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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONGRES - Coup d'envoi des travaux hier à l'UL Le statut des minorités dans l'empire ottoman

Minorités et nationalismes dans l’empire ottoman après 1615. Un thème ambitieux que se proposent de traiter depuis hier des historiens et chercheurs de différentes nationalités «concernées» : libanaise, turque et bulgare. Le congrès se déroule à la faculté des lettres de l’Université libanaise, à Fanar, en présence notamment de l’ambassadeur de Turquie à Beyrouth, Mazim Dumlu. Différentes interventions ont marqué les travaux de la journée, à commencer par celle du recteur de l’UL, Assaad Diab, qui a estimé que le Liban jouissait du «climat qui convient à l’étude d’une telle question». Et pour cause : selon lui, le Liban constitue une «mosaïque de minorités» ou encore «un échantillon» de la réalité anthropologique de la région. Qui plus est, «malgré les crises qui ont ponctué son histoire, le Liban est resté un refuge de liberté pour tous les opprimés», a-t-il dit. Professeur à la faculté des lettres de l’UL, Antoine Hokayem s’est penché pour sa part sur la protection française des minorités non musulmanes dans l’empire ottoman. «Le sultan a toujours refusé que les chrétiens placés sous son autorité jouissent d’une autre protection que celle garantie par l’islam», a affirmé M. Hokayem, avant de citer un certain nombre d’exemples de «monarques français qui ont vainement tenté d’intervenir en faveur de certaines collectivités chrétiennes de l’empire ottoman». Et de préciser dans ce contexte : «Le roi Louis XIV avait essayé d’introduire un nouveau concept de protection, celui du droit d’intervention qu’on pourrait actuellement assimiler au droit d’ingérence, mais il a échoué dans son entreprise». Également professeur à l’Université libanaise, Weygand Alam a abordé pour sa part L’évolution de l’idée constitutionnelle dans l’empire ottoman et la transition de l’État religieux à l’État laïc. Après un exposé exhaustif élaboré sur ce thème, le Pr Alam aboutit aux conclusions suivantes : «Bien que l’empire ottoman pratiquait une plus grande tolérance que les empires jadis chrétiens, les États occidentaux sont actuellement plus tolérants, et cela pour deux raisons : le développement de la démocratie dans les États occidentaux tandis que se maintient le système “personnel” souvent “féodal” dans les États arabes ; l’existence d’un esprit critique dans les États occidentaux absent chez les Arabes», a-t-il expliqué. Le Pr Mouïne Haddad s’est penché, quant à lui, sur l’aspect géographique de la question. Il a estimé que les habitants des montagnes, maronites, druzes ou assyriens «ont exercé une sorte d’opposition politique à travers leurs croyances religieuses». «Il ne s’agissait pas d’une opposition au sens moderne du terme, briguant le pouvoir», a-t-il déclaré avant de préciser : «Ces collectivités vivaient simplement en marge de l’État central». Enfin, le Pr. Jean Charaf s’est longuement penché sur le cas de la minorité arménienne dans l’empire ottoman. Selon lui, l’éveil des nationalismes en Europe a eu des répercussions au sein de l’empire. Arméniens et Turcs ont ainsi pris conscience de leur identité respective. «Depuis, la méfiance entre les deux parties n’a fait que croître (…). Avec les pressions extérieures, la crise a dégénéré en tragédie pour le peuple arménien», a-t-il conclu.
Minorités et nationalismes dans l’empire ottoman après 1615. Un thème ambitieux que se proposent de traiter depuis hier des historiens et chercheurs de différentes nationalités «concernées» : libanaise, turque et bulgare. Le congrès se déroule à la faculté des lettres de l’Université libanaise, à Fanar, en présence notamment de l’ambassadeur de Turquie à Beyrouth, Mazim...