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Actualités - CHRONOLOGIES

Relations libano-syriennes - Sfeir a évité toute déclaration fracassante - Bkerké entend laisser ses chances à l’initiative Boutros

Tout le monde a relevé l’extrême self-control du patriarche Sfeir face à la fin de non-recevoir syrienne de sa demande de redéploiement. On sait en effet qu’après les propos du président Assad à ce sujet, le prélat s’est contenté de dire qu’il garderait pour lui son opinion. Mais ne va-t-il pas lors de sa tournée nord-américaine s’épancher auprès de la colonie libanaise dans ce continent ? Des sources fiables répondent que le cardinal s’abstiendra, lors de ce périple, de toute déclaration fracassante sur les relations libano-syriennes. Pour laisser à l’initiative de conciliation de M. Fouad Boutros toutes ses chances. Ou, plus exactement, pour attendre de voir si l’ancien ministre choisit de poursuivre sa médiation ou d’y mettre un terme. En considérant, par exemple, qu’elle devient tout à fait inutile après la nette prise de position adoptée par le chef de l’État syrien au quotidien ach-Chark al-Awsat. En bonne logique cependant, avant de prendre une décision dans un sens ou dans un autre, le médiateur va tenter d’obtenir un complément d’information sur les intentions réelles de la direction syrienne. Et sur les motifs de l’attitude affichée par le président Assad comme sur le choix de son timing. Bien évidemment, ce ne sont pas les interprétations qui manquent à ce propos sur la scène locale. Selon des tenants de la ligne dure loyaliste, partisans de l’apartheid, «le jeune chef de l’État syrien tient à mettre les points sur les i à l’adresse des fractions qui ont pu croire qu’après la disparition de son père la Syrie allait changer de cap. Pour réaliser leurs rêves». Mais d’autres sources du même camp soutiennent qu’il ne faut pas «faire d’amalgame : la teneur des propos du président Assad n’affecte pas du tout sa volonté de laisser lui aussi toute sa chance à l’initiative de M. Boutros. En vue d’un dialogue sincère avec toutes les parties libanaises qui sont de bonne foi. Un échange qui devrait, en fin de compte, déboucher sur des résolutions prises en commun au niveau des autorités des deux pays pour assainir et clarifier les relations bilatérales». Les mêmes sources estiment «raisonnable de penser que le président Émile Lahoud souhaite voir le patriarche Sfeir faire montre de retenue dans ses interventions devant les Libanais des États-Unis et du Canada. Par égard pour la gravité de la phase présente. Qui, après l’avènement de Sharon en Israël, requiert un appel de tous à l’unité comme à la solidarité nationale. Ce que ne favoriserait pas l’évocation de thèmes comme la souveraineté, l’indépendance ou l’autonomie de décision qui restent comme on sait des sources de divisions aussi bien au sein des communautés d’émigrés que dans le pays. Surtout quand on lie la sauce en insistant sur cette présence militaire syrienne qui suscite tant de susceptibilités, de part et d’autre». Ces loyalistes ajoutent en substance, sans trop se rendre compte qu’ils tentent ainsi de donner des conseils au patriarche, qu’il faut «pour l’heure donner surtout de l’espoir aux émigrés afin de les encourager à retourner au Liban et à y investir. Il est donc nécessaire de leur tenir des propos optimistes, pour dissiper les sentiments de découragement ou d’amertume qu’ils peuvent éprouver à l’égard de la mère-patrie». Où, comme nul ne l’ignore, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes comme le disait Voltaire, maître suprême de l’ironie. Il reste que ces fidèles du pouvoir ont un peu l’air de prêcher un converti, si l’on peut s’exprimer aussi familièrement. Dans ce sens que Bkerké a déjà fait comprendre qu’il n’entend pas jeter de l’huile sur le feu, tant que la médiation de M. Boutros n’est pas morte. Mais, bien évidemment, si l’ancien ministre devait faire savoir qu’il renonce à sa mission, il est peu probable qu’en Amérique ou ailleurs le patriarche continuerait à mettre en sourdine sa campagne pour les constantes nationales. Sur lesquelles devrait se fonder une véritable entente entre Libanais. Cela étant, on attache naturellement à l’Est beaucoup d’importance à la visite que le pape doit effectuer en Syrie en mai prochain. Et il n’est donc pas exclu que la trêve non dite concernant les rapports avec Damas court jusqu’à cette échéance.
Tout le monde a relevé l’extrême self-control du patriarche Sfeir face à la fin de non-recevoir syrienne de sa demande de redéploiement. On sait en effet qu’après les propos du président Assad à ce sujet, le prélat s’est contenté de dire qu’il garderait pour lui son opinion. Mais ne va-t-il pas lors de sa tournée nord-américaine s’épancher auprès de la colonie...