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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Le chef du Législatif veut rester en bons termes avec Hariri Les nostalgiques de la troïka se remettent à rêver

Un de ces députés à la fidélité exemplaire, toujours au service du pouvoir quel qu’en soit le titulaire, se demande sans fausse honte et avec des sueurs froides si Rafic Hariri, qu’on a un peu trop vite enterré, ne va pas revenir sur le devant de la scène. À l’occasion, par exemple, d’une nette victoire aux prochaines élections législatives. Les haririens et même un petit peu les hraouistes se prennent de leur côté à rêver à un retour en grâce, sinon au rétablissement pur et simple d’une troïka impossible en fait à reconstituer à l’ombre de l’actuel régime qui vomit un tel système. Ce regain d’espérance chez les haririens s’explique en partie par le récent rapprochement avec Baabda où l’ancien président du Conseil a pu avoir avec le président de la République une rencontre de franches explications. Et en partie parce que au bout du compte, après tant de péripéties et de rounds incertains, le match politique avec le président Sélim Hoss semble tourner à l’avantage de M. Hariri. Ce dernier, en effet, paraît avoir conservé de solides amitiés parmi les pôles d’influence du pays, tandis que son rival semble plus isolé. M. Hariri peut de la sorte compter sans faille, ou presque, sur M. Walid Joumblatt, qui se confirme comme son allié principal. Mais il peut également tabler sur la sympathie, sur l’appui actif du président Nabih Berry. Ce dernier s’arrange comme on sait pour épargner la levée de l’immunité parlementaire à M. Habib Hakim, protection qui fait sans doute plaisir à M. Hariri. M. Berry ne manque pas en outre de critiquer le gouvernement Hoss, dans ses assises privées, tout en faisant l’éloge de l’ancien Premier ministre. Des gestes d’amitié qui s’inscrivent toujours dans la perspective des élections législatives de l’an 2000. Au Sud, les deux leaders sont partenaires. Et sur un plan général, ils militent naturellement tous deux en faveur des grands blocs parlementaires, c’est-à-dire pour la formule du mohafazat non éclaté, comme base de circonscription. Les perspectives ne paraissent donc pas si mauvaises que cela pour l’actuelle opposition. Cependant, au cours d’un salon politique qui a groupé dernièrement des députés de bords différents, un vétéran a souligné en substance que «les temps ont radicalement changé. Le général Émile Lahoud n’est pas le président Élias Hraoui. L’option “partage du gâteau” est définitivement gommée. Même entre eux, les leaders devront adopter une nouvelle chorégraphie. Car il y a une différence accentuée aujourd’hui entre le statut du président Berry, qui fait toujours partie intégrante du pouvoir en place, et celui du président Hariri qui est dans l’opposition. Il ne faut pas oublier non plus que le pouvoir, comme les loyalistes nous le serinent tous les jours, considère que son ère commencera vraiment à partir de la mise en place d’une nouvelle Chambre qui serait mieux en harmonie avec ses orientations. L’ouverture, le dialogue, la main tendue actuellement par le régime à tous sont des gestes de démocratie qui signifient aussi, si l’on y regarde bien, qu’il faut se rassembler autour d’un même principe directeur. En d’autres termes, si le pouvoir actuel, respectueux de la démocratie, ne compte pas parachuter des députés à sa solde, comme cela se faisait avant, il attendra néanmoins de tous, après les élections, une attitude de coopération productive. S’il doit rester une opposition, elle devra se montrer constructive et non obstructionniste. En effet, le pouvoir a un plan et il compte bien le mener à bien durant les cinq ans qui lui restent. En d’autres termes, si jamais M. Hariri retrouve la direction du gouvernement – en politique tout est possible –, il ne pourra plus jouer au petit chef comme auparavant et il devra calquer son comportement sur celui, particulièrement coopératif, qu’a adopté son présent successeur au Sérail». Cet avis n’en rassure pas pour autant les parlementaires qui ont tourné casaque, passant du camp de M. Hariri à celui de M. Hoss lors du changement de Cabinet. L’un d’eux affirme ainsi «être bien placé pour savoir que les pôles de l’ancienne troïka gardent beaucoup d’influence dans l’Administration, où ils ont placé tant d’hommes aux leviers de commande, ce qui a provoqué d’ailleurs l’échec de la réforme entreprise dans ce domaine par le nouveau gouvernement. Les troïkistes sont par ailleurs toujours très forts sur le terrain des alliances politiques électorales et si l’on y regarde bien, aucun d’entre eux n’a rompu avec les décideurs. S’ils revenaient en force sur la scène, ils pourraient, en restant soudés entre eux, contrebalancer le cas échéant l’autorité de Baabda». Mais comme on dit, qui vivra verra et, d’ici aux élections, beaucoup d’eau coulera sous les ponts.
Un de ces députés à la fidélité exemplaire, toujours au service du pouvoir quel qu’en soit le titulaire, se demande sans fausse honte et avec des sueurs froides si Rafic Hariri, qu’on a un peu trop vite enterré, ne va pas revenir sur le devant de la scène. À l’occasion, par exemple, d’une nette victoire aux prochaines élections législatives. Les haririens et même...