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Industrie hôtelière : une anticipation optimiste
Par Z. M., le 03 juillet 1999 à 00h00
La réhabilitation du secteur touristique libanais prévoit de fastes projets nécessitant des investissements considérables. En effet, l’ensemble des efforts engagés depuis la fin de la guerre est symbolisé par un retour des slogans bien connus parmi les Libanais : «Liban, plaque touristique du Moyen-Orient», «Suisse des pays arabes», «redorer le blason du Liban», «trait d’union entre Orient et Occident », etc. Plus précisément, c’est le développement de l’offre hôtelière qui est en pleine effervescence. Cette industrie bouge sans cesse depuis quelques années, et on ne cesse d’annoncer la mise en route de nouveaux projets pour répondre aux anticipations de demandes qui se sont avérées jusque-là un peu trop optimistes. Diagnostic du parc hôtelier Avec le retour au calme en 1991, le parc hôtelier était considérablement réduit par rapport à la période d’avant-guerre, du fait notamment de la destruction des grands hôtels du front de mer à Beyrouth et des hôtels des montagnes traditionnelles d’estivage. Les statistiques du ministère du Tourisme font état de 235 hôtels opérant en 1995 alors que l’on comptait à la veille de la guerre civile, en 1974, 536 hôtels comprenant 24 000 chambres et 43 000 lits. Le taux d’occupation dans les 100 hôtels de la capitale avait atteint 61% en 1974. Actuellement, ce taux ne dépasse pas les 42%. Par ailleurs, un déséquilibre régional est à relever dans la structure du secteur hôtelier libanais. En effet, 60% des hôtels étaient localisés dans le Mont-Liban et 16% à Beyrouth. Pour le nombre de chambres, le déséquilibre était encore plus flagrant avec 27% de chambres à Beyrouth et 55% au Mont-Liban. (Tableau No 1) La distribution des hôtels par catégorie indique que ceux de haut de gamme (catégories internationale et 4 étoiles) et de gamme moyenne (3 étoiles) regroupent à parts égales 60% du total des chambres. Les hôtels bas de gamme représentent les 40% restants. Les établissements de 3 ou 4 étoiles, susceptibles de convenir à l’accueil de touristes (étrangers ou nationaux) effectuant des circuits de découverte géographique ou culturelle sont très insuffisants à Beyrouth mais surtout dans les autres centres touristiques du pays. De même, il existe un déficit en chambres de luxe destinées à une clientèle d’affaires. Mais le développement actuel de l’hôtellerie de haut de gamme, qui porte sur près de 4 500 chambres pour la seule capitale, risque, en créant un excès d’offre dans cette catégorie, d’avoir pour effet de déséquilibrer le parc hôtelier existant. Les hôteliers de la place se plaignent déjà d’une faiblesse des taux d’occupation qui justifierait en partie le niveau élevé des prix. La capacité moyenne par hôtel est de 44 chambres, répartie comme suit : 86 chambres pour les hôtels 5 étoiles, 79 pour les hôtels 3 étoiles, 47 pour les hôtels 2 étoiles et 21 pour les hôtels une étoile. Le taux d’occupation de ces hôtels diffère selon l’hôtel et selon la catégorie à laquelle il appartient. En 1998, le taux d’occupation des chambres s’élevait à 44% en moyenne dans le pays, les taux les plus élevés étant notés dans les hôtels de luxe de la capitale. (Tableau No 2) Un profil touristique Tourisme culturel, tourisme d’affaires, tourisme de luxe ou tourisme de sports d’hiver? De la réponse à ces questions dépendra l’élargissement du parc hôtelier, devant se faire à la lumière de données précises afin qu’il réponde aux besoins requis. Le tourisme d’affaires viserait les hôtels de grand luxe, chose qui est actuellement en train d’être observée dans le parc hôtelier libanais puisqu’on assiste au retour des grandes chaînes internationales d’hôtels. Par contre, le tourisme culturel ou de sport concerne plus les hôtels 2 et 3 étoiles à tarifs réduits destinés à attirer une clientèle plus jeune. Il faut également noter que le secteur touristique libanais est animé par plusieurs catégories de clientèle et ne se limite pas aux seuls visiteurs étrangers effectuant un court séjour. Ce secteur intéresse également les Libanais qui ont pris l’habitude de passer les trois mois d’été à la montagne, les émigrés libanais, les estivants arabes qui ont choisi la montagne libanaise pour y séjourner pendant les mois de grosses chaleurs et les hommes d’affaires ou groupes de congressistes étrangers. Les nouvelles capacités d’accueil semblent principalement orientées vers un tourisme de luxe, et les initiatives privées à la poursuite de la rentabilité