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Actualités - OPINIONS

Une chaîne officielle pour quoi faire ?

Au-delà des problèmes financiers que pose l’information officielle, et Télé-Liban en particulier, il y a de toute évidence une réalité sociale dont il faudra tenir compte dans toute décision que le gouvernement prendra à ce sujet, et qui se résume en une question : les Libanais veulent-ils oui ou non d’une chaîne officielle ? Question corollaire : dans beaucoup de domaines, l’État n’est-il pas à leurs yeux un simple substitut au secteur privé ? Cette tendance à la désaffection pour la chose publique n’est pas propre au Liban. Elle se confirme ainsi dans les pays industrialisés où l’État devient plus un régulateur, un service d’utilité publique qu’une incarnation des aspirations d’une nation. Mondialisation oblige : le fait est que, d’une manière générale, l’économie a pris le pas sur la politique et les firmes multinationales jouent aujourd’hui un rôle souvent plus important que n’importe quel État dans le monde. John Kennedy l’avait déjà pressenti en disant à ses compatriotes américains : «Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays !». Revenons au Liban : à qui vont les voix durant les législatives sinon aux candidats susceptibles de rendre des services pratiques à leurs électeurs ? Revenons à Télé-Liban : qui voudrait d’une chaîne synonyme de gouffre financier ? Les députés bien intentionnés qui souhaiteraient en faire un média pédagogique et culturel s’attendent-ils donc à ce que leurs concitoyens, souvent des fans de feuilletons mexicains, s’enthousiasment pour un tel projet ? Le problème n’est pas la surtaxe. Gageons en effet que le Libanais n’est même pas prêt à investir une livre dans un projet qui ne lui en rapportera pas au moins le double. D’une manière plus générale, il se demande à juste titre : «Que fait l’État à part puiser de mes maigres ressources pour justifier son existence et permettre à une légion de fonctionnaires de survivre à mes dépens ?». Une question sur laquelle les dirigeants feraient bien de se pencher avant de prendre des décisions hâtives engageant l’avenir d’un peuple exsangue.
Au-delà des problèmes financiers que pose l’information officielle, et Télé-Liban en particulier, il y a de toute évidence une réalité sociale dont il faudra tenir compte dans toute décision que le gouvernement prendra à ce sujet, et qui se résume en une question : les Libanais veulent-ils oui ou non d’une chaîne officielle ? Question corollaire : dans beaucoup de...