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Actualités - OPINIONS

En plein dans l’Émile

Orson Welles, Woody Allen, Robert Altman, entre autres, considéraient leur film fait, fini, pesé et emballé à 80 % une fois le casting décidé. C’est très important un casting. Et il serait abusif de dire que le déjeuner de Bteghrine est raté. Même si son casting, dans son ensemble, est loin d’avoir été parfait. Les absents n’ont pas toujours tort. Personne ne souhaitait la naissance d’un front – cela aurait été une bien grosse, une bien puérile erreur. Personne ne s’attendait à ce que la date d’une nouvelle réunion soit fixée – sans véritable(s) objectif(s), cela n’aurait servi à pratiquement rien du tout. Personne ne prévoyait, à l’issue du déjeuner, autre chose que des mots, quelque chose qui ressemblerait de près ou de loin à une décision – cela aurait été trop beau. Le plus petit dénominateur commun entre toutes les personnes qui ont mangé ensemble samedi dernier à Bteghrine ? Leur opposition au président de la République. D’abord et surtout. Il est évident que beaucoup de reproches, de regrets, de critiques peuvent, en toute légitimité, être adressés au chef de l’État. Mais qu’on le veuille ou non, le Pouvoir, depuis Taëf, a été, est et sera – décideurs obligent – une troïka. Et c’est toute la troïka qui ne va pas. Il y a beaucoup de coups de poignards plantés dans le dos, au sein d’une troïka. Il peut aussi y avoir une inattendue et cocasse union sacrée entre les hommes de la troïka, lorsque ça commence à sentir le roussi. Et pour qu’enfin les choses commencent à avancer dans le bon sens, il faut que ça sente le roussi. Pour les trois hommes. En établissant la liste d’invités du déjeuner de samedi, on aurait pu s’en souvenir. Le mot d’ordre de Bteghrine ? Le dialogue. Sauf que le dialogue, pour être pleinement réalisé, être d’une efficacité redoutable et permettre au Liban d’évoluer, ne peut - ne doit - se faire qu’entre un pouvoir fort et cohérent et une opposition qui le serait tout autant. Pour la première condition, c’est encore un peu (trop) chimérique. Concernant la seconde, c’est largement faisable. À condition toutefois d’effectuer le bon casting, d’oublier les télés et les appareils photos – même si les Libanais aiment voir leurs leaders ennemis hier, rire ensemble aujourd’hui – et de ne reparaître qu’une fois créée une force de pression homogène, compacte et cimentée à 100 %. Voilà ce qui rendra heureux et peut-être à nouveau confiants, beaucoup, beaucoup de gens. En plein dans le mille, le déjeuner de Bteghrine ? Malheureusement pas et c’est bien dommage. Même complètement désillusionnés, les Libanais sont encore facilement impressionnables, fragiles. Ce sont des écorchés, les Libanais. Il est toujours aisé de les leurrer. La preuve...
Orson Welles, Woody Allen, Robert Altman, entre autres, considéraient leur film fait, fini, pesé et emballé à 80 % une fois le casting décidé. C’est très important un casting. Et il serait abusif de dire que le déjeuner de Bteghrine est raté. Même si son casting, dans son ensemble, est loin d’avoir été parfait. Les absents n’ont pas toujours tort. Personne ne...