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Actualités - REPORTAGES

PATRIMOINE - L’histoire ancienne du Liban inscrite dans les strates de - ses vieilles cités - Entre Byblos et l’Égypte, des rapports en dents de scie -

La ville de Jbeil (Byblos) est la plus ancienne ville phénicienne. Elle eut des relations commerciales très poussées avec l’Égypte et ceci depuis les premières années de civilisations qui font partie, depuis, de la légende. Cette ville était située à proximité des forêts ce qui l’a incitée à armer une flotte commerciale au moment même où s’accomplissait l’unification de l’Égypte qui eut besoin très tôt de matières premières (bois et résine) nécessaires à son commerce et à sa vie sociale. Jbeil a vu donc fleurir dans son enceinte plusieurs temples et édifices religieux dont une bonne partie fut probablement financée par les Égyptiens du IIIe millénaire qui y déposaient régulièrement des cadeaux de valeur. Parmi les pharaons qui ont contribué au financement de ces édifices on peut citer Haskhamoui de la IIe dynastie, Snefrou, Khéops, Mykerinus de la IVe dynastie. Quant à la déesse de Jbeil, elle était adorée en Égypte sous le nom de Hathor Gbl. Dans les tablettes découvertes à Mari, il est fait mention des présents échangés entre les rois de Jbeil et les rois de Mari qui consistent en des vases en or et des tissus. Mais l’invasion amoréenne au début du IIe millénaire mit fin à la brillante civilisation qui commençait à s’affermir en Phénicie. En effet, ces peuplades envahirent tout le Proche-Orient et détruisirent en les incendiant les villes de Tyr et de Byblos. Plus tard, les Amoréens, qui avaient pris pied dans cette contrée, contribuèrent à la renaissance phénicienne en y accentuant le caractère sémite de la population. Comme on peut le déduire des objets trouvés à cette époque et surtout des noms proprement sémites de certains rois de Jbeil comme Abi-Shémou et Ip-Shémou-Abi. Ces rois étaient en relation très étroite avec les pharaons Amenhemat III et Amenhemat IV. La relation entre Byblos et l’Égypte était tellement étroite que le protocole de cette ville était calqué sur celui de la cour des pharaons d’Égypte, on y employa même le cartouche pour y inscrire le nom du roi. On a retrouvé dans les tombeaux de cette époque des objets d’influence artistique égéenne qui prouvent la relation qu’il y avait entre Byblos et la civilisation minoenne. Vers le milieu du IIe millénaire, les noms des rois de Byblos devinrent des noms à consonances aryennes ce qui prouve qu’il y a eu une invasion aryenne qui domina pendant un certain temps toute la contrée. Vers la fin du IIe millénaire, la Phénicie tomba aux mains des Mésopotamiens et la ville de Byblos déclina et devint très faible politiquement, économiquement et commercialement. Vers la fin du IIIe millénaire, des transformations importantes eurent lieu dans le Proche-Orient. Les Amorées, devenus puissants, commencent à s’introduire dans les pays côtiers. Ils incendient Byblos et détruisent ses monuments et objets d’art, témoins des relations entre cette ville phénicienne et le pays des pharaons. Nous retrouvons l’écho de ces évènements en Égypte, où sont inscrits les noms de quelques villes phéniciennes, comme Tyr et Byblos, sur les tessons brisés «de façon magique», ce qui nous fait supposer que la Phénicie passe à cette époque-là pour ennemie de l’Égypte après avoir été son alliée. La révolution sociale en Égypte cause d’ailleurs la rupture des relations avec Byblos et par conséquent arrête le commerce de bois et de résine qui conserve les morts. Mais la onzième dynastie va bientôt reprendre ses relations avec les côtes phéniciennes en usant peut-être de sa force, car une inscription égyptienne en hiéroglyphe relate que «le chef égyptien entre dans ces villes et les traverse comme un loup». Les découvertes archéologiques ont prouvé que certains Amoréens se sont installés à cette époque à Byblos dans les quartiers voisins des murailles, où ils ont construit leurs maisons selon leur tradition. Certains archéologues ont voulu en conclure que les Amoréens ont gouverné Byblos jusqu’à l’époque des Hyksos, surtout que les noms des rois de la ville ressemblent aux noms amoréens ; mais cette conclusion ne peut être défendue. Correspondances entre les rois de Mari et de Byblos En tout cas nous avons certaines inscriptions et nombre de découvertes archéologiques qui projettent quelques lumières sur l’histoire du Liban entre les débuts du IIe millénaire et le XVIIe siècle avant Jésus-Christ, période contemporaine du Moyen Empire d’Égypte, ou encore de la première dynastie babylonienne, d’où sortira le célèbre Hamourabi. Il y avait à cette époque certaines communications entre les villes phéniciennes et l’intérieur. Cela est attesté par les découvertes archéologiques de mari (sur l’Euphrate), où l’on a découvert quelques «correspondances» entretenues par les rois de Mari et ceux de Byblos : le roi de Byblos envoie des coupes en or et des tissus au roi de Mari, celui-ci renvoie, au roi phénicien, des