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Actualités - REPORTAGES

DIPLOMATIE - Ce n’est qu’un au revoir pour l’ambassadeur d’Espagne - Mariano Garcia Munoz : l’heure de partir a sonné

«L’heure de partir du diplomate a sonné». C’est d’une voix empreinte d’émotion que l’ambassadeur d’Espagne Mariano Garcia Munoz annonce à ses nombreux amis son prochain départ définitif du Liban. «Les destinées des diplomates ressemblent un peu à celles des militaires», dit-il avec un sourire sur les lèvres. «Notre mutation dépend de raisons d’État et d’une consigne du ministère des Affaires étrangères». Le 16 septembre 1997, Mariano Garcia Munoz est affecté à Beyrouth après une longue expérience bordelaise. Beyrouth, qu’il quittera jeudi prochain pour Belgrade. Deux capitales qui se reconstruisent ! Voilà peut-être le plus petit commun dénominateur qui aurait un tant soit peu joué en faveur de sa nomination. «Pour moi, cette nouvelle affectation est une promotion. Il y aura beaucoup à faire dans cette ville qui abrite une grande ambassade d’Espagne, avec quatre diplomates attitrés, et un bureau commercial. Et surtout, il faudra s’occuper du contingent espagnol en stationnement au Kosovo», dit-il . Un pincement au cœur, deux soupirs et des regrets. Certes, le diplomate en a. Parce qu’il sait qu’il aurait encore pu faire davantage au niveau du rapprochement entre l’Espagne et le Liban. Tout s’est passé si vite ! Depuis son retour du congé de Noël, il prépare son départ dans les normes . Pour connaître le nom du nouveau diplomate qui sera en poste au Liban, il faudra attendre une vingtaine de jours encore, le temps d’obtenir officiellement l’agrément du gouvernement libanais à cette affectation. Le protocole dicte ses lois. Après trois ans passés au même poste, l’ambassadeur d’Espagne est à la disposition du ministère des Affaires étrangères qui peut ordonner sa mutation à n’importe quel moment. «C’est la règle du jeu , dit-il, De toute façon, ma période de grâce n’aurait pas pu dépasser la date butoir de juillet 2001». De l’économie à la culture N’avoir pas réussi à faire aboutir le protocole financier d’un montant de 105 millions de dollars signé par le chef du gouvernement de l’époque Rafic Hariri en juillet 1997 lors de sa visite à Madrid restera une déception qui a marqué sa carrière au pays du Cèdre. Ce prêt, qui aurait dû être échelonné sur une période de trente ans avec un taux d’intérêt de 1% et un délai de grâce de dix ans, était venu à expiration en juillet 2000. Renouvelé pour une durée d’un an lors de la visite officielle à Beyrouth du chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar, le protocole est devenu caduc en juillet dernier. «Je me suis toujours heurté à la routine administrative. Et je n’ai jamais pu obtenir de réponses claires de la part du Conseil du développement et de la reconstruction. Le Liban aurait pu profiter grandement de ces crédits pour financer des études de faisabilité et de projets de développement», confie-t-il. Sur le plan culturel, il aurait souhaité donner plus d’ampleur à son action. Les contraintes et les mauvaises surprises de dernier quart d’heures n’ont pas manqué, reportant l’ouverture de centres culturels espagnols à Saïda et à Tripoli et surtout le déménagement de l’Institut Cervantès qui a toujours pignon sur rue à Hamra. «Dans cet institut où près de deux mille personnes apprennent à parler et à écrire l’espagnol, on est à l’étroit dans un appartement de 300 mêtres carrés. Dans la bibliothèque, vous avez tout le temps peur de voir un livre vous tomber sur la tête», dit-il. Son séjour libanais lui aurait, malgré tout, apporté quelques satisfactions. En 2000, la langue espagnole a été retenue par les autorités libanaises comme deuxième langue étrangère facultative au baccalauréat libanais Il a d’autre part réussi à convaincre son administration de l’importance d’une réouverture en 1999 d’un bureau commercial espagnol à Beyrouth, le Liban étant, comme il se plaît à le répéter, «le centre commercial battant de la région du Proche-Orient». Et les résultats éloquents n’ont pas tardé à lui donner raison. Les ventes espagnoles au Liban ont atteint l’an dernier 132 millions dollars, soit une augmentation de 5,3% par rapport à 1999, et les exportations libanaises vers l’Espagne se sont élevées à 82 millions de dollars, enregistrant ainsi une hausse de 3,3%. Le diplomate avait par ailleurs initié en 1998 la première visite officielle d’un responsable espagnol dans notre pays. Il s’agissait de Ramon de Miguel, secrétaire d’Etat pour la politique étrangère . Cette visite a été suivie par celle du chef du gouvernement José Maria Aznar en juillet 1999. Felipe Gonzales était, rappelle-t-on, venu avant 1998 à Beyrouth au titre de président de l’Union européenne. Avenir prometteur Aujourd’hui, Mariano Garcia Munoz affirme entrevoir une lueur d’espoir et des lendemains prometteurs pour le Liban. Il faut dire qu’à un certain moment, le diplomate espagnol ne cachait pas sa déception et son pessimisme. «Il faut donner du temps au gouvernement pour faire ses preuves. Les échecs du passé servent souvent de leçons», dit-il. Pour lui, l’ouverture économique et politique de la Syrie ne pourra avoir que des retombées positives pour le Liban. Et le fait de n’avoir pas des économies complémentaires devrait accroître les avantages d’un éventuel partenariat. «Et c’est là le grand challenge», fait-il valoir. «Du temps mais aussi de la patience pour que les opportunités se décantent. Les Libanais ont un know how incontestable dans le domaine des services et ils sauront l’exporter et en profiter», assure-t-il. À l’occasion de ses multiples déplacements à l’intérieur du pays, Mariano Garcia Munoz n’a pu qu’être enchanté par la chaleur de l’accueil des Libanais. Grands et petits, pauvres ou nantis, ils auront montré une même hospitalité envers celui qui a toujours circulé dans le pays sans garde du corps. L’ambassadeur d’Espagne a sillonné toutes les villes du Liban, du nord au sud et de l’est à l’ouest. Et l’aide aux zones libérées au Liban-Sud ? La réunion n’a pas été bien préparée et les interventions politiques n’ont pas manquée de la saboter. «Pour une fois, les dates butoirs n’ont pas fait bouger les choses», dit-il. Entier et on ne peut plus humain, à chaque rencontre il vous faisait part de l’évolution de l’assistance espagnole aux handicapés, notamment à l’association Arc en ciel (voir encadré). Il est fier d’avoir apporté de la joie, et aussi un soutien inconsidéré aux handicapés. Des adieux, ce n’est certainement pas le cas. Le diplomate espagnol garde une partie de lui au Liban. Ce qu’il a de plus cher : Ana, sa fille de 26 ans, restera à Beyrouth. «Elle en a décidé ainsi», dit-il. Ana se plaît énormément à ce poste qu’elle occupe dans une des plus grandes agences de publicité de la ville. Vivre au sein de la société libanaise semble ne lui apporter que du bonheur. Et l’avenir pourrait peut-être lui réserver un jour des surprises... Pour Mariano Garcia Munoz, ce n’est qu’un au revoir.
«L’heure de partir du diplomate a sonné». C’est d’une voix empreinte d’émotion que l’ambassadeur d’Espagne Mariano Garcia Munoz annonce à ses nombreux amis son prochain départ définitif du Liban. «Les destinées des diplomates ressemblent un peu à celles des militaires», dit-il avec un sourire sur les lèvres. «Notre mutation dépend de raisons d’État et...