé sur scène une «réflexion sur le thème de la justice à travers notamment un face-à-face passionnant entre un juge et une femme libre», indique l’auteur. Qui gagnera la partie ? On laissera aux spectateurs le soin de le découvrir. L’adaptation Metteur en scène et comédien, Berge Fazlian a, faut-il le rappeler ?, un palmarès impressionnant à son actif. Le théâtre libanais lui doit une centaine de mises en scène, dont, entre autres, «la première présentation de “L’histoire de Vasco”, de Georges Shéhadé, sur le sol libanais, en 1969», ainsi que l’adaptation de Gebran Khalil Gebran, de Gabriel Boustany, en 1996. Rentré depuis un mois de Paris, où il a tenu le rôle du messager aveugle dans L’ultime chant de Troie (une pièce inspirée des tragédies grecques et de Sénèque, réalisée par Simon Abkarian, qui a tenu l’affiche au Théâtre Bobigny durant 2 mois et demi), il s’enthousiasme pour le projet d’Alexandre Najjar. «D’une part parce que j’aime les œuvres d’Alexandre Najjar et d’autre part parce que le thème de la censure est particulièrement intéressant». Il a réuni donc une douzaine de comédiens francophones, dont Charles-Hervé Faucon (l’ancien directeur du CCF), Emmanuel Labrande , Danielle Zahlan, Elsa el-Hage, Cyril Jabre, Michel Harb, Hagop Arzoumanian, etc., pour présenter cette assemblée de lettrés et de juristes du XIXe siècle. Et fait appel à Nada Kano, chorégraphe et danseuse, pour camper le personnage fictif et «mouvant» de la justice. Le décor est signé Rafic Achkar. «Pas de trompe-l’œil, mais des constructions de base, transformables, au gré des scènes, de tribunal, en salon, en prison», explique le réalisateur. Les costumes ont été dessinés par Sirvart Fazlian, qui n’est autre que l’épouse du metteur en scène. Et la musique est composée par leur fils…le chef d’orchestre Harout Fazlian. «J’ai pris quelques libertés avec le texte d’Alexandre Najjar», avoue Berge Fazlian, qui, indique, axer son travail de mise en scène sur la simplicité, «paradoxalement pas toujours facile à atteindre» et «le respect du verbe». «Ce qui compte pour moi, ce n’est pas simplement de remplir l’œil, mais surtout de faire passer le message». Il explique que sa démarche artistique est semblable à celle de Rodin, qui disait : «Je prends la pierre, j’enlève les parties inutiles, la statue sort». Une heure quarante-cinq minutes, sans entracte, «pour ne pas casser le fil de la pièce», des scènes courtes, façon séquences, un sujet historique mais toujours d’actualité, un texte savoureux saupoudré d’humour noir, Le Crapaud – qui est placé dans le cadre des festivités du Sommet de la francophonie – promet donc d’être un spectacle de qualité. Du 1er au 11 mars 2001, à 20h30. Z.Z.
C’est presque inéluctable, à chaque fois qu’un auteur libanais s’attaque à l’écriture dramaturgique, il en confie la mise en scène à Berge Fazlian. Il y avait ainsi eu Zanzalakht de Kaysam Mahfouz en 1968, al-Maoussam (La Saison) de Houda Zakka en 1970 ; Une fille nommée Liberté de Vénus Khoury-Ghata en 1973, etc. Alexandre Najjar n’a pas failli à cette «tradition». Le...