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Actualités - ANALYSE

Le régime déterminé à aller jusqu'au bout

«Les dossiers et les affaires qui font l’objet d’une enquête continueront à être traités jusqu’à ce que toute la lumière soit faite et que les résultats obtenus soient divulgués». C’est ce que déclare le président Émile Lahoud, cité par ses visiteurs. Qui ajoutent que d’autres scandales vont être mis au jour, en temps voulu, rien ne devant être laissé dans l’ombre et l’opinion devant être éclairée sur les moindres détails. De son côté, un ministre précise que «la détermination affichée par le pouvoir politique ne doit pas prêter à confusion : c’est en toute liberté, en toute autonomie et en toute transparence que la justice suivra son cours. Le principe de l’indépendance de l’appareil judiciaire est en effet sacré à nos yeux». Sans discuter ce point, des députés opposants se posent pour leur part, comme dit l’un d’eux, «des questions sur le but véritable de cette campagne, sur ses dessous et sur les zones ténébreuses qui entourent l’impunité dont jouissent jusqu’à présent les hommes liges de personnalités appartenant au directoire législatif ou exécutif du pays». Ces députés affirment qu’en dépit des assurances officielles «certains dossiers précis sont si bien enterrés que leur exhumation paraît hautement improbable. Sans faire de calomnies ni propager de fausses rumeurs, sans juger à l’avance, nous sommes en droit de nous demander pourquoi des enquêtes ne sont pas ouvertes concernant, par exemple, des appropriations de biens publics par des particuliers. Il est possible qu’il n’y ait là rien d’illégal mais, comme pour les scandales soulevés, il faut une intervention de la justice pour tirer les choses au clair. Or rien ne bouge sur ce front qui concerne des éléments assez habiles pour avoir su raccrocher leur remorque au nouveau char de l’État, après avoir brillé sous l’ancien régime». Comme on voit, l’opposition riposte et tente de contre-attaquer, sans se laisser démonter par la nouvelle vague d’arrestations ou de révélations. Les députés contestataires, notant les déclarations d’intention du gouvernement sur l’ouverture de tous les dossiers sans exception, s’étonnent quand même que «l’on fasse passer la paille avant la poutre, en soulevant pour commencer des dossiers bien moins importants que d’autres. On nous parle ainsi, d’une façon du reste encore vague, de dilapidations de l’ordre de 3 millions de dollars dans un département déterminé, alors qu’ailleurs il y en a pour des centaines de millions de dollars». Ces parlementaires trouvent «également étrange que l’on ait brusquement découvert qu’il y aurait des choses à reprocher à tel ancien haut fonctionnaire, cloué au pilori au moment même où l’on parlait de sa réhabilitation et de sa désignation à une nouvelle direction générale. Il y aurait de la vindicte politique ou personnelle derrière cette opération que cela ne nous étonnerait pas outre mesure. D’autant qu’on a déjà blanchi cet homme, qui a servi à son poste pendant quatorze ans, pour des charges bien plus graves que la négligence dans le contrôle des frais engagés ou que le manque de diplômes de spécialiste qui lui sont reprochés». Ces députés ajoutent qu’à leur avis il y a clairement «deux poids deux mesures : nous-mêmes et certains de nos collègues avons nommément dénoncé d’autres hauts fonctionnaires, qui n’ont pas pour autant été inquiétés. Il est de plus inquiétant de constater qu’à une petite exception près, toutes les cibles visées appartiennent à une même communauté, à une même coloration politique. Lorsqu’il a été question de farfouiller du côté d’un directeur général protégé par une personnalité de poids, alliée du pouvoir, il y a eu un tel tollé que le gouvernement a rapidement fait machine arrière». En réalité le malaise commence à déborder le cadre du bras de fer entre loyalistes et opposants. Dans ce sens que des pôles religieux, pourtant favorables globalement au pouvoir et à l’assainissement des mœurs publiques, ont entamé des démarches discrètes pour demander comment il se fait que le couperet frappe une seule partie, une seule collectivité. Alors même que les leaderships d’autres fractions reconnaissent eux-mêmes de graves dérapages dans des organismes, des conseils ou des caisses autonomes, destinés presque uniquement à leurs assises. Sans que cela provoque des enquêtes.
«Les dossiers et les affaires qui font l’objet d’une enquête continueront à être traités jusqu’à ce que toute la lumière soit faite et que les résultats obtenus soient divulgués». C’est ce que déclare le président Émile Lahoud, cité par ses visiteurs. Qui ajoutent que d’autres scandales vont être mis au jour, en temps voulu, rien ne devant être laissé dans...