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Actualités - ANALYSES

VIE POLITIQUE - Les rencontres sous-tendues par des divergences larvées - L’opposition reste soumise à d’étroites limites

Les rencontres entre adversaires de la veille organisées au titre du dialogue, ou pour paver la voie à la formation d’un front déterminé, ont peu de chances de déboucher sur des résultats solides. Et cela, pour les raisons suivantes : – D’abord, on ne peut oublier que nous sommes dans un pays où l’air démocratique, à l’ombre des considérations internes ou régionales, reste raréfié. Ce qui interdit, aux dires du président Sélim Hoss, tout exercice politique vraiment libre. – Ensuite, et surtout, les éléments de divergence entre les personnalités qui participent à de telles rencontres sont bien plus nombreux que les points de convergence. La hauteur de plafond n’est pas égale entre eux, et leur marge de manœuvre respective est variée. Leur popularité, leur dimension nationale ne sont pas identiques. Leurs vues de fond, leurs objectifs aussi, sont nettement différents. À tel point qu’ils ne sont pas en mesure d’adopter des positions unifiées par rapport aux grandes questions et se résignent à se laisser mutuellement toute liberté d’option. C’est d’ailleurs ce qui se produisait souvent au sein de l’ancienne Rencontre qui regroupait, sous le précédent régime, les présidents Hussein Husseini et Sélim Hoss ainsi que les députés Nassib Lahoud et Boutros Harb. – En ce qui concerne les relations, fondamentales comme on s’en doute, avec la Syrie, aucun bloc d’opposition constructive ne peut espérer entretenir avec Damas des rapports aussi privilégiés que ceux dont bénéficient le pouvoir et le régime. Comme il faut bien tenir compte de ce facteur, il y a fort à parier que sur nombre de questions la position de l’opposition issue de l’intérieur du système s’assimile pour le fond à celle du camp loyaliste. – Quand il y avait, dans ce pays, une vie politique active, libre et démocratique, les buts de l’opposition étaient bien tracés. Elle commençait en général par s’en prendre au gouvernement pour finir par attaquer le pouvoir en tant que tel. Or actuellement l’existence même d’une telle opposition est interdite. – Le dialogue capote d’entrée de jeu quand les protagonistes, comme c’est le cas aujourd’hui, ne sont d’accord ni sur le choix de sujets à débattre en priorité ni sur les parties qui peuvent, ou doivent, participer aux échanges. Ainsi le chef du gouvernement soutient que le Parlement, issu d’élections libres bien que fondées sur une loi électorale tronquée, est le lieu naturel de dialogue. Il précise que parler avec les parties qui ne sont pas représentées à l’Assemblée poserait un problème insoluble de sélection au niveau des personnes. Le président de la République estime de son côté que c’est le gouvernement, avec ses trente membres issus de différents horizons politiques, qui est habilité à initier le dialogue sur toutes les questions d’actualité. – Pour tout dire, il ne s’agit pas au fond de savoir qui va parler avec qui. Mais de quoi il faut débattre. Or sur ce plan, c’est un véritable tohu-bohu, chacun tirant à hue et à dia pour faire prévaloir le sujet qui lui importe, et qui n’est jamais le même. Il est assez évident dès lors que sans entente préalable sur un ordre du jour déterminé, il est vain de parler de dialogue, et partant de réconciliation nationale. D’autant qu’il existe des conditions préliminaires qui, elles non plus, ne sont pas identiques. Ainsi certains affirment qu’il est inutile de dialoguer s’il n’y a pas avant tout une loi d’amnistie s’étendant à M. Samir Geagea et si le retour du général Michel Aoun n’est pas assuré. D’autres affirment qu’il faut d’abord que tout le monde s’aligne sur la légalité et rentre dans son giron. Mais au sein même de ce camp loyaliste, les avis divergent. Certains voient que tout le secret de la stabilité réside dans la bonne harmonie entre les présidents. D’autres, que la cohésion interministérielle prime tout. Quoi qu’il en soit, la question qui se pose est de savoir si une quelconque opposition peut aujourd’hui se former en front uni. Aucun des leaders concernés n’avance une telle prétention. Pour la bonne raison que la mise en place d’un tel axe, dont le Liban d’avant-guerre avait connu plus d’un exemple, n’est matériellement pas possible. Car actuellement il existe un plafond que nul ne peut dépasser, à l’ombre de relations privilégiées que personne ne peut contourner. Pour tout dire, c’est une question de rapports. De force.
Les rencontres entre adversaires de la veille organisées au titre du dialogue, ou pour paver la voie à la formation d’un front déterminé, ont peu de chances de déboucher sur des résultats solides. Et cela, pour les raisons suivantes : – D’abord, on ne peut oublier que nous sommes dans un pays où l’air démocratique, à l’ombre des considérations internes ou...