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Actualités - ANALYSE

Pas de séminaires ministériels en vue

La commission parlementaire des Finances et du Budget a donc entamé l’étude du projet gouvernemental pour la loi de finances 1999. Un texte qui n’est pas assorti, comme le pouvoir l’a promis, d’une étude exhaustive sur le redressement financier et économique. Probablement parce que, comme on sait, les responsables ne sont pas parvenus à s’entendre entre eux sur une stratégie d’ensemble. Au niveau des rouages spécialisés, les membres du Cabinet sont en effet divisés grosso modo en deux camps, les libéraux et les progressistes. Les premiers, toujours pour s’exprimer grosso modo, veulent favoriser l’investissement et le capital par le biais d’exemptions fiscales et autres. Les deuxièmes tentent d’atténuer par un rééquilibrage fiscal les criantes injustices sociales qui découlent du fait que les impôts ou taxes indirects pèsent bien plus que les impôts ou taxes directs. C’est sans doute à cause de ce clivage que des ministres estiment – cinq mois à peine après leur entrée en fonctions – que l’heure des comptes a sonné, que le gouvernement doit faire le point, dresser un bilan du passif et de l’actif de son action, bref s’efforcer de corriger une trajectoire qui d’après eux est mal engagée. Ils sont naturellement encouragés sur la voie de la contestation par des députés qui sont par définition ministrables. Et ne peuvent s’empêcher de souhaiter une prochaine implosion du Cabinet. Un de ces parlementaires répète ainsi à tout ministre qu’il rencontre que «les Libanais sont déçus, inquiets, désemparés, à cause des défaillances du gouvernement». Ces propos réconfortants ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Un ministre marmonne ainsi sous couvert de l’anonymat que «les bévues enregistrées sont imputables à l’absence parmi nous d’hommes expérimentés sur le plan politique. Et aussi à l’absence d’un plan global d’orientation». Pour sa part un autre ministre qui préfère agir à la loyale, à visage découvert, M. Nagib Mikati (TP), réclame que le gouvernement procède à une analyse complète de la situation, fasse son examen de conscience et dresse un bilan objectif avant de comparaître devant la Chambre pour y répondre du budget. Le ministre des Travaux publics indique que dès les premiers jours, il avait suggéré au chef de l’État d’initier des séminaires ministériels consacrés à des sujets spécialisés pour en opérer ensuite la synthèse et en dégager un plan global de redressement, sans se fier aux inspirations ou aux improvisations des responsables de département. Cette pratique des séminaires ministériels ou de fonctionnaires était , rappelons-le, assez courante sous l’ère chéhabiste puis sarkissienne. Selon M. Mikati, le président Lahoud avait bien accueilli son idée et avait souhaité que le gouvernement l’adoptât. Mais le président Sélim Hoss, confirment ses proches, ne s’oriente pas dans ce sens. Il pense que les problèmes qui se posent sont assez bien traités actuellement et ne nécessitent pas de tels séminaires. Dans le même sens, ces sources précisent que le chef du gouvernement a rejeté une suggestion visant à ce que le Conseil des ministres se réunisse plus d’une fois par semaine. Toujours est-il qu’en réponse aux aimables souhaits de départ rapproché émanant des cercles joumblattistes et de certains ministres, les fidèles de M. Hoss répètent à l’envi que le gouvernement va rester jusqu’aux législatives de l’an 2 000 dont il supervisera d’ailleurs l’organisation et le déroulement. Les mêmes sources tiennent évidemment à affirmer ensuite que, toujours contrairement aux vœux de leurs adversaires, l’entente continue à régner parfaitement entre le chef de l’État et son Premier ministre. Ce à quoi un «ennemi de l’intérieur», c’est-à-dire un ministre, rétorque en rappelant le précédent du président Hariri «qui répondait toujours à ceux qui l’interrogeaient sur sa viabilité de chef de gouvernement : “J’y suis, j’y reste”. Et qui pensait effectivement rester jusqu’en l’an 2010 pour le moins».
La commission parlementaire des Finances et du Budget a donc entamé l’étude du projet gouvernemental pour la loi de finances 1999. Un texte qui n’est pas assorti, comme le pouvoir l’a promis, d’une étude exhaustive sur le redressement financier et économique. Probablement parce que, comme on sait, les responsables ne sont pas parvenus à s’entendre entre eux sur une...