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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-France - Un émissaire du Quai d’Orsay reçu par Lahoud et Hariri - Divergence entre Paris et Beyrouth sur la situation au Sud

La visite à Beyrouth d’Yves Aubin de la Messuzière, directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient du Quai d’Orsay, a confirmé hier une divergence de points de vue entre la France et le Liban concernant la situation au Sud. Alors que le président Jacques Chirac s’inquiète à ce sujet en estimant qu’il incombe à l’État libanais de renforcer sa présence dans la région «parce que la situation y est fragile», les responsables officiels à Beyrouth persistent à affirmer que les mille hommes de la force mixte déployés au Sud suffisent à assurer la sécurité intérieure des villages. Dans son message adressé à son homologue libanais, le général Émile Lahoud, le chef de l’État français appelle également à «la retenue» pour éviter toute détérioration de l’état de la sécurité, en vue de «renforcer la stabilité» et de «protéger les civils». L’émissaire français, qui s’est entretenu dès son arrivée à Beyrouth avec le président Lahoud, a du reste confirmé, à sa sortie de Baabda, l’appel à la retenue au Liban-Sud. Il a même déclaré que la situation au Liban était «fragile, ce qui nécessite une grande retenue de la part des protagonistes et de la vigilance». M. Aubin de la Messuzière a en outre indiqué que «le renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) est acquis», lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’Onu sur la situation au Liban-Sud le 29 janvier. En revanche, il a précisé qu’une réduction des effectifs de la Finul «au niveau où ils étaient avant le retrait israélien était une hypothèse à envisager». Selon lui, toutefois, il convient d’attendre le rapport que le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan élaborera à ce sujet. Par ailleurs, le responsable français a évoqué avec le chef de l’État les préparatifs pour le sommet de la francophonie prévu en octobre à Beyrouth. Mis à part la question du Sud, la convergence de points de vue entre les deux pays reste tout de même prédominante. De fait, dans son message au président Lahoud, M. Chirac affirme que «la paix ne se fera pas sans le Liban ni la Syrie, et le retrait israélien est une première étape positive. Mais la paix, pour être durable, doit être globale. Elle ne serait pas viable sans la restitution du Golan à la Syrie et sans une solution à la question délicate des réfugiés palestiniens au Liban», ajoute le chef de l’État français avant de souhaiter un «approfondissement de notre coopération dans tous les domaines», et de pouvoir s’entretenir avec le président Lahoud «au cours des prochains mois». M. Chirac souligne enfin dans son message l’importance du sommet de la francophonie qui, selon lui, «constituera une échéance majeure pour nos deux pays. Il convient de préparer soigneusement cet événement. La France est pleinement disposée à y apporter sa contribution», affirme-t-il. Dans sa déclaration à la presse, à l’issue de sa réunion avec le président Lahoud, effectuée en présence de l’ambassadeur de France Philippe Lecourtier, M. Aubin de la Messuzière a réitéré à peu de chose près les propos tenus par M. Chirac dans sa lettre. Affirmant qu’il n’avait pas évoqué avec le chef de l’État le sort des trois soldats israéliens capturés par le Hezbollah, il a notamment déclaré, en réponse à une question concernant la situation régionale, que les perspectives des négociations israélo-palestiniennes étaient «assez ténues». Chez Hariri Après un entretien avec le Premier ministre Rafic Hariri, à 17h, M. Aubin de la Messuzière a qualifié d’«importante» la visite que le chef du gouvernement effectuera à Paris en février. Il a ajouté que cette visite aurait «d’abord une dimension politique parce que ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu une visite de cette importance». De nombreux sujets seront abordés à cette occasion, en l’occurrence : les relations de coopération, des dossiers économiques et commerciaux, et le prochain sommet de la francophonie. Interrogé d’autre part sur la position de la France par rapport au sort des réfugiés palestiniens au Liban, M. Aubin de la Messuzière a notamment affirmé que toute solution trouvée dans ce cadre ne devrait pas être au détriment du Liban. A la question de savoir si une solution impliquait que Beyrouth accepte l’implantation de centaines de milliers de Palestiniens au Liban, il a déclaré : «Je ne sais pas. Je ne connais pas le détail». Lahoud prêt à envisager un calendrier de retour Dans ce contexte, lors de son entretien avec l’émissaire français, le président de la République aurait affirmé à son interlocuteur qu’il était disposé à envisager l’élaboration d’un calendrier pour le retour des réfugiés palestiniens. C’est ce qu’indiquent les sources proches de Baabda. Par ailleurs, dans une interview accordée à Radio-Monte-Carlo, le chef de l’État s’est dit déterminé à se rendre à Paris dans les prochains mois. Il a en outre souligné l’importance du sommet de la francophonie qui aura lieu à Beyrouth en octobre 2001. Selon lui, un tel événement «corrigera la fausse impression qu’on a du Liban et qui consiste à penser que ce pays est en guerre. Les chefs d’État constateront au contraire que le Liban jouit de la stabilité et qu’il convient d’y investir», a-t-il ajouté. Par ailleurs, lors de sa réunion avec l’émissaire du Quai d’Orsay, le président Lahoud a souhaité «un renforcement de l’engagement de l’Union européenne dans le processus de paix qui est dans l’impasse», tout en affirmant que la France pouvait jouer un «rôle fondamental» dans ce cadre.
La visite à Beyrouth d’Yves Aubin de la Messuzière, directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient du Quai d’Orsay, a confirmé hier une divergence de points de vue entre la France et le Liban concernant la situation au Sud. Alors que le président Jacques Chirac s’inquiète à ce sujet en estimant qu’il incombe à l’État libanais de renforcer sa présence dans...