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Actualités - OPINIONS

Bloc-notes - La génération Joumblatt

La malchance de Walid Joumblatt, et de combien de Libanais de sa génération, est d’être né et d’avoir grandi dans un pays d’opérette avec des yeux bien ouverts. La tragédie de la guerre, dont on avait espéré qu’elle tremperait les cœurs et l’unité nationale, s’est conclue, au bout de dix ans, et entre-temps, par le retour de la même scénographie, à quelques ficelles près. La fronde conduite par le maître du pays druze, député de la République lahoudienne, pour légitime qu’elle soit, même si sa «légalité» suscite des arguties sans consistance, n’est pas la première ni la plus violente de l’histoire du Liban. Pour rester dans le clan des Joumblatt, le combat du fondateur du PSP, en 1958, contre le régime et son président, Camille Chamoun, tenait tout d’une fronde, armée certes, mais essentiellement politique. Inutile par ailleurs de rappeler le nombre de journalistes emprisonnés trois jours ou trois mois pour avoir dit leur honte de Libanais soumis à la baguette de l’un ou de l’autre de ces maestrini payés et payants. Et puis les citoyens, ordinaires comme on dit, à la découverte du militantisme, politiquement marginal, mais intellectuellement porteur. Taisons-nous, voici la guerre qui reste, aujourd’hui encore, dans le domaine du non-dit pour avoir reçu une myriade de qualificatifs, le plus souvent ineptes. Taisons-nous, mais revenons à Walid Joumblatt. Malgré son héritage, son parti et son fief, le seigneur de Moukhtara est un homme seul. Seul avec la Syrie, dira-t-on : oui, mais c’est bien le moins que Damas pouvait apporter à celui qui, sans platitude, a constitué un appui précieux au dialogue libano-syrien. Un homme seul, un non grégaire, avec son petit parti et son grand nom, et l’image du père et celle de la mère, et un pouvoir politique à la fois hérité et refaçonné au gré de l’époque, à l’aune de sa personnalité. Seul comme sa fronde, aujourd’hui, est solitaire ou presque, qui s’attaque au chef de l’État dont la personne l’irrite sans doute plus que les actes et dont la popularité n’est pas unanime. Joumblatt ne risque pas son poste, sauf à en démissionner. Le ferait-il s’il était parlementaire d’un Liban démocratique ? Ne serait-ce que parce qu’il continue de croire, et il a raison, que nous vivons dans un pays d’opérette ? L’opérette ne se prête pas aux grands gestes, pas plus qu’à la solennité. D’ailleurs, le tempérament du seigneur de Moukhtara ne s’est jamais prêté à l’imbécile ou hypocrite solennité de beaucoup de ses pairs. Et puis ses propos sont-ils réellement si «diffamatoires» ?
La malchance de Walid Joumblatt, et de combien de Libanais de sa génération, est d’être né et d’avoir grandi dans un pays d’opérette avec des yeux bien ouverts. La tragédie de la guerre, dont on avait espéré qu’elle tremperait les cœurs et l’unité nationale, s’est conclue, au bout de dix ans, et entre-temps, par le retour de la même scénographie, à quelques...