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Actualités - REPORTAGES

Développement - Le CES opte pour la politique « des petits pas mesurés - R. Nasnas : « Nous voulons non seulement animer, mais provoquer le dialogue »

Le Conseil économique et social a démarré en douceur. Aujourd’hui, il présente un document de vision globale socio-économique. «Les missions qui lui sont confiées ne sont pas improvisées. Elles sont menées dans un cadre institutionnel et dans une transparence absolue», affirme Roger Nasnas, président du CES. C’est la politique «des petits pas mesurés» qui est de rigueur au sein du CES. L’enjeu est de taille : cet organisme veut être le lieu privilégié d’un dialogue interactif entre la société civile et l’État. Et il cherche à rendre les décisions économiques et sociales objectives en limitant les interférences politiques à ce niveau. Jeter les fondements solides et sains d’un fonctionnement du CES est alors apparue l’étape la plus délicate en prévision d’un démarrage des activités. «L’année 2001 sera l’année du démarrage réel du CES. Il fallait a priori donner corps à cet organisme dont le principe a été admis pour la première fois dans le cadre de l’accord de Taëf», souligne M. Nasnas. En fait, le CES n’a pas chômé. En moins de neuf mois, il a tenu six assemblées générales, et le bureau du Conseil s’est réuni depuis son élection régulièrement chaque semaine. Nombreux étaient les défis à relever. Il s’agissait de mettre au point les statuts, convenir d’un règlement intérieur et d’un autre financier, présenter un budget, choisir un siège et élire les comités de réflexion. Dès sa première rencontre, le bureau du Conseil a posé les jalons d’une stratégie en trois volets qu’il s’est attelé à mettre en place dans les meilleurs délais. Et la tâche s’est avérée moins dure que prévu, une réelle harmonie entre les membres s’étant manifestée tout au long du parcours. Aussi est-il nécessaire de préciser dans ce prolongement que l’assemblée générale du CES regroupe 71 représentants du patronat, des professions libérales, des syndicats, des organisations sociales, des coopératives, des émigrés et des hommes de lettres. Les huit comités de réflexion ont été formés sur base de listes consensuelles. Le document de vision globale socio-économique a, quant à lui, été entériné par deux tiers des membres de l’assemblée générale, soit à l’unanimité des présents. «L’expérience modeste du CES a montré que le patronat, les ouvriers et les autres composantes de la société civile sont en mesure de se réunir, de discuter et de convenir ensemble d’une réflexion profonde socio-économique», fait valoir le président du CES. Après avoir conforté ses assises sur la scène locale, fort du soutien des différentes forces actives économiques et syndicales, le CES a entamé une ouverture en force vers l’étranger. Un accord d’assistance et de coopération lie désormais le CES libanais à ses homologues français et de l’Union européenne. Le CES a d’ailleurs adhéré à l’Union internationale des conseils économiques et sociaux. laquelle regroupe soixante membres dont le Maroc et la Tunisie. Il est évident qu’il aurait été plus stimulant que les avis du CES soient contraignants. «Mais leur publication dans le Journal officiel, conformément aux décrets constitutifs, leur confère une force morale indéniable. Le CES cherche à mériter sa reconnaissance par la qualité de ses actions», fait valoir Roger Nasnas qui réaffirme par ailleurs sa détermination à vouloir non seulement animer le dialogue entre les composantes de la société civile et l’État, mais à aller plus loin en provoquant un tel dialogue tout en restant à égale distance des politiques. Les ambitions du CES ? Les responsables voient grand. Créer entre autres un observatoire national socio-économique et un centre de documentation. Cependant et jusqu’à nouvel ordre, les moyens semblent on ne peut plus limités. Les crédits alloués au fonctionnement du CES dans le cadre du budget général pour 2000, soit un milliard six cents millions de LL, n’ont été libérés que la semaine dernière. Pendant les premiers mois de son existence, le CES a en fait fonctionné en l’absence de fonds, les membres s’étant entendus entre eux pour financer divers travaux dont le plus saillant reste le document de vision globale socio-économique. Point de départ Dans sa présentation du document, le président du CES affirme que celui-ci contribuera à organiser la discussion autour de la relance économique et sociale et à en tracer les grandes lignes. Il se réfère aux différentes études, discussions et propositions effectuées par les différents organismes économiques et sociaux, les syndicats, les associations, centres d’études et les autorités publiques. «Ce document constitue un point de départ pour une action concertée et non point une formulation définitive d’un plan d’action général. Il s’agit d’une vision globale », dit-il. Et d’ajouter que « les ambitions actuelles du Conseil sont modestes étant donné que nous ne sommes qu’au début de nos opérations, et notre objectif présent est de contribuer dans la mesure du possible au programme de redressement national». Cette étude comprend un diagnostic de la crise dans sa dimension sociale et économique, surtout en ce qui concerne la régression de la croissance et la dégradation des conditions sociales. L’évaluation des faits et des réalités du terrain a été effectuée dans l’objectif d’analyser et de proposer des mesures pour surmonter la crise et assurer un nouveau départ. Elle analyse par ailleurs les principales options et les moyens pour mener à bien une réforme administrative et fiscale ainsi que d’autres stratégies de réforme. Ainsi, l’amélioration des ressources humaines relève aussi bien de l’éducation, de la formation et de la culture, que des affaires de la jeunesse et de l’environnement. «Nous sommes conscients du poids des contraintes internes et des défis posés par la globalisation, mais nous savons aussi que seuls des efforts sur ces deux plans nous permettraient de faire face à la concurrence internationale », souligne M. Nasnas. «C’est pourquoi le succès de toute réforme socio-économique nécessite d’abord un consensus politique national autour d’un programme de redressement. Ensuite, un consensus entre l’État et l’ensemble des organismes économiques, les employeurs, les forces productives et les fractions sociales sur le contenu du programme de redressement. Et enfin, fait-il valoir, une solidarité générale et totale autour d’un programme d’exécution progressive compatible avec la reprise de la croissance». M. Nasnas insiste par ailleurs sur le fait qu’en cette phase difficile et contraignante, la complémentarité entre le secteur public et le secteur privé est la garantie pour un partenariat solide dans le succès d’un plan de redressement global. Il est néanmoins important de convenir que le Liban traverse une phase charnière dans un environnement d’évolutions régionales et mondiales qui ont un impact sur son économie. Le président du CES met l’accent sur le fait que notre économie nationale requiert plus qu’une opération de réhabilitation, et nos efforts devraient se concentrer sur des actions qui vont plus loin que le ralentissement de l’hémorragie. Le redressement de notre économie nationale repose entièrement sur le développement du potentiel, sous-tendu par la question-défi suivante : quel sera le rôle économique du Liban au début du XXIe siècle ? «Il s’agit là d’une responsabilité collective, et comme nos prédécesseurs qui ont réussi à promouvoir la stabilité et la croissance au XXe siècle, les générations nouvelles doivent construire les fondements d’une nouvelle réussite libanaise», conclut-il.
Le Conseil économique et social a démarré en douceur. Aujourd’hui, il présente un document de vision globale socio-économique. «Les missions qui lui sont confiées ne sont pas improvisées. Elles sont menées dans un cadre institutionnel et dans une transparence absolue», affirme Roger Nasnas, président du CES. C’est la politique «des petits pas mesurés» qui est de...