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Actualités - CHRONOLOGIES

CORRESPONDANCE - Pour le « V Day » (contre la maltraitance des femmes) - « Les Monologues du vagin » - dans les théâtres universitaires

WASHINGTON-Irène MOSALLI Le «Jour V» (pour dénoncer la violence contre les femmes) a été fixé au 14 février. C’est là le revers noir de la médaille frappée aux couleurs roses de la Saint-Valentin. Cette journée avait été instituée en 1998 par l’actrice-auteur dramatique Eve Ensler, à qui l’on doit une pièce de théâtre qui continue à faire un tabac et qui s’intitule Les Monologues du vagin. Spectacle qui, depuis le 14 février est inscrit à l’affiche de 250 théâtres américains, en grande partie universitaires, dans le cadre d’une campagne en faveur des femmes victimes de maltraitance de toutes sortes. Les bénéfices des représentations iront à des associations qui leur viennent en aide. Le titre de cette pièce peut, de prime abord, choquer, faire sursauter, horrifier, rebuter et déranger. Là n’est pas l’intention première de l’auteur qui, avant tout, veut dévoiler les affres et les souffrances des femmes qui sont violenteés à tous les niveaux : par le viol et autres abus sexuels, dont l’excision, par les châtiments corporels et l’exploitation personnelle et professionnelle. Eve Ensler n’a pas peur des mots et invite le public à se débarrasser des tabous inutiles, d’abord pour mieux se comprendre soi-même et ensuite, pour regarder en face des situations et des états réels sur lesquels on préfère généralement fermer les yeux ou que l’on subit sans en chercher les raisons profondes. Aujourd’hui, sa pièce, (dont la première avait eu lieu en 1996), se joue partout dans le monde. Ce mot qui choque Ensler a donné à son spectacle, qui dure 90 minutes (et que l’on a vu à Washington, superbement interprété par les étudiants de l’Université George Washington), une remarquable structure théâtrale qui lui a permis de traiter un sujet délicat sans avoir à mâcher ses mots ni à donner dans la trivialité. Forte de ses convictions profondes, de l’importance du message qu’elle veut convoyer et d’un style d’écriture mêlant humour, poésie et réalisme, elle a pu avoir le luxe d’appeler un chat un chat. Ceci pour produire un choc positif chez son auditoire. Ce qu’elle lui dit ? La nécessité de bien connaître son corps, tout son corps pour être à son écoute, savoir dialoguer avec lui afin de vivre totalement en harmonie avec toutes ses pulsions. Sans les craindre. Pour pouvoir surtout en cas de blessures et d’agressions physiques ou morales ne pas se sentir indéfiniment vaincu et diminué. Si le mot vagin, que l’on a généralement peine à prononcer, est le principal acteur de la pièce (il devient ici un partenaire avec lequel on dialogue et qui va aussi de ses monologues), c’est pour qu’il devienne une catharsis et qu’il incite les femmes à réaliser qu’elles sont les propres maîtresses de leur corps. Et dans le plaisir et dans la douleur. Tout au long du spectacle on pactise avec ce compagnon, on badine avec lui, on lui fait part de ses craintes, on apprend à mieux le découvrir. Les douze jeunes interprètes prennent l’avant scène à tour de rôle et souvent se font écho comme dans les chœurs grecs. Le texte est basé sur des interviews effectuées auprès de plus de cent femmes, de différentes nationalités et de diverses orientations. Le moment le plus poignant est celui où sont évoquées les milliers de femmes bosniaques violées. Le cri de l’une d’elle : «Je ne me connais plus, je me suis désertée, je vis ailleurs qu’en moi-même et je ne sais pas où c’est ailleurs». Et le chœur psalmodie : «Chaque 2 minutes, une femme est violée, chaque 15 secondes une femme est battue, environ deux millions de femmes subissent une excision chaque année». Cette pièce veut participer à faire baisser ces chiffes pour que les femmes ne soient plus atteintes dans leur dignité, pour les rassurer et qu’elles ne se sentent plus dépendantes du bon vouloir des autres. Dans tous les domaines. Alors, dit l’auteur, le monde serait meilleur. Un monde lui aussi menacé par les agressions du progrès et sa kyrielle de pollutions et de défigurations de l’environnement. Pour Eve Ensler, ce qui est politiquement correct, c’est le fond et non la forme. Son spectacle a mobilisé un grand nombre de stars hollywoodiennes qui ont tenu à l’interpréter pour participer à l’arrêt de la violence. Jane Fonda a fait une donation d’un million de dollars dans le cadre de la campagne du «V-Day» et la chaîne de télévision HBO diffusera un documentaire à ce sujet, l’automne prochain.
WASHINGTON-Irène MOSALLI Le «Jour V» (pour dénoncer la violence contre les femmes) a été fixé au 14 février. C’est là le revers noir de la médaille frappée aux couleurs roses de la Saint-Valentin. Cette journée avait été instituée en 1998 par l’actrice-auteur dramatique Eve Ensler, à qui l’on doit une pièce de théâtre qui continue à faire un tabac et qui s’intitule Les...