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Actualités - BIOGRAPHIES

« B », au-dessus de tout soupçon

Pendant plus de 15 ans, il a floué tout le monde : ses proches, ses collègues du FBI et même ses contacts russes qui ignoraient jusqu’à son identité : Robert Hanssen était l’espion parfait, une taupe au-dessus de tout soupçon. Pour Moscou la soviétique, puis la russe, il était «B», un espion anonyme qui, pendant 15 ans, leur a transmis des secrets défense, les noms d’agents doubles et les méthodes de surveillance utilisées par les États-Unis dans ses activités de contre-espionnage. Pour les Américains, c’était un bon père de famille. D’allure élégante, sans flamboyance aucune mais aimable et souriant, Robert Hanssen menait un train de vie à l’avenant, plutôt conventionnel dans une maison sobre et traditionnelle d’une banlieue de Washington, en Virginie. Pour lui, il est «Ramon», son nom de code, l’espion à l’origine du pire cas d’espionnage de l’histoire du FBI. Marié et père de six enfants, religieux pratiquant, Robert Hanssen, 56 ans, avait le profil idéal de l’agent tout entier dévoué à son pays, après 27 ans d’une carrière exemplaire au sein du contre-espionnage américain au sein du Bureau fédéral d’investigation (FBI). «L’un des nôtres», dira de lui l’Attorney général (ministre de la Justice), John Ashcroft, comme pour mieux souligner la douleur de la trahison. À Vienna, en Virginie, dans le quartier résidentiel, où résidait «Bob», comme l’appelle ses proches, c’est le choc. Aucun des voisins n’ose croire à la nouvelle. «J’ai appelé quatre amies ce matin. Ça n’est pas possible, pas Bob. Ça ne pas être Bob», lance Nancy Cullen, qui connaissait bien Hanssen. Né le 18 avril 1944, à Chicago (Illinois), Hanssen décroche un diplôme d’expert-comptable et apprend le russe. Après un passage au sein de la section financière de la police de Chicago, il entre au FBI en 1976. À New York en 1985, il dirige la division du renseignement du FBI local, où il est chargé tout spécialement de surveiller les activités de la mission diplomatique russe à l’Onu. C’est là qu’il bascule. Le 4 octobre 1985, il envoie une lettre anonyme à un officier du KGB en poste à l’ambassade soviétique à Washington. «Cher Monsieur Cherkashine, Dans quelques jours, je vais envoyer une boîte de documents (...) dont certains sont extrêmement sensibles (...) Je pense qu’ils sont suffisants pour mériter un paiement de 100 000 dollars», écrit-il. Comme gage de sa crédibilité, il livre les noms de trois espions soviétiques en poste aux États-Unis et recrutés comme agents doubles par les services secrets américains. Hanssen est-il mû par l’appât du gain ? Toujours est-il que les 100 000 dollars ne seront qu’un acompte. En 15 ans, l’espion américain empochera au total 1,4 million de dollars, 600 000 directement en liquide et 800 000 sur un compte bancaire bloqué à Moscou. Il suggère aussi des paiements en diamants et demande à ses protecteurs de prévoir un plan pour lui permettre de quitter les États-Unis au cas où les choses tourneraient mal. Pendant 15 ans, «B», alias Ramon, alias Hanssen, ne sera pas inquiété. Dans une lettre l’an dernier à son contact russe, cet espion peu ordinaire livrait une étrange clef sur sa motivation. «J’ai décidé de suivre cette voie quand j’avais 14 ans. Je venais de lire le livre de Philby». Harold «Kim» Philby, le célèbre double agent britannique de l’après-guerre qui, mû par ses convictions marxistes et sa haine de l’Occident, alimentera Moscou en secrets jusqu’à sa défection à l’Est en 1963.
Pendant plus de 15 ans, il a floué tout le monde : ses proches, ses collègues du FBI et même ses contacts russes qui ignoraient jusqu’à son identité : Robert Hanssen était l’espion parfait, une taupe au-dessus de tout soupçon. Pour Moscou la soviétique, puis la russe, il était «B», un espion anonyme qui, pendant 15 ans, leur a transmis des secrets défense, les noms d’agents...