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Actualités - REPORTAGES

Enseignement - Un dur constat pour Mrad - Les villages de Jbeil se vident par manque d’écoles publiques

Vétusté des locaux, équipements inexistants, bâtiments inadéquats, exode des élèves vers les écoles des villes, tel est le triste constat de la tournée qu’a effectuée hier le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Abdel-Rahim Mrad, en compagnie des trois députés de Jbeil, Abbas Hachem, Farès Souaïd et Nazem Khoury, dans une dizaine d’écoles publiques de ce caza. Une tournée consécutive au rapport de M. Abbas Hachem sur les immenses besoins du secteur éducatif dans la région, et qui a reçu l’appui de MM. Farès Souaïd et Nazem Khoury. La première en son genre depuis plus de 20 ans… Ils ne sont plus que cinquante élèves à fréquenter l’unique école primaire et complémentaire de Nahr Ibrahim, qui en recevait auparavant près de trois cents. Et pour cause : l’école, située au bout d’une montée étroite et très abrupte, est quasiment inaccessible. Pour répondre aux besoins de la population, la municipalité du village a pris la décision de construire un nouveau bâtiment, à côté de la municipalité, qui pourrait accueillir près de quatre cents élèves dans une première étape. «Nous sommes prêts à démarrer le projet», explique le président de la municipalité au ministre Mrad, tout en lui montrant les plans de la nouvelle école. Et d’ajouter qu’une aide de l’État serait la bienvenue. À l’école secondaire de Qartaba, l’accueil réservé à la délégation est des plus chaleureux, contrastant avec l’ambiance glaciale des salles de classe. Au centre de toutes les pièces aux murs écorchés, ce même poêle au mazout qui n’a de réchaud que le nom et qui dégage une odeur de combustible irrespirable. «Nous nous groupons tout près du poêle pour nous réchauffer, raconte un élève, mais nous sommes parfois contraints de sortir de la classe, à cause de la trop forte odeur de mazout qui règne». Et dans son discours, la directrice de l’établissement déplore l’exode des élèves vers la ville, à cause de la difficile ambiance de travail, du manque de chauffage, du mauvais état du bâtiment, mais aussi du manque d’enseignants et de matériel permettant l’application des nouveaux programmes. Une salle, une enseignante, deux classes Au village de Lassa, ce sont les locaux de la municipalité qui servent de salles de classe à treize enfants de la localité, alors que le manque de matériel se fait cruellement sentir. Une localité prête à céder un terrain de 4 000 m2 à l’État pour la construction d’une école centrale qui accueillerait tous les enfants des environs. «Comme vous pouvez le voir, explique le directeur de l’école, notre école est totalement démunie. Quant aux promesses, nous en avons reçu des tas, mais qu’en est-il de leur réalisation ?», demande-t-il. Deux minuscules caves d’une maisonnette pour le moins délabrée du village d’Afka servent de salles de classe à une vingtaine d’enfants, tous âges confondus. Dans chaque pièce, deux classes différentes, et une seule enseignante qui jongle entre deux cours. «Pendant que j’explique le cours aux élèves de neuvième, les élèves de huitième préparent les exercices», explique-t-elle. Si le village est disposé à offrir une parcelle de terrain pour la construction d’une école publique, les parents d’élèves, mécontents, accusent la direction d’avoir renvoyé des élèves ayant refusé d’exécuter des travaux de ménage à l’école. L’école complémentaire d’Ehmej accueille 105 élèves. Mais point d’école secondaire dans le village. «Notre rêve, confie la directrice de l’établissement à la délégation, est d’avoir une école secondaire, ici même à Ehmej. Car nos jeunes sont contraints à l’exode, alors que nous avons un taux de réussite de 100 % aux examens officiels». Et de déplorer le nombre important d’enseignants contractuels qui attendent toujours d’être cadrés et le manque de matériel pour l’application des nouveaux programmes. Dans les sous-sols de l’église de Kfarmashoun, 75 élèves attendent avec impatience l’arrivée de leurs hôtes de marque. Ils ont retenu, pour la circonstance, l’hymne national, en entier, accompagnés par une équipe de jeunes musiciens. Ils ont entonné en chœur un chant d’accueil qui a suscité les applaudissements des officiels présents. Mais ils n’ont pas oublié de rappeler au ministre Mrad et aux députés présents leur droit à un enseignement décent. «Ne méritons-nous pas une véritable école ? demande cette élève au ministre de l’Éducation. Allons-nous longtemps continuer à mendier nos droits les plus essentiels ?» Quelques instants avant l’arrivée de la délégation, les enseignants s’activaient encore à nettoyer la salle de fête, inondée… Un matériel assuré par les enseignants À Kfarsala, les murs de l’école primaire et complémentaire sont lézardés et rongés par l’humidité, malgré les travaux de réfection entrepris il y a trois ans. Le matériel est quasi inexistant. Quant aux rares jeux éducatifs, indispensables dans les classes maternelles, ils sont assurés par les enseignants. «Nous apportons tout le matériel, même les cartons et le papier crêpon, explique cette enseignante. Quant aux feuilles de papier, on nous les délivre au compte-gouttes, car les caisses de l’école sont vides», déplore-t-elle. Amchit et Jbeil sont les seules villes figurant dans la tournée du ministre, où les établissements scolaires publics méritent le nom d’écoles. Ces écoles secondaires attirent non seulement les élèves de tous les villages des environs, mais aussi ceux qui quittent le secteur privé par manque de moyens financiers. Quant aux requêtes des directeurs d’écoles, elles viennent gonfler une liste déjà bien longue : construire de nouvelles écoles dans la région, diminuer le nombre d’élèves par classe, équiper les établissements en ordinateurs mais aussi en bancs, revoir les horaires, alléger les programmes, former les enseignants… Une liste bien trop longue, mais tellement nécessaire, pour former les citoyens de demain. Car dans le caza de Jbeil, hormis l’état piteux des lieux, et le manque de cours d’informatique et de technologie, bon nombre d’élèves de l’école secondaire n’ont toujours pas le minimum nécessaire, alors que cette région est la seule du Liban où rien n’a pu affecter la cohabitation pacifique des différentes communautés religieuses. Une région dont les villages pittoresques se vident progressivement de leurs habitants à cause des lacunes du système éducatif.
Vétusté des locaux, équipements inexistants, bâtiments inadéquats, exode des élèves vers les écoles des villes, tel est le triste constat de la tournée qu’a effectuée hier le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Abdel-Rahim Mrad, en compagnie des trois députés de Jbeil, Abbas Hachem, Farès Souaïd et Nazem Khoury, dans une dizaine d’écoles...