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Actualités - ANALYSE

SAIDA - La protection du Palais de justice est maintenant renforcée Responsabilités diffuses au niveau des pouvoirs

À l’instar du chef de l’État qui rencontre le président de la Chambre une fois par semaine, le président du Conseil fait le point chaque mardi avec son second, le ministre de l’Intérieur, pilier politique du Cabinet. Les derniers échanges ont été axés sur le volet sécuritaire considéré sous l’angle des mesures préventives qu’il conviendrait de prendre si d’aventure Netanyahu lançait de nouvelles attaques avant de quitter la scène. Il a été également question de la protection des Palais de justice, après le massacre de quatre magistrats à Saïda. À ce sujet, les responsabilités se confirment comme diffuses, à cause des textes. Ainsi, il existe un décret publié en 1991, sous le numéro 1991 dont l’article 127 indique que la décision de créer des postes de garde pour la protection des bâtiments de l’Administration, des musées, des sites archéologiques et touristiques, des ambassades ou encore de faire escorter un cortège de visiteurs étrangers ou un convoi de transport de fonds publics ne revient pas au ministre de l’Intérieur, mais au directeur général des FSI saisi par le ministre dont le département est concerné. C’est ce qui a été expliqué au président Hoss. Une façon en somme de se défausser dans l’affaire de Saïda sur le ministère de la Justice qui, selon l’Intérieur, n’a pas demandé une protection renforcée pour un lieu qui aurait dû être classé comme dangereux à cause de sa proximité avec le bouillon de culture qu’est le camp de Ayn el-Héloué. Toujours est-il qu’en base de cet article 127, le ministre de la Justice a maintenant demandé cette surprotection pour tous les Palais de justice du pays. Et les responsables attirent l’attention de tout ministre qui estimerait que son domaine de juridiction pourrait être menacé sur la nécessité d’imiter M. Joseph Chaoul, en s’adressant à cette fin au directeur général des FSI, le ministre de l’Intérieur n’intervenant pas pour sa part dans ce circuit. Une précision que les loyalistes répètent à l’envi comme pour souligner que la responsabilité technique de M. Michel Murr n’est pas engagée, bien qu’en principe son autorité de ministre couvre évidemment tout acte, ou toute carence, le cas échéant, de ses subordonnés. – Cela étant, MM. Hoss et Murr sont convenus au cours de leur dernier entretien qu’outre la mobilisation sécuritaire anti-Abou Mahjane, si l’on peut dire, il faut aussi prendre des mesures de vigilance au sujet des actions que Netanyahu pourrait ordonner avant de partir pour faire flamber la baraque au Liban et le Barak en Israël. Sur le terrain, il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire : on ne peut ni cacher les centrales électriques sous terre, ni enfouir les ponts ou les poteaux téléphoniques. Par contre, la poursuite inlassable des relances diplomatiques en direction des capitales influentes peut donner des effets protecteurs. Encore que si Netanyahu décidait un feu d’artifice pour ses adieux, il serait difficile de l’arrêter car en principe il n’a plus rien à perdre. Et il semble soutenu par le ministre en charge de l’armée, l’ultra Moshé Arens, pour qui les accords d’avril ne sont qu’un chiffon de papier. L’immunité des camps sous étude Il reste que les dirigeants libanais, conscients du danger, font des pieds et des mains pour que le Hezbollah n’aille pas donner à Netanyahu un quelconque prétexte en matraquant la Galilée à coups de katiouchas. Les officiels semblent avoir obtenu des assurances à ce sujet, avec le concours de la Syrie. Pour en revenir à l’affaire de Saïda, une évidence : engourdis par l’inlassable litanie du rejet de l’implantation, répétée en chœur à l’infini, les Libanais ont encore une fois négligé de traiter sur le terrain même le problème de la présence palestinienne. Les camps continuent à jouir d’une extraterritorialité de fait qui les transforme en redoutables repaires pour le crime organisé et la subversion, pour ne pas dire du terrorisme. Cependant, au-delà de l’aspect faits divers, se posent des questions sécuritaires et politiques en rapport avec les équilibres intérieurs comme avec le volet régional. Questions qui se résument comme suit : – Les frictions qui se multiplient à l’intérieur des camps peuvent à tout moment tourner à la bataille rangée. Ne faut-il pas dès lors intervenir de suite et investir ces îlots avant qu’ils ne flambent ? L’État libanais, indépendamment de ces considérations, n’a-t-il pas trop tardé à imposer l’autorité de la loi aux réfugiés ? N’a-t-il pas le devoir absolu de protéger avant tout sa propre population d’un fléau qui entraîne des drames épouvantables, comme le prouve l’assassinat des quatre magistrats ? Au nom de quelle équation, de quel droit, des résidents hébergés au titre de la solidarité fraternelle peuvent rester assurés d’une impunité, d’une immunité d’autant plus étanches que leurs crimes sont grands ? – Va-t-on escamoter la loi, pour urgente que paraisse son application, sous prétexte qu’on ne doit rien faire avant que la question globale des réfugiés palestiniens ne soit abordée dans le cadre des négociations multilatérales, en même temps que le statut de Jérusalem et le partage des eaux ? En d’autres termes, a-t-on l’intention de ne pas toucher aux camps pour qu’ils continuent à constituer une carte dans le jeu diplomatique mené dans le cadre du jumelage syro-libanais ? Dans le même sens, pourra-t-on dissocier les retraits israéliens des territoires arabes et palestiniens de la question des réfugiés ? Ne risque-t-on pas de voir Israël réclamer, avant de procéder à ces retraits, un règlement de toutes les questions qui peuvent affecter la sécurité et la paix totale, dont celle de l’activisme palestinien qui fermente dans les camps du Liban autant qu’en Cisjordanie ? Les Arabes pourront-ils s’entendre au cours d’un sommet sur une position commune à propos des sujets du règlement final qui les concernent tous ? De son côté, la communauté internationale va-t-elle organiser une conférence pour définir les moyens à mettre en œuvre en vue d’appliquer le chapelet de résolutions antérieures concernant les réfugiés palestiniens ? Quoi qu’il en soit, les événements d’aujourd’hui comme ceux d’il y a vingt-cinq ans amènent le Liban à se demander s’il pourra vraiment empêcher l’implantation. Au fameux sommet de Fes en 1981, c’est en vain que la délégation libanaise avait protesté contre la résolution consacrée aux réfugiés palestiniens et qui prévoyait que ceux d’entre eux qui ne retourneraient pas en Palestine seraient indemnisés. Une prime évidente à l’implantation à partir de laquelle les Palestiniens ont commencé à parler du «droit de non-retour», par opposition au droit de «retour» que l’Onu leur avait reconnu dès la première vague d’exode en 1948. Et sur lequel le Liban continue d’insister, notamment par la bouche du président Lahoud.
À l’instar du chef de l’État qui rencontre le président de la Chambre une fois par semaine, le président du Conseil fait le point chaque mardi avec son second, le ministre de l’Intérieur, pilier politique du Cabinet. Les derniers échanges ont été axés sur le volet sécuritaire considéré sous l’angle des mesures préventives qu’il conviendrait de prendre si...