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Actualités - BIOGRAPHIES

STYLISME - Une collection toute en étoffes « orientales » - Khaled el-Masri, ou la tradition revisitée…

Des robes amples de princesses orientales, à la coupe et aux couleurs sobres, rehaussées d’ornements en argent frappé ancien ; des tenues évanescentes, toutes en superposition de voiles et d’organdis, agrémentées de broderies délicates en perles ; des robes à bretelles fines toutes simples accompagnées de manteaux abayas du soir, coupés dans des tissus nobles… Khaled el-Masri est un jeune designer qui s’inscrit à contre-courant du stylisme occidental, aussi bien sexy qu’androgyne. Ses créations sont au contraire inspirées du patrimoine oriental, qu’il revisite, pour en sortir une ligne fluide, teintée de féminité douce et contemporaine. Khaled el-Masri a fait des études de stylisme (son rêve depuis l’âge de 12 ans) à l’Institut Seycoli de Milan. Trois ans, clôturés par un défilé (réservé pour les meilleurs étudiants) de ses premières créations sous l’égide de la Chambre de couture milanaise. Dès le départ, Khaled el-Masri sait quelle direction prendre : revivifier le costume oriental, lui donner un souffle de modernité. Son diplôme en poche, il quitte l’Italie pour une tournée prospectrice des pays du Maghreb. «Une région où la broderie et le tissage traditionnels sont encore vivaces», indique-t-il. Durant un an et demi, il fait la navette entre les pays du bassin méditerranéen, ceux du nord de l’Afrique et l’Italie, à la recherche d’étoffes artisanales. Puis se plonge, pendant deux ans, dans les livres d’histoire du costume et des textiles, avant de rentrer définitivement au Liban. Il commence par collaborer avec Nadia Khoury (la styliste des abayas de la Maison de l’artisan libanais de Aïn el-Mreisseh). Et conçoit, en parallèle, les costumes de scènes de plusieurs pièces, avant de se lancer en 1999 dans l’aventure de la haute couture, en ouvrant sa propre maison-atelier à Aïn-el-Mreisseh (immeuble Kaddoura, près du Hard Rock Café). Pièces artistiques L’appartement ancien, qu’il a lui-même décoré, est à l’image de ses créations : un mélange de tradition et de modernité. Les deux pièces centrales, ouvertes l’une sur l’autre, servent de présentoir au style de Khaled el-Masri. Une baie vitrée en triple arcade, du marbre blanc au sol, des poutres foncées au plafond, au centre desquelles pendent deux lustres de cristal. Des murs blancs contre lesquels sont exposées d’un côté une magnifique abaya en soie sauvage plissée accordéon, placée dans une niche sous verre, et de l’autre, deux superbes robes, portées par des cintres en fer, suspendus à des fils de fer au plafond et éclairées par des mini-spots. Un bureau, en métal et verre, lové à l’autre bout de la salle, et de part et d’autre, déployées sur les murs latéraux, deux robes, véritables œuvres d’art. C’est dans ce magnifique espace épuré qu’il dessine, imagine et fait réaliser ses modèles. Six couturiers et petites mains ainsi que quatre brodeuses travaillent dans les salles attenantes. Les étoffes sont le matériau de base de Khaled el-Masri. Qui n’aime rien tant que les tissus utilisés depuis la nuit des temps dans la région du Proche-Orient. Il sélectionne ainsi, avec soin, la soie ou le brocart syriens, le «malas» égyptien ou irakien (tissu très fin qu’on peut froisser et cloquer), le «najaf» (poils de chèvre utilisés traditionnellement dans la confection des abayas), ainsi que le «suzani» d’Ouzbékistan, «entièrement brodé à la main par de toutes jeunes filles, à l’origine pour leur trousseau de mariage». Après le tissu, vient la broderie : fine, délicate, posée par détails, le long d’une manche, sur un plastron. En perles de verre, au fil d’argent, ou en mohair formant un motif végétal ou géométrique inspiré des tapisseries ou tapis anciens. «Cette saison, j’ai beaucoup travaillé la broderie en calligraphie», dit le couturier. Une note «intellectuelle» qui s’accorde avec la «muse» de Khaled el-Masri : «une femme raffinée et cultivée, qui charme par sa personnalité et non par ses mensurations ou ses formes parfaites». Autre innovation de la saison : l’introduction du «iigal» (le double cordon qui sert la keffieh) dans ses robes, en plastron ou en motif sur les manches gigognes, qu’il prise particulièrement. Toujours ce mélange d’ancien et de moderne.
Des robes amples de princesses orientales, à la coupe et aux couleurs sobres, rehaussées d’ornements en argent frappé ancien ; des tenues évanescentes, toutes en superposition de voiles et d’organdis, agrémentées de broderies délicates en perles ; des robes à bretelles fines toutes simples accompagnées de manteaux abayas du soir, coupés dans des tissus nobles… Khaled...