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Actualités - CHRONOLOGIES

Communautés - Les homélies du Nouvel An ont reflété les préoccupations majeures de la population - Le Liban au cœur du dialogue des cultures

Les messes du Nouvel An ont été l’occasion, pour les chefs spirituels des communautés chrétiennes, d’exprimer certaines de leurs préoccupations majeures. En filigrane, les rapports avec l’islam, l’aliénation politique du pays et l’inquiétante poursuite du drame en terre de Palestine. Le patriarche maronite, qui a célébré la messe de Noël dans la chapelle du patriarcat, à Bkerké, a consacré son homélie à l’explication du message du pape Jean-Paul II pour la «Journée mondiale de la paix». Les travers de la société libanaise ont été passés au crible par le métropolite Élias Audeh. Sur le thème : «Dialogue entre les cultures, pour une civilisation de l’amour et de la paix», a expliqué le chef de l’Église maronite, le pape avait publié une longue lettre analysant les conditions de ce dialogue, ses limites, les obstacles auxquels il se heurte, et défini certains principes devant régir le dialogue dans des situations de diversité culturelle, des situations de minorité, avec ce que ces situations imposent comme droits et obligations aussi bien aux peuples de culture dominante qu’aux minorités accueillies. Directement inspiré dans certaines de ses parties de la situation de diversité culturelle émergente en Europe, le message papal ne s’applique pas moins à un pays comme le Liban dans la mesure où les cultures sont des éléments structurants de la personnalité des peuples. «L’accueil de sa propre culture comme élément structurant de la personnalité, en particulier dans la phase initiale de la croissance, est un donné de l’expérience universelle dont il ne faut pas sous-évaluer l’importance», soulignait en particulier le Saint-Père, car «être homme signifie nécessairement exister dans une culture déterminée». Le pape met également en garde contre les dérives de cette identité et les conflits qu’elle peut engendrer. Il rappelle aussi sobrement que les cultures, comme les hommes qui en sont les auteurs, ont des limites et enfin qu’elles se heurtent, tout comme les hommes, au «mystère de l’iniquité» comme dit saint Paul, c’est-à-dire à l’existence du mal, et au Mal personnifié, à l’œuvre dans le monde. Dans tout dialogue entre les cultures, conclut le pape, il est nécessaire de rester conscient de ces limites et de ces obstacles, afin de conduire le dialogue souhaité vers la formation d’une civilisation de l’amour et de la paix, par opposition à la «civilisation de la mort» dont nous produisons le spectacle par des comportements instinctifs et égoïstes. Culture de la paix, respect de la vie, valeur de l’éducation, importance du pardon et de la réconciliation, au-delà de ces éléments qui paraîtront, aux dires du pape, «naïfs», l’Église retrace la ligne de démarcation entre l’essentiel et le superficiel. Pour conclure, le pape s’était adressé dans son message aux jeunes, rappelant qu’à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse qui ont eu lieu à Rome, il avait pu voir «à travers la mosaïque bigarrée» des langues et des cultures, des traditions et de mentalités différentes des centaines de milliers de jeunes venus à Rome, «le miracle de l’universalité de l’Église, de sa catholicité, de son unité» , et admirer «la merveilleuse façon de vivre la diversité dans l’unité d’une même foi, d’une même espérance, d’une même charité». Après la messe, le chef de l’Église maronite a reçu au salon patriarcal les visiteurs venus présenter leurs vœux à l’occasion du Nouvel An. Audeh, « Les excellences et la bassesse… » Le nouveau patriarche grec-catholique, Mgr Grégoire III Laham, a célébré la messe du Nouvel An au siège du patriarcat, à Raboué. Grégoire III a évoqué dans son homélie le drame vécu par les populations de Jérusalem : «Jérusalem pleure et perd son sang, pendant qu’une partie du monde se réjouit, oubliant le berceau des religions révélées». Le nouveau patriarche grec-catholique a également salué les efforts déployés par la communauté internationale pour parvenir à un règlement qui conduise au rétablissement de la paix dans la région. Par ailleurs, le patriarche Grégoire III a souligné l’importance du Liban «berceau et point de départ» de la communauté grecque-catholique. Notons que le patriarche grec-catholique est attendu jeudi à Damas, siège du patriarcat grec-catholique. Mgr Laham se rendra dans la capitale syrienne dans un convoi solennel. Une seconde visite suivra, en Égypte, avant que le nouveau patriarche ne se rende à Rome, à la tête d’une importante délégation épiscopale de son Église. L’homélie de la messe du Nouvel An a donné au métropolite Élias Audeh l’occasion de fulminer contre certains travers sociaux, la mentalité qui règne dans les sphères du pouvoir, le clientélisme et l’exploitation du confessionnalisme, la vénalité de certains ministres, la cartomancie, l’ivrognerie, les jeux de hasard. Au point que certaines expressions ont paru excessives à certains des fidèles présents. L’homélie de Mgr Audeh a porté, en un de ses points fondamentaux, sur l’identité culturelle, celle des communautés qui composent le Liban. «Qui d’entre nous n’appartient pas à une communauté, à une famille, à une ville ou à un village ? Est-ce pour autant une raison d’être des ennemis ?», a notamment affirmé Mgr Audeh. Mais, pour le métropolite de Beyrouth, il est «des excellences aussi dignes d’honneur qu’un soulier». «Qui a recours aux astres pour connaître l’avenir n’est pas chrétien», a encore averti l’évêque grec-orthodoxe de Beyrouth. C’est en l’église du Rosaire que l’archevêque maronite de Beyrouth Mgr Boulos Matar a célébré la messe du Nouvel An. Mgr Matar a salué la sortie du Liban du tunnel de la «discorde confessionnelle» et le fait qu’il n’y a plus à craindre de ce côté-là pour notre société. Il a souhaité, pour l’année qui vient, l’établissement d’un climat sain entre toutes les fractions politiques, le retour des déplacés, la reconstruction du Sud et «la poursuite inlassable d’un dialogue politique capable de faire évoluer notre système et d’édifier une société solidaire et inébranlable».
Les messes du Nouvel An ont été l’occasion, pour les chefs spirituels des communautés chrétiennes, d’exprimer certaines de leurs préoccupations majeures. En filigrane, les rapports avec l’islam, l’aliénation politique du pays et l’inquiétante poursuite du drame en terre de Palestine. Le patriarche maronite, qui a célébré la messe de Noël dans la chapelle du...