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Actualités - REPORTAGES

Carthage entre les Perses et les Grecs

Colonie phénicienne fondée selon la tradition vers la fin du IXe siècle avant Jésus-Christ, environ une cinquantaine d’années avant Rome, elle eut des débuts difficiles. Il fallut se défendre contre les tentatives d’infiltration des colons grecs, établis sur le littoral de la Cyrénaïque, et contre les incursions des tribus pillardes indigènes. Les Carthaginois y parvinrent à la suite d’une longue guerre dont on trouve de vagues échos dans la légende des frères Philènes recueillie par Salluste. Admirablement servis par leur position géographique au centre du monde méditerranéen, ils devinrent à la fois marchands, courtiers et explorateurs. Après la mainmise de Cyrus sur Tyr, la cité-mère, Carthage prit sa place à la tête du commerce phénicien. Pendant que les Perses sont occupés à achever la soumission de l’Asie Mineure, elle se lance dans la voie des conquêtes impérialistes. C’est par la Sicile, dont elle a besoin pour assurer la sécurité de sa marine marchande et pour prendre pied sur le continent européen, que Carthage inaugure la longue suite des guerres qui vont lui apporter tantôt des triomphes éclatants, tantôt les pires désastres. Pour pouvoir s’emparer de Carthage, Cambyse avait besoin d’une flotte. Il la demanda aux Phéniciens qui refusèrent, ne voulant pas, au dire d’Hérodote, contribuer à combattre leurs propres enfants. Cambyse n’insista pas et préféra envoyer à la conquête de Carthage, par la voie du désert libyen, un corps d’armée qui y périt presque tout entier, englouti dans les sables. En se montrant à tel point conciliant, Cambyse avait commis une lourde faute dont la portée historique devait se révéler incalculable. Il avait à sa disposition des moyens de coercition largement suffisants pour mettre à la raison les marchands de Tyr. Le succès de son entreprise apparaissait d’autant plus certain que les Carthaginois se trouvaient alors engagés à fond dans le «guépier sicilien» et une lutte sur deux fronts était bien au-delà de leurs possibilités. Or, Carthage étant province perse, le plan de campagne d’Alexandre se serait traduit peut-être par une suite moins harmonieuse de triomphes et, qui sait, c’est un Hannibal perse que Rome aurait pu avoir à combattre trois siècles plus tard devant ses portes. Pendant qu’une partie de son armée errait à travers le désert, Cambyse conduisait l’autre à la conquête de l’Éthiopie. L’entreprise, couronnée de succès, touchait à sa fin, quand un courrier arrivé de Perse apprit au roi qu’un imposteur, se faisant passer pour son frère Bardiya, miraculeusement échappé à la mort, s’était emparé du trône et avait proclamé sa déchéance. Lâchant tout, Cambyse part précipitamment. Il meurt en route. Accident, meurtre, suicide dans un moment de folie ? On ne sait pas. Gérard Walter : «Le monde à la naissance d’Alexandre»
Colonie phénicienne fondée selon la tradition vers la fin du IXe siècle avant Jésus-Christ, environ une cinquantaine d’années avant Rome, elle eut des débuts difficiles. Il fallut se défendre contre les tentatives d’infiltration des colons grecs, établis sur le littoral de la Cyrénaïque, et contre les incursions des tribus pillardes indigènes. Les Carthaginois y...