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Actualités - OPINIONS

Le capitaine Haddock, - sa barbe et la couverture

S’il met sa barbe au-dessus ou en dessous de sa couette pour dormir, le capitaine Haddock ? Le débat est intéressant, surtout entre tintinophiles avertis. Mais honnêtement, tout le monde s’en fout. Et si l’on s’en souvient bien, cette question qu’on lui a posée juste avant qu’il n’aille au lit l’a définitivement empêché de dormir la nuit durant. Tout cela est bien oiseux. Et bien secondaire. La taxe sur les télécommunications, c’est un peu la même chose, toutes proportions gardées. D’autant plus que, venant de la part du gouvernement, cette initiative a l’air de beaucoup ressembler au «quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la gale»... Payer 5 000 LL sur chaque facture pour renflouer une télévision des plus déliquescentes frôle l’indécence. Mais c’est bien secondaire. Le désaccord public entre l’Électricité du Liban et son ministre de tutelle, c’est aussi un peu la même chose. Qu’on interprète ou non la prescription sur les factures d’électricité qui remontent à plus de quatre ans comme une espèce d’incitation à la petite (ou grosse) délinquance, cette surréelle absurdité fleure bon l’insurrection civile généralisée. Mais c’est bien secondaire. L’empoisonnement de l’environnement du Libanais, la déplorable qualité de vie qui devient la sienne, l’utilisation intempestive des eaux méditerranéennes comme décharges publiques, ces moteurs diesels vendus illégalement depuis 1995 aux taxis service, nos dirigeants qui s’amusent à faire des trous, des p’tits trous encore des p’tits trous dans la couche d’ozone libanaise, c’est carrément honteux. Mais c’est bien secondaire. Que le sport national du Libanais lambda soit devenu le «moi je suis plus corrompu que toi et na !», que le Centre international pour la prévention du crime ait propulsé, sur base d’une enquête indiscutable, le Liban à la tête du hit-parade des pays les plus sclérosés par la corruption est une triste réalité, les sept plaies d’Égypte à elle toute seule. Mais c’est bien secondaire. La nomination d’un fonctionnaire, qu’il soit recteur de l’Université libanaise ou quoi que ce soit d’autre, et l’interminable polémique sur fond de compétence et de confessionnalisme qui s’ensuit – comme pour n’importe quel poste à pourvoir d’ailleurs –, sont une autre infection chronique et carabinée dont souffre le Liban. Mais c’est bien secondaire. Une cerise sur le gâteau : y a-t-il une différence entre la direction générale de la présidence du Conseil et le secrétariat général du Conseil des ministres et si oui laquelle ? Le quasi-pugilat entre le vice-président du Conseil et la noria de députés haririens est lourd de sens : le néant politique – ou presque – dans lequel sombre depuis trop longtemps le pays est affligeant, affolant, affreux. Mais c’est bien secondaire. C’est ça le drame : une flopée de dossiers, de problèmes, de trucs, de superficialités en tout genre, pour remplir les vides, les incommensurables vides, façon instinct de survie. Qu’est-ce qui n’est pas secondaire ? La visite de Joumblatt chez Omar Karamé, chez Nayla Moawad. Même le petit Canossa de Sleiman Frangié chez le patriarche Sfeir est important. La loi sur l’amnistie. La vraie coexistence islamo-chrétienne, plus sur le papier, mais dans les actes. On a toujours du mal à avaler la réalité, hein ? La preuve... Sans unité et autre réconciliation nationale d’abord, pas la peine d’espérer faire quoi que ce soit. Mieux vaut se contenter dans ces cas-là d’ergoter sur le pauvre capitaine alcoolique Haddock, sa barbe et sa couverture. Les poissons en ont plus que marre de se faire noyer.
S’il met sa barbe au-dessus ou en dessous de sa couette pour dormir, le capitaine Haddock ? Le débat est intéressant, surtout entre tintinophiles avertis. Mais honnêtement, tout le monde s’en fout. Et si l’on s’en souvient bien, cette question qu’on lui a posée juste avant qu’il n’aille au lit l’a définitivement empêché de dormir la nuit durant. Tout cela est...