Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Réfugiés - L’impasse régionale permet aux dirigeants de souffler - Une obsession lancinante : l’implantation

Tout étant relatif, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ainsi, la nouvelle de l’impasse dans l’ultime tentative de percée clintonienne sur le plan régional, si elle ne réjouit pas vraiment les dirigeants libanais, leur permet de souffler un peu. Car c’est autant de temps de gagné sur le danger de l’implantation, particulièrement mis en exergue dans les dernières propositions du chef de la Maison-Blanche. On sait en effet que le troc de compromis qu’il envisage pour relancer le processus de paix implique la renonciation par les Palestiniens au droit de retour, moyennant la récupération de la Cisjordanie. En pratique, et comme la secrétaire d’État Mme Madeleine Albright le reconnaît avec amertume, les chances de parvenir à un accord israélo-palestinien avant le 20 janvier, date de départ du président Clinton, sont microscopiques. Ce qui est facilement compréhensible, dans la mesure où les parties prenantes préfèrent traiter avec la nouvelle Administration US sans compter qu’il faut également savoir ce que les élections israéliennes vont donner. En d’autres termes, tout arrangement qui serait conclu aujourd’hui pourrait devenir rapidement caduc et rester lettre morte, car il n’engagerait pas les nouveaux dirigeants israéliens ou même américains. Un peu paradoxalement, la dernière cartouche que tire la présidence US sortante, l’envoi de M. Dennis Ross dans la région, n’a qu’une portée limitée, non décisive : calmer un peu le jeu sur le terrain, faire mettre l’intifada en veilleuse. Toujours est-il qu’à Beyrouth, l’inquiétude reste vive. Car la question de l’implantation pourrait bien s ’avérer comme une constante du volet israélo-palestinien. C’est en effet un point sur lequel Israéliens et Palestiniens pourraient facilement s’accorder, même sans contrepartie. Les premiers ne veulent pas entendre parler d’une surcharge pondérale sur leur flanc. Et les deuxièmes ne voient pas où caser, ni comment faire vivre, les centaines de milliers de revenants potentiels. Les statistiques de densité démographique parlent en effet d’elles-mêmes : au kilomètre carré, la bande Gaza et la Cisjordanie sont les zones les plus peuplées du monde. Il n’est pas étonnant dès lors d’entendre un ministre libanais relever, sans vouloir être cynique, que «chaque fois que les positions israéliennes et palestiniennes se rapprochent le péril de l’implantation se précise et les pressions s’accroissent sur nous pour nous faire accepter une telle solution. Par chance, si l’on peut dire, la concrétisation d’un tel projet s’avère difficile pour d’innombrables raisons. Notre refus catégorique entre sans doute en ligne ; mais il y a également de forts problèmes du côté des réfugiés eux-mêmes, du côté des pays hôtes ou d’accueil potentiel, comme du côté des indemnisations aux uns et aux autres. Il y a un fort contingent de réfugiés qui veulent retourner en Palestine et le droit de retour, sacré à leurs yeux, est également consacré dans leur Charte nationale comme dans les résolutions de l’Onu. Sans compter le droit, également essentiel, dit du regroupement des familles. Il y en a d’autres qui souhaitent être implantés ailleurs qu’au Liban». De son côté, une source diplomatique arabe croit savoir qu’il existe «des assurances occidentales : le Liban ne se verra pas imposer l’implantation contre son gré. Israël, ajoute cette personnalité, pourrait accepter le retour des réfugiés de 1948 et on chercherait une solution pour les autres. Le Canada et l’Australie seraient prêts à accueillir des centaines de milliers de familles qu’on y regrouperait». Selon cette source, «les Américains se sont laissé persuader, notamment par les Français, que l’implantation des Palestiniens réfugiés au Liban serait une mauvaise chose, un élément de déstabilisation permanente dans la région. On pourrait les répartir entre d’autres pays arabes. Le dossier est en tout cas en train d’être réexaminé». Les autorités de Beyrouth attendent en tout cas la mise en place de la nouvelle Administration US pour engager dans sa direction une nouvelle campagne diplomatique contre l’implantation. Les liens d’amitié tissés entre certaines figures de proue locales, comme M. Issam Farès, et les cadres de cette Administration qui compte un ministre d’origine libanaise, devraient également se révéler utiles. Le ministre de la Défense, M. Khalil Hraoui, souligne pour sa part qu’il faut faire feu de toutes pièces pour empêcher n’importe quel compromis se basant sur l’implantation.
Tout étant relatif, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ainsi, la nouvelle de l’impasse dans l’ultime tentative de percée clintonienne sur le plan régional, si elle ne réjouit pas vraiment les dirigeants libanais, leur permet de souffler un peu. Car c’est autant de temps de gagné sur le danger de l’implantation, particulièrement mis en exergue dans les...