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Actualités - ANALYSE

Loi de finances - Le gouvernement prend son temps Le plan quinquennal baigne encore dans le flou

C’est amusant : pour justifier le retard qu’ils mettent à concocter le budget, les loyalistes se réfèrent au précédent du premier Cabinet Hariri, en 1992 ! En effet, ce gouvernement, formé après les législatives de l’été, avait largement débordé les délais légaux pour préparer la loi de finances. C’est qu’il lui fallait redresser la situation d’une livre libanaise en pleine déconfiture. Aujourd’hui la monnaie nationale se porte bien, mais tout le reste est malade. L’économie bat de l’aile, la stagnation érode le pays et les finances publiques sont dans le rouge, avec un endettement qui atteint des cîmes effroyables. Aussi le nouveau pouvoir a-t-il décidé de prendre le taureau par les cornes. Et de commencer le traitement de fond dès cette année. En présentant, à côté du budget 99, un plan quinquennal de redressement. Objectif qui n’est pas facile à finaliser. Car, sortis des sentiers battus des principes généraux, les spécialistes appelés à la rescousse ne voient pas encore par quels mécanismes concrets on peut à la fois réduire le déficit budgétaire et la dette publique. Dans un pays où l’État est pratiquement obligé d’employer des centaines de milliers de citoyens qui autrement seraient acculés par la concurrence des travailleurs étrangers (un million et demi au bas mot) au chômage, à la misère et à la faim. Toujours est-il qu’un ministre, développant le parallèle avec l’expérience Hariri, souligne qu’en 1992, «le milliardaire s’est trouvé confronté à la difficile mission de redresser la monnaie nationale et de rebâtir une infrastructure détruite par la guerre. Il a bénéficié de la confiance qu’avaient en lui des Libanais mécontents de la gestion précédente et chauffés au rouge par les élections législatives parachutées qu’ils avaient boycottées à 87 %. Aujourd’hui ce même Hariri nous laisse un legs très lourd. Une dette de 20 milliards de dollars et un déficit budgétaire qui excède les 50 %. Il nous faut prendre des décisions délicates qui risquent fort d’être impopulaires. Mais il n’y a pas moyen de faire autrement si on veut éviter une catastrophe qui n’épargnerait que les riches». Le ministre cité insiste sur ce point : «Nous sommes tous embarqués sur une même galère et nous coulerions tous en cas de naufrage. C’est ce que souligne le chef de l’État quand il invite les Libanais à mettre de côté leurs différends, à oublier qu’ils sont opposants ou loyalistes, pour lutter ensemble contre la récession». Questions et remarques Mais les députés commencent pour leur part à s’impatienter. Ils trouvent que le retard est délétère, ne fait qu’aggraver la crise. Et ils formulent les questions et les remarques suivantes : – Pourquoi le gouvernement ne se réunit-il pas en session ouverte, à raison de quatre ou cinq séances la semaine, pour accélérer la mise au point du projet de budget, afin que la Chambre puisse à son tour l’étudier et en finir avant la fin du mois en cours ? – Si l’Exécutif tardait encore, la Chambre se verrait obligée d’approuver le budget en un article unique, pour gagner un peu de temps, ce qui serait préjudiciable aux intérêts bien compris des Libanais et du pays. – Le Cabinet doit comprendre qu’un budget émaillé des surtaxations et d’impôts nouveaux ne passerait pas sans de vives empoignades place de l’Étoile. Car les députés ne peuvent quand même pas oublier qu’ils sont censés représenter le peuple. Par contre le gouvernement peut être assuré de leur compréhension et de leur appui s’il se présente avec un projet raisonnable, axé sur la compression des dépenses publiques et sur l’amélioration des recettes plutôt que sur des surcharges fiscales. – S’il est réaliste, le nouveau pouvoir ne doit pas négliger les facteurs de basse politique. Qui peuvent être à l’origine d’une attaque massive lancée contre lui par un vaste ensemble de ministrables. Car un débat aussi important que le budget, s’il est mal mené, peut aboutir à la chute du Cabinet et les ambitieux le savent.
C’est amusant : pour justifier le retard qu’ils mettent à concocter le budget, les loyalistes se réfèrent au précédent du premier Cabinet Hariri, en 1992 ! En effet, ce gouvernement, formé après les législatives de l’été, avait largement débordé les délais légaux pour préparer la loi de finances. C’est qu’il lui fallait redresser la situation d’une livre...