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Actualités - ANALYSES

La visite de Prodi, un indice encourageant

Le président de la Commission européenne, M. Romano Prodi entame ce jeudi par le Liban une tournée qui doit ensuite le mener en Syrie et en Jordanie. Ce tour de table des pays voisins d’Israël, fixé au lendemain d’élections dont nul n’ignorait l’issue, constitue en langage diplomatique un geste de réconfort, sinon de soutien marqué. Bien entendu, l’aspect psychologique de la démarche ressort dans ce pays, maillon faible de la chaîne, plus nettement qu’ailleurs. Officiellement, M. Prodi se propose d’entretenir la flamme des bons rapports méditerranéens et de garder à l’Europe sa présence dans cette région du monde, ainsi que son rôle de partenaire d’appoint dans le processus de paix. Mais il est clair que dans la situation issue de la victoire du Likoud, la mission de la Commission vise avant tout à calmer un jeu qui risque de s’emballer très vite. Et si l’on ne peut opérer sur des esprits israéliens échauffés au maximum, on se tourne vers les pays arabes limitrophes de l’État hébreu pour les inviter – le Liban surtout– à ne donner à Sharon aucun prétexte d’attaquer. C’est du moins ainsi qu’à Beyrouth les professionnels interprètent la visite de Prodi. À noter à ce propos qu’après le dangereux défi que constitue l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon, les observateurs prévoient pour bientôt un sommet de concertation libano-syrien. Il s’agira d’élaborer un plan pour parer à toute éventualité. Et pour se répartir les missions, sur le plan diplomatique, afin de contrer les visées du faucon sioniste. Mais le contact avec M. Prodi revêt pour le pouvoir local une importance plus spécifique et plus tangible. Dans ce sens que le Liban place beaucoup d’espoirs dans l’aide européenne pour son redressement économique. D’autant que, comme avec tant de hautes figures de cette planète, notre président du Conseil milliardaire entretient avec le président de la Commission des liens solides d’amitié personnelle. Le volet économique (et financier) est donc soigné aux petits oignons. Les responsables locaux ont préparé des dossiers fournis, chacun dans son domaine. Et de leur côté, les ambassadeurs européens ont eu le bon goût de se réunir pour élaborer de leur côté une sorte de plaidoirie chiffrée en faveur des requêtes libanaises, qu’ils remettront à M. Prodi. Cette séance de travail préparatoire a permis aux diplomates de faire le point sur les relations libano-européennes en général, sur les relations bilatérales de leurs gouvernements respectifs avec ce pays en particulier. Et de peaufiner un plan de répartition des rôles comme des assistances ciblées qui pourraient nous être fournies. Pour être honnête, il convient de signaler que les chancelleries n’ont pas manqué de rappeler à cette occasion les observations, pour ne pas dire les reproches, que leur inspire la ligne suivie par le pouvoir libanais actuel. Ces remarques portent surtout, on l’aura facilement deviné, sur le non-envoi de l’armée au Sud. Par contre, sur le plan économique, les diplomates européens délivrent un satisfecit au gouvernement Hariri, qui libère les taxes douanières et encourage de diverses manières les investissements, pour stimuler la relance et la croissance. Cet appui est cependant assorti d’une mise en garde concernant le trop lourd endettement public du pays, dans l’esprit des admonestations du président de la Banque mondiale, M. Wolfensohn. Des avertissements dont nos responsables affirment vouloir tenir compte. En misant sur les privatisations comme sur ce retour des capitaux que M. Hariri tente de susciter par ses voyages dans les capitales cossues. Un effort qui est certes apprécié par les organismes économiques. Qui estiment toutefois qu’il faut un plan complet de sauvetage économique, ce que M. Jacques Sarraf, président de l’Association des industriels traduit dans la formule «un Taëf économique». De son côté, l’expert Élie Yachouhi propose un colloque de détermination qui réunirait spécialistes et officiels.
Le président de la Commission européenne, M. Romano Prodi entame ce jeudi par le Liban une tournée qui doit ensuite le mener en Syrie et en Jordanie. Ce tour de table des pays voisins d’Israël, fixé au lendemain d’élections dont nul n’ignorait l’issue, constitue en langage diplomatique un geste de réconfort, sinon de soutien marqué. Bien entendu, l’aspect...