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Actualités - CHRONOLOGIES

FESTIVAL - Conte et monodrame, ce soir au Monnot - Parvathy Gopalan Naïr chante, - danse et dessine le mysticisme hindou

Ce soir, 20h30, Parvathy Gopalan Naïr, jeune conteuse indienne ( elle a 24 ans et en paraît dix ans de moins), racontera, peindra et chantera des contes baul de l’Inde du Nord. Mme Françoise Gründ assurera la traduction simultanée en français. Les instruments utilisés ? L’ektara (sorte de guitare à une corde), le duggi (batterie) et … des cloches aux pieds. Parvathy vit à Trivandrum dans l’état de Kerala , Inde. Elle chante depuis qu’elle était toute petite. Premières chansons apprises : les airs folkloriques fredonnés par les pêcheurs, au bord de la rivière. Plus tard, elle entreprend des études de dessin à l’université de Santhiniketan. C’est dans cette ville qu’elle entend pour la première fois le chant des bauls. Révélation. «Je me suis retrouvée pleinement dans cette musique». Les bauls sont des chanteurs mystiques itinérants. Le mot baul vient du sanscrit “batul”, qui veut dire “fou”. «Aujourd’hui il ne faut pas l’entendre de la même manière. Le baul est fou par sa façon de vivre et sa philosophie», note Parvathy. Cette folie, c’est son but. Il tend vers elle et la considère comme un code de conduite. Il ne doit faire qu’un avec tout ce qu’il croise sur sa route : lorsqu’il écoute une chanson, lorsqu’il respire un parfum, lorsqu’il découvre un goût, lorsqu’il contemple un paysage, lorsqu’il caresse un tissu, les cinq sens s’unissent pour toucher la plus intime profondeur du cœur et de l’âme et pour le relier avec l’univers qui l’entoure. De même que le sucre plongé dans l’eau se dissout pour devenir le liquide lui même, le baul se sent enveloppé par le tout de la création. «Il n’y a pas de plus beaux trésors que ceux que l’on trouve en soi». Le baul n’a pas de chez lui, parce qu’il est chez lui partout, tous les pays peuvent être le sien. Il ne fait pas de différences entre les castes, les hommes et les races. Les bauls sont à l’origine issus des basses couches sociales et, en tant que ménestrels, voyageant de village en village, ils ne gagnent que peu, ne vont pas à l’école, et sont donc souvent illettrés. Mais loin d’être ignorants, ils étalent une formidable réserve de savoir oral : textes sacrés, mythologies, littérature séculaire et folklore. «Nos chansons sont également source pour mieux comprendre les hommes et le monde dans lequel nous vivons», dit Parvethy. La richesse de leur tradition s’exprime de tous côtés, à chaque moment, à chaque endroit. «Presque rien n’a été couché sur le papier. Tout est transmis de gourou à disciple, d’une génération vers la suivante», explique Parvathy. Évoluant selon les caprices du temps, des situations et des gens. Où, quand et comment ces richesses sont apparues, il s’agit là bien moins d’un processus intellectuel logique que de l’inspiration de l’émotion et des sentiments du cœur . Mais le principal exercice du baul est le Sadhana : la méditation, le yoga. Les bauls pratiquent le «Aarope Sadhana» : le yoga par la respiration. En contrôlant l’air que l’on respire, on comprend le fonctionnement de son corps, de ses nerfs et des cinq sens. Il est par la suite possible d’atteindre la connaissance de soi et des autres, de l’Humain, de «Maner Manush» : l’âme. Cette connaissance ne peut être atteinte sans l’aide d’un guide : le gourou. Il est la lumière qui montre le chemin, et aide à découvrir le trésor caché au fond de soi. «De nombreux poètes et philosophes ont écrit des textes pour les bauls. Le plus célèbre est Rabindranath Tagore qui a été très influencé par leur musique et leur philosophie, et qui a composé beaucoup de chansons. Mais les bauls n’ont pas de temps pour l’intellectualisation, préférant exprimer les vérités fondamentales directement et poétiquement. Par-dessus tout, les bauls savent, tout en restant libres de dogme», raconte la jeune indienne. Bien que la plupart des bauls soient profondément religieux, ils suivent rarement une doctrine déterminée, et sont l’unique exemple d’intégration religieuse dans un pays où les flambées de violence entre musulmans et hindous resurgissent souvent. Bien que de multiples différences de terminologie, d’observances religieuses et de milieux sociaux séparent les bauls hindous et musulmans, un esprit commun les unit. Les deux respectent les vérités essentielles de l’islam et de l’hindouisme, et mettent de côté les aspects qui séparent chacune des deux religions. «Si les êtres humains sont le dénominateur commun de chaque religion, alors pourquoi ne pas aimer l’humanité ?» Toute cette philosophie est présente dans les contes baul. On retrouve, dans les récits de ce soir, l’alliance-amour de Radha et Krishna qui n’est pas juste un ancien mythe. «Il s’agit d’un thème éternel où le principe féminin au plus pur sens du terme (Radha), la passion insatiable et désintéressée de l’adepte pour son bien-aimé répond au principe masculin (Krishna), fait de béatitude et d’amour extatique. Le plaisir sublime de leur union représente le plus haut stade de la conscience». Le tantrisme au Bengale, avec le culte de Kali et Shiva, est très émotionnel et a inspiré bon nombre de chansons bauls. Les sufis, avec leur amour-mysticisme et le riche symbolisme de leur poésie, ont également apporté une contribution au mouvement. Pour eux aussi, Dieu se cache au sein des êtres humains et l’esprit se mêle à la chair. Et l’éternel message «peace and love» à la clé. Ces contes initiatiques prêchent la non-violence, la compassion. «Dans ce monde en mutation, et les problèmes qui nous assaillent , les soucis quotidiens, la pauvreté ou l’ambition démesurée , l’être humain s’oublie. Il est très important que l’on puisse s’arrêter un moment et méditer sur soi. Qui sommes-nous, que faisons-nous, où allons-nous.» Elle poursuit : «Il est essentiel de s’aimer soi-même. Et d’être ouvert à la vie et ses expériences». À travers leur musique et leur philosophie, les bauls apportent confort, joie et conseils. Rendez-vous ce soir, pour quarante-cinq minutes, avec toutes ces bonnes choses.
Ce soir, 20h30, Parvathy Gopalan Naïr, jeune conteuse indienne ( elle a 24 ans et en paraît dix ans de moins), racontera, peindra et chantera des contes baul de l’Inde du Nord. Mme Françoise Gründ assurera la traduction simultanée en français. Les instruments utilisés ? L’ektara (sorte de guitare à une corde), le duggi (batterie) et … des cloches aux pieds. Parvathy vit...