Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Dîme , exode , grandeur et décadence ...

Le rôle et les charges économiques des minorités dans l’empire ottoman ont été au cœur des interventions des experts universitaires, hier après-midi, du congrès “Minorités et nationalisme dans l’empire ottoman après 1615”. Parmi les sujets traités, la dîme imposée aux chrétiens dans ses spécificités, la mouvance des populations minoritaires à l’intérieur de l’empire, le déclin de la puissance économique des Juifs en Syrie au XVIIIe siècle et l’interférence des princes chéhabites dans les nominations des évêques et patriarches pour des intérêts politiques ou personnels. La dîme était imposée aux chrétiens par les Ottomans qui leur offraient en échange la protection et leur épargnaient la défense de l’empire islamique. Mais cet impôt avait ses modalités et connaissait des variations dans son montant. Dans son étude reposant sur des registres ottomans datant de l’an 1571, M. Issam Khalifé, professeur à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université libanaise, a mis en lumière des spécificités concernant la dîme en ce temps-là : non seulement les montants variaient apparemment selon la classe sociale et la richesse des chrétiens (et non selon la différence des rites), mais ils étaient, au Liban, parmi les plus élevés des pays de l’empire. L’agriculture florissante des régions du nord du Liban (en gros à partir du Kesrouan) et les nombreux conflits auxquels faisait face l’empire cette année-là ont rendu les chrétiens vulnérables à une augmentation de la dîme. M. Antoine Ghossain, professeur à la faculté des lettres à l’UL, a parlé de l’exode de populations, dû le plus souvent à des raisons économiques. Pour assurer sa sécurité, sa nourriture, son travail et des conditions propices au mariage et à la procréation, une personne peut alors se rendre dans une région où elle est en minorité. Sa réussite éventuelle attire d’autres personnes. L’arrivée d’une minorité entraîne nécessairement un conflit parce que les deux communautés en place tentent d’imposer leur identité. Pour M. Ghossain, la solution ne consiste pas dans le départ de l’une d’elles ni dans la victoire de l’une d’elles (qui ne peut durer) ni dans une guerre ouverte, mais dans un règlement à l’amiable. Il a évoqué le conflit qui a longtemps opposé les druzes détenteurs, à l’origine, du pouvoir au Mont-Liban, et les maronites, grands propriétaires terriens et supérieurs en nombre. Se basant sur quatre lettres envoyées par les émirs chéhabites, Melhem et son fils Youssef, à deux patriarches maronites, Semaan Awad et Toubia el-Khazen, M. Jean Nakhoul, professeur à la faculté des lettres de l’UL, a montré comment le pouvoir profane tentait d’exercer son influence sur le pouvoir religieux, clé de la puissance à l’époque. Dans un style plus ou moins diplomatique, le prince demandait tantôt à un patriarche de renoncer à nommer un évêque, tantôt à des évêques de s’opposer à leur patriarche. M. Nakhoul a remarqué que le prince était en général mû par des préoccupations en relation avec ses intérêts ou ceux de ses collaborateurs et qu’il agrémentait souvent son style de menaces à peine voilées. Le déclin de la puissance économique des Juifs en Syrie au XVIIe siècle a été traité par M. Simon Abdel Massih, professeur à la faculté de pédagogie de l’UL. La richesse des Juifs à la base, notamment ceux exilés d’Espagne, s’est consolidée aux XVIe et XVIIe siècles, du fait de leur contribution à la prospérité de l’empire. Ils ont occupé les plus hauts postes financiers et gouvernementaux à l’époque. Ils ont été supplantés par les chrétiens au XVIIe siècle, ces derniers ayant été largement avantagés par les puissances occidentales. M. Abdel Massih a donné l’exemple de la famille Farhi de Damas. Hayim Farhi, une personnalité de l’époque, a occupé de grands postes au début du siècle. Son histoire illustre le déclin des Juifs : il a été emprisonné durant une longue période, relâché puis finalement tué par le wali. Enfin, M. Hassan Badawi, professeur à la faculté des lettres de l’UL, a passé en revue, diapositives à l’appui, les synagogues du Liban à Saïda, Beyrouth et Deir el-Kamar. Il a évoqué la difficulté d’accéder à ces sites, qui sont dans un état déplorable.
Le rôle et les charges économiques des minorités dans l’empire ottoman ont été au cœur des interventions des experts universitaires, hier après-midi, du congrès “Minorités et nationalisme dans l’empire ottoman après 1615”. Parmi les sujets traités, la dîme imposée aux chrétiens dans ses spécificités, la mouvance des populations minoritaires à l’intérieur de...