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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Une gestation laborieuse Discret sondage sur la formule des 13 circonscriptions

Le pouvoir, législatif et exécutif réunis, promet la nouvelle loi électorale pour début février. Mais au rythme de tortue où vont les tractations, ce rendez-vous risque de n’être pas tenu. On sait en effet qu’il y a autant de vetos catégoriques que de formules proposées. Chaque arrangement envisagé a une minorité de partisans et une foule d’adversaires. Étrange mais vrai : les prosélytes en paroles d’un consensus, dont le chef du gouvernement en personne, se refusent eux-mêmes en pratique à faire des concessions et campent sur des positions irréductibles. Ainsi M. Sélim Hoss, qui ne cesse de réitérer de pressants appels en faveur d’un accord démocratique général, affirme en même temps qu’il n’est pas question pour lui d’accepter un texte impliquant le morcellement électoral de Beyrouth, sa cité. Rejoignant de la sorte son rival sidonien, M. Rafic Hariri, qui a fait comme on sait de la capitale sa ville d’élection, le mot étant ici tout à fait à sa place. Toujours est-il que de discrets coups de sonde sont donnés pour le compte du pouvoir par des loyalistes au sujet du découpage du pays en 13 circonscriptions, ce qui équivaut à ce que l’on appelle la formule moyenne, à mi-chemin entre le mohafazat et le caza. Cette opération a été permise par le fait que M. Hoss a un peu mis de l’eau dans son vin. En effet, interrogé en Conseil des ministres sur ses intentions, il a démenti qu’il refuserait de signer le décret de transmission à la Chambre d’un projet de loi comprenant la division de Beyrouth une fois qu’il aurait été adopté par le Conseil. Donc le risque d’une crise politique majeure ou d’un départ en catastrophe du Cabinet en place semble levé. M. Hoss a cependant redit qu’il estime que Beyrouth, en tant que symbole de brassage intercommunautaire national, doit rester électoralement unifiée. Un point de vue que partage un autre de ses opposants, M. Walid Joumblatt, allié de M. Hariri, qui prend donc position contre le projet des 13 circonscriptions. Le leader du Parti socialiste progressiste s’étonne également que l’on veuille diviser le Nord en deux (une circonscription de 18 députés et une autre de 10) et non en trois, pour une meilleure représentativité de proximité. On sait en effet que plus on se rapproche de la petite circonscription, plus M. Joumblatt est content. Justifiant son intérêt pour la partie septentrionale du pays où il n’a pas d’assises politiques, le seigneur de Moukhtara a expliqué qu’il se sentait concerné par tout le Liban et non uniquement par sa région du Mont-Liban. Il a rappelé que ses propres idées le portent, si on pouvait sortir du confessionnalisme, à prôner le Liban tout entier comme une seule circonscription, ajoutant que cette formule devrait être retenue si le découpage devait constituer une menace pour l’unité nationale. Cependant du côté des loyalistes, on estime que les prises de position du leader progressiste ne sont qu’un renvoi d’ascenseur en direction de son allié M. Rafic Hariri, qui refuse la dislocation de Beyrouth. Selon ces sources, M. Joumblatt tient surtout à ce qu’on lui garde, d’une façon ou d’une autre, son fief du Chouf, assorti d’avantages à Aley. Dans ce sens, ajoutent les loyalistes, M. Joumblatt souhaiterait que le cas échéant on mette Aley, où il contrôle actuellement quatre députés, avec le Chouf plutôt qu’avec Baabda, ce qui surdimensionnerait son rival druze, l’émir Talal Arslane, qui serait alors à la tête d’un groupe parlementaire presque égal en nombre à celui de son émule et néanmoins cousin par alliance. – Pour en revenir au Nord, le président Omar Karamé se déclare réticent à l’idée qu’on rattache le caza de Denniyé à celui du Akkar, car il veut cette région sunnite pour Tripoli. – La principale difficulté du projet dit des 13 vient, comme de bien entendu, de ce qu’il diviserait encore une fois le Mont-Liban d’une manière différente que les autres mohafazats. Il serait en effet subdivisé en quatre circonscriptions, alors qu’ailleurs il n’y en aurait que deux. Cette inégalité à répétition en choque plus d’un, aussi bien parmi les loyalistes que parmi les opposants. – Bkerké pour sa part pense, comme M. Joumblatt, que le mieux serait d’adopter la petite circonscription, le caza, car cela permettrait une bonne représentation de proximité et éviterait de tomber dans le piège des parachutages comme de l’argent. Bkerké s’étonne que l’on considère la petite circonscription comme favorisant les discordes confessionnelles. Il fait valoir que si l’on devait, par exemple, joindre Jbeil au Kesrouan, l’électeur chiite de la première région serait englouti et perdrait de son poids électoral, ce qui susciterait en lui plus de rancœur que de satisfaction. D’autres personnalités rappellent que la fusion de la Békaa en 96 a dressé les chiites de Baalbeck contre les grecs-catholiques de Zahlé, chaque communauté voulant dominer le plateau, alors qu’ils vivaient en parfaite amitié quand ils étaient électoralement séparés.
Le pouvoir, législatif et exécutif réunis, promet la nouvelle loi électorale pour début février. Mais au rythme de tortue où vont les tractations, ce rendez-vous risque de n’être pas tenu. On sait en effet qu’il y a autant de vetos catégoriques que de formules proposées. Chaque arrangement envisagé a une minorité de partisans et une foule d’adversaires. Étrange mais vrai : les...