dépassent de loin les initiatives du secteur public qui viseraient à promouvoir le tourisme au Liban, que ce soit par de la simple publicité ou par des actions concrètes sur le terrain (réhabilitation de sites archéologiques, protection de sites naturels, etc.). Un tourisme onéreux Attirer le touriste... L’idée semble intéressante. Cependant, pour ce faire, il faudrait que le secteur hôtelier puisse pratiquer des prix compétitifs, moins décourageants que ceux actuellement en place. La concurrence fait déjà du bon travail, mais les tarifs restent chers à comparer à ceux pratiqués dans les pays avoisinants. (Tableau No 3) Une appréciation qualitative du parc hôtelier permet d’affirmer une hétérogénéité dans le rapport qualité/prix des unités faisant partie d’une même catégorie (unités anciennes ou nouvelles qui font l’objet d’une rénovation). Les prix pratiqués, plus élevés que ceux des pays arabes voisins à qualité de prestation égale, sont grevés notamment par le coût élevé des charges telles que l’énergie, les télécommunications ou les frais financiers. En outre, l’État a imposé en 1997 une taxe de 5% sur les factures des hôtels, des restaurants et des lieux de loisirs. La réfection des hôtels Malgré un lent redémarrage moins impressionnant que prévu de l’activité touristique, le secteur hôtelier libanais est en plein développement. On s’attend effectivement à ce que l’évolution de l’activité hôtelière se situe autour de 10% l’an, tant que le processus de paix au Moyen-Orient est en suspens. Cette croissance serait de 40% en cas de signature de la paix. Une demande accrue de permis de construction d’hôtels et d’installations touristiques est observée depuis 1994. On remarque que 80% des licences accordées concernent la région de Beyrouth et du Mont-Liban (Metn-Nord, Kesrouan, Jbeil) tandis que 20% seulement se répartissent sur le Nord, le Sud, la Békaa, le Chouf et Aley. Les travaux de réhabilitation d’une dizaine d’hôtels de luxe détruits sur le front de mer, au centre-ville et au Mont-Liban sont déjà terminés ou en cours d’achèvement. Plusieurs nouveaux hôtels de première classe ont vu le jour. D’autres hôtels en activité ont procédé à des travaux de réhabilitation et d’aménagement et sont en mesure d’offrir actuellement des services de très haut niveau. Au total, 6 000 chambres d’hôtels ont été réhabilitées pour un coût s’élevant à 350 millions de dollars. 1 500 nouvelles chambres ont été aménagées pour un coût de 100 millions de dollars. Ces chiffres sont d’ailleurs en croissance continue, vu l’importance du nombre de grands hôtels qui sont sur le point d’ouvrir leurs portes dans le pays, notamment dans la capitale. Répartition de chambres d’hôtels au Liban 1995 Classification Beyrouth Mont- Liban- Liban- Békaa Total 1995 Liban Nord Sud Nombre En% Hôtel 5 étoiles 153 198 —- —- 80 431 4,2% ou International Hôtel 4 étoiles 1 433 1 044 103 —- 30 2 610 25,3% Hôtel 3 étoiles 943 1 760 227 —- 180 3 110 30,2% Hôtel 2 étoiles 200 2 004 488 263 79 3 034 29,4% Hôtel 1 étoile 43 684 267 —- 130 1 124 10,9% Total global 2 772 5 690 1 085 263 499 10 309 100,0% En% 26,9% 55,2% 10,5% 2,6% 4,8% 100,0% Source : ministère du Tourisme in «Lebanon Hotel Guide 1995» Répartition des touristes selon leur origine Visiteurs 1997 1998 en % Variation Nombre Nombre 98/97 Arabes 217 924 245 481 38,8% 12,6% Européens 173 383 196 969 31,2% 13,6% Américains 59 486 68 271 10,8% 14,8% Océanie 24 496 24 952 3,9% 1,9% Africains 8 727 13 237 2,1% 51,7% Asiatiques 44 103 51 608 8,2% 17,0% Autres 29 449 31 699 5,0% 7,6% Total touristes 557 568 632 217 100,0% 13,4% Clientèle hôtelière selon le pays d’origine Origine % Libanaise 15% Pays arabes 34% Europe 44% Autres 7% Tarifs officiels pour une chambre simple au Liban Classe et catégorie Minimum Maximum International 130 175 Première classe 4 étoiles Catégorie A 90 120 Catégorie B 65 90 Deuxième classe 3 étoiles Catégorie A 49 65 Catégorie B 37 49 Troisième classe 2 étoiles Catégorie A 28 37 Catégorie B 20 28 Quatrième classe 1 étoile Catégorie A 14 20 Catégorie B 9 14 N.B. Ajouter 15% à 20% sur les tarifs ci-dessus pour les chambres doubles.
La réhabilitation du secteur touristique libanais prévoit de fastes projets nécessitant des investissements considérables. En effet, l’ensemble des efforts engagés depuis la fin de la guerre est symbolisé par un retour des slogans bien connus parmi les Libanais : «Liban, plaque touristique du Moyen-Orient», «Suisse des pays arabes», «redorer le blason du Liban», «trait d’union...
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