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Actualités - REPORTAGES

ONG - Une profession à part entière Al-Mabarrat ou l'art de la bienfaisance (photos)

Diriger une association à but non lucratif était, il y a quelques années, synonyme de dévouement et de bonne volonté. Aujourd’hui, il est presque impossible de concevoir une ONG qui ne fonctionnerait pas comme une véritable institution moderne, capable de s’adapter aux exigences scientifiques et technologiques les plus récentes. L’association de bienfaisance al-Mabarrat a vite compris les défis de cet engagement et n’a pas tardé à réformer et à adapter son mode de fonctionnement aux nécessités sociales et pédagogiques apparues sur le terrain. C’est une véritable philosophie de la réhabilitation et de la réinsertion sociale qui gouverne son action. Ainsi, il apparaît de plus en plus que le concept d’œuvre sociale ne doit pas nécessairement être corollaire de ‘charité’ et de dénuement, une entreprise où l’on opérerait au gré de la générosité des gens, très fluctuante malheureusement. Cela est d’autant plus vrai que ce sont des êtres nécessiteux, en l’occurrence des enfants, qui ont le plus besoin d’attention et de soins spécialisés, une nécessite qui implique, bien entendu, que l’ONG puisse disposer régulièrement des moyens indispensables pour la réussite de son action. L’association de bienfaisance al-Mabbarat, qui a déjà à son crédit plus de vingt et un ans d’expérience dans le domaine du travail social, a vite compris l’enjeu et mis en place la structure adéquate pour percevoir les donations et subventions diverses. Car, outre l’aide (minime) apportée par le ministère des Affaires sociales, al-Mabarrat recueille des subventions substantielles versées par la communauté musulmane dans le cadre de la ‘zakat’ ( 2,5 % des avoirs) ou de ce que les musulmans appellent le ‘khums’ (le 1/5e des revenus), un acte qui constitue l’un des cinq piliers fondamentaux de la religion. Cependant, le «don» le plus important dont bénéficie cette association est représenté par le fait d’avoir à sa tête une personnalité d'envergure, Sayyed Mohammed Hussein Fadlallah, qui lui confère un halo de spiritualité sans pareil, de par la confiance même qu’il inspire aux gens qui, désormais, ne mettent plus en doute la magnanimité de la mission remplie par cette ONG. Dons anonymes Un responsable proche du guide spirituel racontait qu’un «étranger» avait un jour fait déposer pour le compte de l’association un chèque d’un million de dollars, en guise de donation, sans divulguer son identité. «Les exemples de ce genre sont innombrables», nous explique M. Farouk Rizk, responsable des relations avec la presse. Beaucoup de donations privées en proviennent des pays arabes, contribuant ainsi au financement de cette vaste association qui se développe au rythme des contributions et grâce à l’aide d’une équipe dédiée à ce type de travail social. L’association a certes grandi. Outre plusieurs écoles subventionnées, qui reçoivent des enfants de condition modeste, des instituts techniques ainsi qu’une école d’infirmières, al-Mabarrat s’est diversifiée pour inclure un centre pour les non-entendants et les non-voyants, ainsi que plusieurs centres de prise en charge et de parrainage d’enfants dits «orphelins» (les musulmans n’ont pas de ce concept la même notion que les chrétiens) répartis sur l’ensemble du territoire national. En ce qui concerne les neuf écoles, localisées dans plusieurs régions, ce sont quelque 13 000 jeunes, en plus des enfants dits «orphelins», qui vont bénéficier d’une éducation dont «la qualité et le niveau sont indiscutables», nous explique M. Rizk. Ce dernier relève que la décision de subventionner cet établissement a été prise sous la pression de la crise économique et ce, en prenant en considération la situation propre à chaque région. «Parfois, nous faisons face à des situations dramatiques» , explique-t-il, ajoutant que certaines familles mettent parfois trois ou quatre ans avant de payer la part des frais de scolarité qui leur incombe, soit 600 000 LL par an, le reste étant bien entendu couvert par l’association elle-même. Les enfants pris en charge par al-Mabarrat (ou orphelins) fréquentent également ces écoles dont le curriculum est rigoureusement arrêté par un «comité de supervision pédagogique», secondé par un «comité d’orientation et de planification pédagogique». Une fois les études secondaires achevées, les jeunes qui le désirent sont ensuite intégrés dans des écoles techniques où ils peuvent entamer l’apprentissage d’un métier d’avenir. Une manière de poursuivre de bout en bout le processus d’insertion de l’enfant. C’est ce même esprit qui préside à l’action des centres spécialisés pour non-entendants et non-voyants, lesquels sont suivis tout au long de leur cursus. Bénéficiant d’une formation très poussée en termes d’apprentissage et de réhabilitation, les non-entendants sont suivis par des psychologues et enseignants spécialisés. Le plus difficile, note Farouk Rizk, c’est d’offrir un programme complet et adapté d’éducation spécialisée et de réhabilitation, les moyens techniques étant généralement très coûteux pour ce type d’enseignement (pour une machine de braille par exemple, il faut compter $ 700). Cependant, et par-delà le poids économique d’une telle entreprise – qui semble aujourd’hui résolu en grande partie – la ligne directrice de l’association reste celle de la globalité de l’enseignement et du suivi pédagogique. Qui dit moyens, dit technologie et techniques de communication. Ces dernières ne manquent pas à al-Mabarrat, dont les outils de communication sont constamment à la disposition du public : brochures, posters, campagnes publicitaires, promotion pour l’environnement (un thème qui fait d’ailleurs partie de la culture interne de l’association ) etc. Bref, tous les moyens sont mis en œuvre pour élever cette institution au rang des ONG les plus performantes. Car s’il est vrai que le travail caritatif est d’abord et avant tout volontaire, et qu’il s’inscrit par conséquent dans le cadre de la générosité de l’action de bienfaisance, il est tout aussi vrai qu’il ne doit pas être bâclé, ou effectué par des amateurs. Aujourd’hui, on exige de plus en plus de ces associations, rigueur, professionnalisme et suivi, d’autant plus indispensables qu’il y va de l’équilibre et de la sécurité de personnes vulnérables et fragiles, car souffrant d’un handicap physique ou social ou, tout simplement, de pauvreté, ce fléau du siècle. Une ONG c’est avant tout une profession et, en second lieu, un dévouement et non le contraire. Débutants, s’abstenir.
Diriger une association à but non lucratif était, il y a quelques années, synonyme de dévouement et de bonne volonté. Aujourd’hui, il est presque impossible de concevoir une ONG qui ne fonctionnerait pas comme une véritable institution moderne, capable de s’adapter aux exigences scientifiques et technologiques les plus récentes. L’association de bienfaisance al-Mabarrat a vite...