tissus travaillés en Mésopotamie. Le roi d’Ugarit (Ras-Shamra, au nord de la Phénicie) écrit à Hamourabi, roi de Babylone, pour lui dire qu’il a l’intention de construire un château royal et qu’il lui envoie son fils pour qu’il lui fasse visiter le château de son allié Zemrilin, roi de Mari. D’autres découvertes, au Liban et en Syrie, nous font connaître les relations intimes de la Phénicie surtout avec l’Égypte. Les trésors et divers objets retrouvés dans les tombes des rois et dans les temples montrent que les rois de Byblos, Abichémou et Ibchémou Abi portent des noms sémitiques et sont en relation avec les pharaons dont ils reçoivent les cadeaux. Abichémou règne en même temps que le pharaon Amenemhat III dans la 2e moitié du XIXe siècle avant Jésus-Christ, et son fils Ibchémou Abi est le contemporain d’Amenemhat IV dont le règne ne dure que très peu de temps au début du XVIIIe siècle avant Jésus-Christ. Ces trésors prouvent aussi que le roi de Byblos dispose de ressources financières importantes dues au commerce et surtout à la force maritime. Cette richesse est égale à celle retrouvée dans les tombes des princes et princesses de la famille pharaonique en Égypte. Nous remarquons encore que la cour de Byblos imite l’art de l’Égypte et les protocoles de la cour égyptienne. Le roi de Byblos se sert de l’écriture égyptienne et son nom sémitique est écrit à l’intérieur d’un médaillon réservé en Égypte uniquement au pharaon. Le roi phénicien dépasse donc les limites en usant d’un privilège pharaonique. Les Égyptiens sont évidemment au courant, puisque leurs relations avec la Phénicie sont si intimes. Tout cela prouve que les rois sémites, les Phéniciens surtout, sont politiquement indépendants, qu’ils ont de grandes richesses et que leur civilisation, au niveau de la haute bourgeoisie, ressemble à celle de l’Égypte. Les temples nous donnent une idée plus claire de la nature du pays car ils sont moins influencés par les civilisations étrangères. Ils sont d’ailleurs construits selon la tradition purement sémitique. Dans ces temples, les dons présentés par les rois sont bien influencés par l’art pharaonique ; les dons provenant du peuple peuvent être divisés en deux groupes : le premier est influencé par l’art de l’Égypte, le second est purement phénicien. Certains autres objets retrouvés dans les tombes et les temples portent l’influence de la civilisation égéenne surtout de la Crête. Relations entre les pharaons et la Békaa La nature des relations entre l’Égypte et les pays orientaux peut être déduite des inscriptions égyptiennes. L’une d’elles raconte l’histoire du prince Sinouhet qui fuit l’Égypte à la suite d’un complot raté contre son parent le pharaon au début du règne de la XIIe dynastie, c’est-à-dire entre le XXe et le XIXe siècle avant Jésus-Christ. Sinouhet évite de s’installer à Byblos, peut-être à cause de ses bonnes relations avec le pharaon et à cause du grand nombre d’Égyptiens qui y vivent. Il se dirige vers l’Est, arrive au pays des Lotnou (c’est peut-être la Békaa d’aujourd’hui où coule le Litani), s’unit aux gens du pays et devient leur gendre. Et ce n’est que longtemps après que le pharaon le gracie. Le prince revient en Égypte portant le costume oriental, ce qui lui fait valoir l’ironie du pharaon et de sa cour. Les découvertes archéologiques ont prouvé en fait les relations des pharaons avec la Békaa du temps de la XVIe dynastie. On a trouvé à Hezzin (11km à l’ouest de Baalbeck) des objets égyptiens qui portent le nom du pharaon Sebek Hotep IV. Pendant le règne de la XVIe dynastie, il y eut au Liban de grands évènements : les peuples du Nord ont joué un rôle important. Quelques Aryens sont descendus vers le Sud et les noms des rois de Byblos ont pris une forme aryenne, on peut en déduire : soit que les Aryens ont dominé Byblos, soit que les Sémites prennent des noms aryens. Ces Aryens vont accentuer leur poussée et poursuivre leur avance vers le Sud. Ils se mêlent à des Hurrites, à des Hittites et à des Sémites pour envahir avec eux l’Égypte où ils sont appelés Hyksos (ou rois pasteurs). Leur occupation de ce pays va durer de 1750 à 1580. Cette invasion ne passe pas sans laisser des traces chez nous. Dans les tombes qui reviennent à cette époque, on retrouve des armes en abondance (XVIIe et XVIe siècles). L’Égypte réagit à cette invasion et la résistance se développe avec le temps contre les Hurrites et les Aryens dont les noms sont cités dans les inscriptions égyptiennes qui datent de cette époque. Au XVIe siècle, le mouvement en Égypte reprend son cours ordinaires, et les Égyptiens, de nouveau maîtres de leur pays, vivent en prospérité et connaissent une période florissante.
La ville de Jbeil (Byblos) est la plus ancienne ville phénicienne. Elle eut des relations commerciales très poussées avec l’Égypte et ceci depuis les premières années de civilisations qui font partie, depuis, de la légende. Cette ville était située à proximité des forêts ce qui l’a incitée à armer une flotte commerciale au moment même où s’accomplissait...